Une année 2023 en progression pour le port de Sète

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Crédit photo Port de Sète
L’année 2023 apparaît positive pour le trafic maritime du port de Sète, comme l'ont été 2022 et 2021. Seules les activités « traditionnelles », produits pétroliers et bétails, sont à la peine tandis que les autres se portent bien. Le port, propriété de la région Occitanie, tire aussi profit de ses orientations de report modal vers le ferroviaire tandis que le fluvial reste handicapé par la dégradation de la navigation sur le canal du Rhône à Sète. 

Le port de Sète, propriété de la région Occitanie depuis 16 ans, finit l’année 2023 en beauté avec une progression de son trafic maritime dans la suite de celle enregistrée en 2022. Tous les chiffres sont au vert, « particulièrement pour les activités du port de commerce », non seulement pour le tonnage (5,6 millions de tonnes, +6%) mais aussi en nombre d’escales maritimes (+7%), de passagers (+20%) et de chiffres d’affaires (+20%). Le port a présenté ses résultats le 11 janvier 2024. 

« La stratégie engagée depuis de nombreuses années, avec la polyvalence de nos activités, est un atout indéniable pour faire face aux nombreuses crises rencontrées », selon Olivier Carmes, directeur général du port. L'optimisme est de mise pour l'avenir à Sète avec une prévision à 6 millons de tonnes de trafic attendus pour 2024 ou 2025. 

Ferroviaire. Cette stratégie mise notamment sur le report modal vers le fret ferroviaire qui depuis 2016 fait l’objet d’investissements (réhabilitation des voies, nouvelle plate-forme) et depuis 2021 de la liaison d’autoroute ferroviaire entre Sète et Calais. Ce sont 500 trains complets qui sont partis du port en 2023.

Fluvial. Autre mode « bas carbone », le transport fluvial n’est pas aussi à la fête que le ferroviaire à Sète, toujours freiné par les difficultés de navigation sur le canal du Rhône à la Sète. L’avenir semble toutefois s’éclaircir pour cette voie navigable, selon Carole Delga, présidente de la région Occitanie, « après la concertation menée en 2020 (sous l’égide du préfet, NDLR, voir article de NPI) pour aboutir à un projet partagé pour le canal, nous avons appris en 2023 le financement à hauteur de 25 millions d’euros par l’Etat. La région Occitanie va s’engager à la même hauteur ce qui en fait de très loin la région de l’axe Rhône-Saône-Méditerranée la plus impliquée dans le transport fluvial ».

Les résultats

Clinker. Plusieurs filières sont en progression, parmi elles, le clinker en lien avec l’activité de Cem’In’Log arrivée à Sète en juin 2019, en six mois, le trafic avait alors été de 35000 tonnes et atteint 300 000 tonnes en 2023.

« L’import de vrac par transport maritime et la livraison par voie ferroviaire à l’usine de broyage de clinker de Tonneins (Lot et Garonne), offre un trafic 100% maritime-ferroviaire (4 trains par semaine ». Le lancement de la seconde usine de broyage située à Portes-lès-Valence a permis le démarrage d’un approvisionnement de cette unité par voie fluviale. Pour approvisionner cette seconde unité et faire face au développement de son activité, Cem’In’Log a doublé la surface de son entrepôt de stockage pour atteindre dorénavant 12 000 m3 (livraison 2022) et a investi 8 millions d’euros sur le port de Sète depuis 2019.

Une seconde trémie dépoussiérante pour le vrac industriel a été livrée par le port fin 2023, pour traiter des navires de plus grande capacité (40000 tonnes contre 20000 t). L’approvisionnement d’une troisième unité de broyage de clinker est à l’étude.

Roulier. Le trafic du port de Sète profite également du trafic roulier en provenance de Turquie « qui poursuit son essor » avec 6 escales par semaine depuis avril 2023. Avec 130 000 unités (remorques conteneurs) ayant transité par le port de Sète en 2023, il affiche un doublement par rapport aux 65 000 unités enregistrées en 2020.

