Une très légère baisse en 2022 pour Anvers-Bruges

Article réservé aux abonnés

Anvers-Bruges affiche une très légère baisse de trafic en 2022, première année de la fusion effective depuis avril des deux ports. Le repli des conteneurs n’a pas été compensé par les autres filières. Le port unifié poursuit ses projets en matière de transitions énergétique et numérique sans oublier les infrastructures.

« 2022 a été une année difficile, les temps sont durs mais nous sommes fiers des résultats. Notre mission demeure de continuer à investir pour construire un port durable, pour favoriser le développement des entreprises, la création d’emplois », a dit Annick De Ridder, échevine du port de la ville d’Anvers, vice-bourgmestre et présidente du conseil d’administration du port d’Anvers-Bruges, première intervenante lors de la conférence des résultats organisée le 11 janvier 2023.

Pour Dirk De fauw, bourgmestre de la ville de Bruges et vice-président du port d’Anvers-Bruges, qui lui a succédé à la tribune, « 2022 a été intense, dans un contexte pas facile pour la première année de la fusion qui est un pas en avant historique et reste une avancée gagnant-gagnant ».

286,9 millions de tonnes, -0,7 %

Il est revenu à Jacques Vandermeiren, pdg du port d’Anvers-Bruges, d’annoncer le détail des résultats.

Avec un total de 286,9 millions de tonnes, 2022 présente un très léger repli de -0,7 % par rapport à 2021. Les conteneurs, filière prépondérante, plombent le grand port belge unifié, avec une baisse aussi bien en EVP (13,5 millions EVP, -5,2 %) qu’en tonnage (145,3 millions de tonnes, -8,6 %). « La perturbation mondiale du transport maritime par conteneurs et la congestion portuaire qui en résulte, avec des pics d’appels et des retards », a particulièrement frappé Anvers-Bruges, comme d’autres sur le Range nord-européen, Rotterdam ou Hambourg ont été cités à ce propos.

La bonne tenue des autres filières de marchandises en 2022, avec quelques nuances contrastées, ne parvient pas à compenser la contraction des conteneurs compte tenu de leur prépondérance dans le trafic.

Les vracs liquides apparaissent en croissance (90,6 millions de tonnes, +10 %) portés principalement par l’envolée du transbordement de GNL (+61,3%) qui est actuellement une alternative aux combustibles fossiles russes visés par les sanctions suite à la guerre en Ukraine. D’autres vracs liquides progressent également : GPL (+30 %), essence (+7 %), diesel/huile combustible (+9,9 %), naphte (+7,5 %).

Toutefois, la hausse des vracs liquides est contrastée avec un recul des produits chimiques (-1%) en 2022 comparativement à 2021. « Ils ont commencé à décliner à la mi-2022 en raison de l’augmentation des prix de l’énergie qui exerce une pression sur le secteur chimique européen ». Il faut noter que le niveau de 2021 pour ces produits avait été exceptionnel mais la chimie est très importante à Anvers qui espère voir s’inverser rapidement cette tendance négative de 2022 au cours des premiers mois de 2023.

Les vracs secs présentent une évolution positive (17,2 millions de tonnes, +13,8 %) grâce au charbon (+210 %), en raison de la forte hausse de la demande de cette matière première pour la production d’électricité, notamment par l’Allemagne. Les engrais ont, eux, perdu -18,3 %, dont les prix flambent dans la suite des sanctions contre la Russie.

Le conventionnel (12,4 millions de tonnes+1,1 %), « après des chiffres record en 2021, a bien résisté au premier semestre 2022, grâce à la croissance du transbordement d’acier, le principal groupe de marchandises de cette catégorie ». L’avance prise n’a pas été perdue alors qu’à partir du troisième trimestre, les volumes d’acier transbordés ont diminué en raison du ralentissement de l’économie.

