Située au débouché du canal Albert dans la zone portuaire de la Rive droite à Anvers, l’écluse Royers constitue pour le trafic fluvial la liaison la plus directe entre cet axe majeur vers l’Est et l’Escaut avec ses connexions vers l’Ouest et le Sud. Construite en 1907 pour le trafic maritime, elle était alors la plus grande écluse au monde.
L’extension du port vers le Nord et l’agrandissement d’échelle dans le transport maritime ont progressivement réduit son importance et modifié son rôle. A l’heure actuelle, outre la navigation intérieure (12 100 unités en 2019), le tourisme et la plaisance (1 770 unités), elle n’accueille plus qu’un nombre réduit de caboteurs (210 unités). L’écluse souffre de son grand âge, qui se traduit par des coûts d’entretien et de réparation croissants et des mises hors service inopinées dues à des pannes.
Transformation totale
Après plusieurs années de préparation, la rénovation de l’écluse va pouvoir démarrer. Le permis requis vient d’être délivré. La transformation sera totale. De l’ancienne écluse, il ne subsistera quasiment rien.
Le seuil de l’écluse restera inchangé à 6,4 mètres, mais la longueur du sas passera de 185,5 mètres à 233 mètres, en l’étendant vers l’aval, où un long chenal mène à l’Escaut. La largeur sera portée de 22 à 36 mètres afin de permettre à des convois de poussage de classe VIb d’accéder en toute sécurité à la nouvelle infrastructure, située dans une grande courbe de l’Escaut où des courants rendre la manoeuvre difficile. Mal implantées, les estacades qui délimitent le chenal côté fleuve, seront réaménagées.
Des ponts-bascules extra-larges permettront un meilleur écoulement du trafic routier sur cette liaison importante entre le port et la ville, es bateaux doivent actuellement céder le pas aux heures de pointe. Si aucun pont n’est disponible, les portes d’écluses pourront servir au passage de véhicules de moins de 3,5 tonnes.
Les toits des deux bâtiments techniques à hauteur des portes d’écluses pourront recevoir des panneaux solaires. L’ancienne maison d’éclusier, qui servira de poste de commande, sera chauffée par géothermie.
Les têtes d’écluse seront rehaussées à 9,25 mètres car celles en place (à +7 mètres) n’offrent pas une protection suffisante contre les crues et inondations pouvant découler du changement climatique. En outre, fait exceptionnel pour une écluse fluviale, elle sera équipée sur ses deux flancs d’une barrière anti-crue mobile de type SCFB (self closing flood barrier) de même hauteur sur les 175 mètres où le plateau de l’écluse se trouve à un niveau plus bas. Une telle barrière est activée par la pression de l’eau sans intervention extérieure.
Opérationnelle en 2026
Le chantier va commencer en mars 2021. Vu son ampleur et les interférences avec d’autres travaux, il faudra plus de cinq ans pour le mener à son terme. La nouvelle écluse devrait être opérationnelle vers la fin 2026. A sa réouverture, elle sera exclusivement réservée à la navigation intérieure. En attendant, celle-ci devra cheminer à travers la zone portuaire et emprunter le complexe d’écluses Baudoin/Van Cauwelaert pour transiter entre l’Escaut et le canal Albert.
L’investissement s’élève à plus de 200 millions d’euros, à la charge du port d’Anvers, propriétaire de l’écluse, et de la Région flamande, responsable en matière d’accessibilité des ports maritimes.
Photo : Vue d’artiste de la nouvelle écluse Royers à Anvers, de l’aval vers l’amont. © AMT/ZJA