Cette croissance est le résultat du développement du trafic ferroviaire qui a bénéficié de la livraison fin 2021 de la nouvelle plateforme porté par le port, la région et l’opérateur VIIA (investissement total de 15 millions d’euros). Une prochaine étape pour continuer à favoriser cette activité est annoncée pour cette année 2024 avec « la mise en place de la technologie de chargement horizontal (wagon Modalhor) » qui avait été à l’origine programmée pour 2023.

Annoncée en juillet 2020 par le Premier minister Jean Castex, l’autoroute ferroviaire Sète-Calais compte actuellement 3 allers/retours par semaine mais aussi 1 aller-retour par semaine entre Sète et Paris et 1 aller-retour par semaine entre Sète et Poznań (Pologne). Elle représente 15 000 unités par an ; l’objectif étant fixé à 40 000 unités par an.

Biocarburant/biodiesel. L’activité de Saipol, importation de graines, trituration, export de tourteaux, huiles et diester (environ 1 million de tonne, +10%), se porte bien et de nouveaux projets devraient permettre de poursuivre sur une tendance positive en 2024 et 2025. « Les travaux en cours devraient permettre une progression à terme de 25 % des trafics », selon le port.

Véhicules. L’importation de véhicules neufs clôture 2023 avec 100 000 véhicules importés pour 120 escales. Les perspectives de croissance sont positives (+40 000 véhicules) « dans le cadre de la mise en exploitation de la Zifmar par un nouvel opérateur au second semestre 2024 ».

Ferries. L’activité ferry apparaît elle aussi en hausse de +30%, avec 220 000 passagers ayant transité par le port de Sète en 2023 qui a été la première année d’exploitation complète depuis la pandémie pour les lignes régulières vers Tanger et Nador à travers les compagnies GNV et Balearia. La période de l’été 2023 a aussi vu la mise en place de nouvelles liaisons vers l’Algérie avec Corsica Linea et Algérie Ferries à destination des ports de Skikda, Bejaia et Oran. Corsica Linea a confirmé son retour de juin à septembre 2024 pour les liaisons sur l’Algérie avec un objectif de 35 000 passagers contre 15 000 en 2023.

Eolien. 2023 est marquée par « la reprise de l’import d’éoliennes avec des colis exceptionnels pouvant peser jusqu’à 100 tonnes et nécessitant des outillages adaptés dont dispose le port de Sète ». 403 colis ont été manutentionnés en provenance d’Allemagne, du Portugal, de Turquie, d’Italie et d’Espagne pour la société Enercon, et essentiellement du Portugal pour Vestas.

Le port précise aussi « qu’une première opération de manutention de chaines et de corps morts a été réalisée par Maersk pour l’éolien offshore ». Le port de Sète entend bien être « une base arrière logistique des sites de Fos et de Port-la-Nouvelle dans le cadre de la Zifmar II ».

Fruits et légumes. Cette filière apparaît porteuse de nouveaux trafics à partir de 2024 dans la suite d’un premier navire de litchis (8000 t) arrivé de Madagascar au port de Sète le 11 décembre 2023. C’est la concrétisation de « la relance du terminal frigorifique avec l’opérateur Primever qui s’occupe désormais de la gestion du terminal du port de Sète » suite à la signature d’un accord au début du mois d’octobre 2023.

Avec son implantation à Sète, Primever vise les marchés export vers des pays du bassin méditerranéen. En choisissant Sète, la société mise sur « une restructuration logistique impliquant le transfert des flux de marchandises à destination du sud de l’Europe depuis les ports de Rotterdam et d’Anvers. Désormais, ce processus est dirigé vers un port méditerranéen, qui bénéficie de connexions ferroviaires s’étendant jusqu’en Europe du Nord ».

Produits pétroliers et bétail. Deux filières « traditionnelles » du port de Sète affichent, elles, des baisses. Il s’agit d’abord des importations de produits pétroliers (-25%). « Si une décroissance de 10% semblait normale dans le contexte général de la décarbonation des activités portuaires, le repli est davantage lié aux lourds travaux de maintenance réalisés par BP sur son site, limitant ainsi depuis 3 ans ses capacités de stockage ». Le port avance « un retour à la normale possible à partir de l’été 2025 ».

