Maintenir des activités industrielles et portuaires sur des quais situés au cœur d’une ville est toujours un défi pour une autorité portuaire, qui doit composer avec les besoins et impératifs des acteurs économiques et des riverains toujours sensibles aux différentes nuisances (bruits, odeurs, accessibilité réduite au fleuve…) et/ou peu au fait de l’importance de ces implantations.
Les quais sont à la fois des lieux de vie, de passage et de détente où se déploient de nombreuses activités industrielles, économiques et culturelles. C’est toute la problématique de l’acceptabilité des activités, de la mixité des usages, de l’insertion paysagère et urbaine des sites portuaires.
Une démarche ancienne. A Paris, en 2010, une première « charte d’amélioration des ports » a pris la suite d’une initiative nommée « sable en Seine » (et qui ne concernait que les ports à béton francilien) pour l’étendre à d’autres industriels (notamment ceux du recyclage).
En 2021, une nouvelle « charte d’amélioration des ports » a été établie et les signataires font l’objet d’un audit chaque année selon des critères permettant de déterminer les points pouvant être améliorés et les solutions à mettre en place. En 2022, par exemple, l’audit a concerné 145 sites industriels et domaines portuaires des bords de Seine et des canaux parisiens (voir encadré).
Bonnes pratiques. C’est dans ce cadre général que s’inscrit la « charte d’usage » signée le 10 octobre 2023 par la Ville de Paris, les mairies des 15° et 16° arrondissements, les riverains, les associations locales, les entreprises et industriels concernés et Haropa Port.
Cet engagement s’applique sur les ports de Javel, Grenelle, Passy, Point du Jour et Auteuil et « vise à assurer une cohabitation partagée des quais et garantir le respect de bonnes pratiques ». Une charte similaire a concerné les ports des 12° et 13° arrondissements entre les ponts de Bir Hakeim et du Garigliano (port de Bercy, la Gare et ports d’Austerlitz/La Rapée).
La charte intègre toutes les activités présentes sur les espaces portuaires concernés : industrielles, croisières, de loisirs, d’animation, de promenade. Elle constitue un document de référence « qui réunit les bonnes pratiques au service d’une mixité d’usages acceptable et durable, et d’un cadre de vie agréable ».
Un suivi des engagements. « Elle est le résultat d’une volonté commune d’améliorer l’existant, dans le respect des lois, des règlementations et des engagements contractuels, au bénéfice de tous, titulaires de conventions d’occupation domaniale des ports, collectivités locales, riverains et usagers ».
Concrètement, les différentes parties concernées se sont réunies pour des entretiens, ateliers, pour échanger sur les contraintes des activités économiques, les gênes vécues par les différents acteurs et occasionnées par certaines activités dans le but de coconstruire un « mieux-vivre ensemble ».
Les signataires s’engagent autour de thématiques variées : usages, cadre de vie, circulation, réduction des nuisances sonores, propreté…
La charte met aussi en place une « instance de dialogue » (nommée « conseil de la charte ») qui est réunie plusieurs fois par an afin de veiller au respect des engagements pris.
« Cette charte s’inscrit dans une démarche vertueuse et responsable de dialogue permanent pour faire que la mixité des usages soit pensée, organisée et vécue dans le respect de tous et pour le bien commun, en conciliant développement économique et qualité de vie », selon Antoine Berbain, directeur général délégué de Haropa Port Paris.
Pour un représentant d’une association de riverains : « En se rencontrant pour l’élaboration de la charte, les acteurs ont pu échanger et constater que leurs intérêts n’étaient pas opposés. Haropa Port Paris a reconnu le fait que les ports sont des aires d’habitations denses ; les sociétés commerciales ont montré leur volonté d’adapter au mieux, au plus juste leurs pratiques pour réduire au maximum les nuisances et pour améliorer ce qui peut l’être ; les riverains ont admis l’intérêt légitime de l’usage commercial du fleuve à Paris, ont compris les besoins des sociétés. Pour que les notions d’usage mixte, de cohabitation et de collaboration soient dans l’intérêt de tous, nous sommes prêts à jouer de la charte par des demandes raisonnées tenant compte des autres usagers du fleuve ».
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La charte d’amélioration des ports prévoit la réalisation d’un audit chaque année par un organisme indépendant pour mesurer l’engagement des industriels franciliens situés en bord de voie d’eau à protéger l’environnement (gestion de l’eau, des rejets, du bruit, de la poussière...) mais également la qualité de vie des riverains.
En Ile-de-France, 145 sites industriels et domaines portuaires des bords de Seine et des canaux parisiens ont été passés au crible en 2022. Sachant que les occupants des sites représentent 6 types d’activités : les centrales de béton prêt à l'emploi (28%), la distribution de matériaux et le transit de matériaux de construction (18%), le stockage et transit de ciment, les centrales d’enrobé et les produits valorisables (18%).
De Montereau à l’amont jusqu’à Limay en aval en passant par Paris, chaque site est évalué selon 5 critères : intégration urbaine, architecturale et paysagère, propreté et entretien, conformité règlementaire, prévention et traitement des pollutions et des nuisances, communication et concertation.
La note globale des audits menés en 2022 s’établit comme en 2021 à 81/100 pour 145 sites audités (contre 73 sites en 2009) « et confirme ainsi une démarche d’amélioration continue stable », selon Haropa Port.