Une démarche au service de l’axe Seine
En 2017-20218, une phase de concertation publique avait déjà permis de débattre sur l'accès fluvial de Port 2000. « Nous avions posé la question de savoir comment nous allions faire pour augmenter le report modal. Beaucoup de contributions nous sont parvenues », a rappelé le responsable.
Suite à cette concertation, Haropa a pris la décision de porter le projet qui consiste en une digue de 2 kilomètres de long qui permettra, à terme, de faire passer des unités fluviales du port ancien à Port 2000. Le chenal protégé aura une hauteur d'eau permettant un mouillage de 4 mètres ce qui permettra à tous les types d'unités fluviales d’accéder à Port 2000, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui à cause de la houle ou des conditions météorologiques.
« Avec ce type d'infrastructure au Havre, nous servons l'ensemble les intérêts de l'axe Seine pas uniquement les intérêts du port du Havre. C'est une démarche transversale », selon Baptiste Maurand. Ce responsable souligne que le calendrier est respecté avec la tenue d'une réunion le 31 mars 2021 de 16 h30 à 19 h dans le cadre de la concertation volontaire engagée par Haropa sous l’égide de la CNDP. Viendront ensuite : le dépôt de l'étude d’impact fin avril et une enquête publique au cours de l'automne 2021 permettant à tous d’accéder au dossier de demande d'autorisation environnementale unique. L'autorisation des travaux et le démarrage du chantier devraient intervenir au premier semestre 2022 pour une mise en service de l’accès fluvial à Port 2000 en janvier 2024.
Le coût des infrastructures est de 125 millions d’euros portés par Haropa (13,75 M€), l'Etat (3,6 M€), la région Normandie (82,75 M€) et l'Union européenne (24,9 M €).
Des études complémentaires ont été menées
Ces derniers mois, des études environnementales complémentaires à celles précédemment menées ont été réalisées pour préciser les impacts environnementaux du projet et répondre ainsi aux questionnements formulés pendant les phases de concertation.
Une campagne complémentaire de sondages géotechniques et géochimiques a notamment été menée. Cette campagne confirme les quantités de matériaux à draguer et permet d'optimiser le volume des sédiments non immergeables à extraire. Elle permet de valider la possibilité d'utiliser des matériaux du site conservés suite aux travaux de la première phase de Port 2000. Le volume de dragage pour créer le chenal est estimé aujourd'hui à 2,7 millions de m3 qui seront immergés au large d'Octeville près du Havre. Sur ce nombre, 66 000 m3 seront valorisés à terre, et non en mer, pour remblayer un terre-plein sur le port du Havre.
Une étude hydro-sédimentaire a été menée par le bureau Artelia avec une modélisation en 3D. Selon Haropa et d'après les résultats de ces travaux, la comparaison des scénaris avec ou sans l’accès fluvial conclut à des effets sur les courants et sur les fonds très faibles et extrêmement localisés.
Une étude d’impact a été menée sur les nourriceries. Selon celle-ci, la zone ou sera implantée l’accès fluvial n’apparaît pas comme une zone propice aux nourriceries de bars ou de soles en raison des vitesses de courant dans la zone. Suite à un inventaire mené sur le terrain, des mesures spécifiques à la présence de faune et de flore pouvant être affectés pendant les travaux seront également proposés dans l'étude d'impact.
D’autres leviers pour développer le fluvial
Suite à la concertation de 2017-2018, Haropa avait pris la décision de ne pas attendre la fin de la construction de l’infrastructure pour mener des actions envers les opérateurs fluviaux grâce à cinq chantiers thématiques. Ceux-ci s’intégraient dans un plan de compétitivité du transport fluvial sur la Seine élaboré avec Voies navigables de France en associant les opérateurs.
Il s'agit d'améliorer l'efficacité et le coût des chaînes logistiques passant par le terminal multimodal du Havre, de mutualiser les moyens de transport des opérateurs fluviaux, de baisser les coûts de manutention sur les terminaux maritimes pour les trafics fluviaux et, enfin, d'améliorer les conditions et les performances de navigation des bateaux fluviaux sur la Seine.
« L'objectif du projet stratégique du futur établissement portuaire qui regroupera les trois ports de l'axe Seine est d'atteindre les 20 % de report modal sur la Seine en 2025. Aujourd'hui, nous sommes à 9 % », a indiqué Baptiste Maurand.
Pour le responsable, c'est la multiplicité des solutions qu'offrent les ports de l'axe Seine qui devraient faire la différence. « Tout ne s'arrête pas à la chatière. Il faut aussi un environnement propice et en croissance. Il existe des solutions en terme de services, de coordination. Il y a le verdissement des flottes qui n'est pas neutre. En 2024, nous aurons déjà bien progressé. Il existe d'autres leviers. Un exemple, nous avons lancé un appel à manifestation d'intérêt il y a un mois à destination des opérateurs fluviaux pour venir en complément de l'aide à la pince qui est versée par l'Etat pour la création de nouveaux services ou pour l'augmentation du niveau de service. Nous n'avons pas encore les résultats de cet appel. Nous devrions les avoir début avril 2021. Souvent, lorsque le report modal n'est pas là, c'est que l'offre ne correspond pas aux besoins. Or les chargeurs sont de plus en plus demandeurs », a analysé Baptiste Maurand.