L’activité « bétail » ne se porte pas mieux avec un recul de 40% au dernier trimestre, « en lien avec l’arrêt total des exportations pour des raisons sanitaires (fièvre hémorragique) ».

Les réalisations et les projets

Electricité à quai. La fin 2023 à Sète a été marquée par la livraison le 6 décembre de quatre points de connexion pour le branchement électrique des navires sur trois quais (H, G et M.le Masselin) et la sécurisation du réseau haute tension L’infrastructure propose une connexion possible en 6,6KV ou 11KV et en 50hz ou en 60hz alimentés grâce à trois potences télescopiques de 10 m à 12 m de haut et d’une potence sur chariot mobile.

Les bornes permettent aux navires rouliers, car carriers et ferries escalant à ces trois quais d’être alimentés avec l’électricité distribuée par le réseau national et non plus en utilisant leurs groupes électrogènes. Cela signifie une amélioration de la qualité de l’air et une réduction du bruit des navires à quais, le port de commerce Sète étant situé à proximité de la ville et de ses habitants.

Il a fallu deux an et demi pour faire aboutir ce projet. Après des études réalisées en 2022 et des travaux démarrés en février 2023, c’est un aboutissement en matière de transition énergétique des activités et représente un investissement d’un montant de 7,9 millions d’euros pour lequel le port a obtenu une subvention Feder à hauteur de 5,7 millions d’euros.

C’est une deuxième étape du branchement électrique des navires à quai à Sète, les premiers ayant bénéficié de borne dès 2019 étant ceux des bassins de la plaisance et de la grande plaisance, situés au plus près du centre-ville.

Ombrières photovoltaïques. Dans le cadre de sa stratégie bas carbone (ou « axe Smart & Green Port du projet stratégique de Sète), avec plus de 46 000 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur les toits des bâtiments et hangars du port, Sète produit déjà de l’énergie solaire. La volonté est d’aller plus loin en installant jusqu’à 10 ha d'ombrières photovoltaïques dans le port. Il s’agit de réduire sa dépendance vis-à-vis des « sources conventionnelles » au profit d’énergies « renouvelables » mais aussi faire face à l’augmentation des puissances nécessaires pour le branchement électrique à quai.

Les études pour la mise en place de 1,6 ha d’ombrières photovoltaïques pour, à terme, permettre une « autoconsommation électrique » ont été lancées. L’investissement est évalué à 2,1 millions d’euros entre 2024 et 2025. Pour Olivier Carmes : « 2023 restera l’année de la crise énergétique, dont les tarifs ont pénalisé notre rentabilité, rendant plus que jamais nécessaire notre recherche d’autonomie énergétique dans le cadre de notre production d’énergie photovoltaïque ».

L’étape d’après est déjà en expérimentation à travers le projet Solarin’Blue pour une production d’énergie solaire offshore.

Zifmar. Comme tous les ports, Sète cherche également à aménager de nouveaux espaces pour accueillir davantage d’activités économiques. C’est ce que désigne le sigle ZIFMAR (pour zone industrielle fluvio-maritime) n°1. Zifmar n°1 a été créée entre 2018 et 2020 avec la réalisation d’une digue d’enclôture par la région Occitanie pour permettre l’aménagement d’un terre-plein de 17,6 ha. Parmi les activités possibles sur Zifmar : le stockage de véhicules neufs (avec possibilité de branchement pour recharger les batteries avec une électricité produite par les panneaux photovoltaïques).

« Après l’achèvement des études règlementaires, le port a réalisé les études d’aménagement au premier semestre 2023. Les premiers travaux pour l’aménagement de 7ha devraient aboutir à une livraison au cours de la première moitié de 2024 pour un montant de 3 millions d’euros », a indiqué le port lors de la présentation des résultats le 11 janvier 2024.

Le projet d’une Zifmar n° 2 est déjà envisagé, notamment pour les activités en lien avec l’éolien (stockage de pales). 

Lire aussi : 

Les résultats de 2021

Les résultats de 2020

Les résultats de 2019

A Sète, la décarbonation se veut concrète

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