Le trafic RoRo (21,5 millions de tonnes, +6,5 %) bénéficie du transbordement de plus de 3,26 millions de voitures neuves en 2022 (+10,5 %). Le fret non accompagné (à l’exclusion des conteneurs) a augmenté de 10 %, dont une part importante est liée au Royaume-Uni (+4,9 %) et à l’Irlande (+35 %).

Le port d’Anvers-Bruges précise que le conflit en Ukraine a entraîné une baisse de -59 % du trafic lié à la Russie et modifié les pays d’approvisionnement pour certaines marchandises (charbon, acier) suite aux sanctions, ce qui est à la fois un défi et une oppportunité.

L’activité croisières concerne Zeebrugge qui a accueilli 144 paquebots et 547 374 mouvements de passagers au lieu de 23 navires et 75854 mouvements de passagers en 2021, année où la pandémie freinait encore très fortement cette activité.

Poursuivre les projets

Les trois dirigeants d’Anvers-Bruges ont insisté sur le caractère impératif de poursuivre les investissements et les projets pour transformer le port unifié dans le contexte du défi climatique et pour atteindre la neutralité carbone en 2050 avec un premier pallier en 2030. Pour eux, la fusion des deux ports et leur complémentarité sont des atouts pour parvenir à concrétiser cet objectif.

Dans le domaine de la transition énergétique, le projet d’importation d’hydrogène « vert » avance dans le cadre d’un partenariat avec plusieurs pays (Egypte, Chili, Oman, Namibie, Brésil, Maroc). Un premier navire chargé d’hydrogène « vert » pourrait arriver en 2026. La production d’hydrogène « vert » au niveau local à Anvers (projet Warmtenet) comme à Zeebrugge (projet Hyoffwind) est aussi prévue. L’année 2023 sera marquée par HydroTug, premier remorqueur à l’hydrogène, en attendant un premier MethaTug au méthanol.

Antwerp@C, projet de captage, liquéfaction et transport de carbone par navire pour un stockage en mer du Nord a obtenu au dernier trimestre 2022 un financement de l’Union européenne de 144,6 millions d'euros dans le cadre du programme MIE. Ce financement est destiné à la construction d'installations communes de transport et d'exportation de CO2 sur la plateforme d'Anvers. Le CO2 capté sur les sites industriels sera collecté et transporté via un réseau de conduites intra-portuaires en libre accès. Un terminal de liquéfaction et d'exportation commun sera construit, comprenant une unité de liquéfaction du CO2, des stockages intermédiaires et des installations de chargement maritime pour son transport transfrontalier. Dans le cadre de ce projet, Air Liquide et Fluxys ont l'intention de créer une entreprise commune pour la construction et l'exploitation du terminal de liquéfaction et d'exportation de CO2. Le port d’Anvers-Bruges a, lui, réservé un terrain pour le terminal, « à un emplacement stratégique », et construira de nouveaux quais et infrastructures pour l'amarrage des navires transportant du CO2. La décision finale d’investissement doit intervenir en 2023.

Concernant l’économie circulaire, NexGen District (nouveau nom et transformation de l’ancien site de 88 ha de General Motors) va entrer dans une nouvelle dimension en 2023 avec les premiers travaux de construction en vue d’accueillir de premières startup sélectionnées et porteuses de projets pour donner un nouvel usage à des « produits en fin de vie » ou pour conduire des expérimentations d’énergies renouvelables.

La transition digitale se concrétise avec « un jumeau numérique de la zone portuaire avec des informations en temps réel via des capteurs, des drones et des caméras intelligentes » avec un déploiement à partir de cette année 2023 sur les deux plateformes « afin de poursuivre la construction d’un port intelligent, sûr et fluide ».

Les infrastructures portuaires restent aussi une priorité, avec les livraisons récentes de nouvelles capacités pour les véhicules dans les deux plates-formes, le lancement en octobre 2022 de la rénovation/évolution du mur de quai et du terminal à conteneurs Europa à Anvers en octobre 2022, un chantier d’une durée de neuf ans (voir article de NPI).

Filières

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15