Les divers chocs mondiaux qui se sont multipliés ces derniers temps, congestion du transport maritime de conteneurs ayant engendré le dérèglement des chaînes logistiques, crise énergétique et inflation croissante des combustibles solides et liquides, conflit en Ukraine, soit des raisons conjoncturelles, expliquent la diminution des trafics au port autonome de Liège, selon la direction qui a diffusé les résultats pour l’année 2022 le 9 février 2023.
Avec 19,02 millions de tonnes à la fin décembre 2022, le trafic global (eau-rail-route) diminue de -2 % par rapport à 2021. Sur ce total, le trafic voie d’eau est prépondérant au port autonome de Liège (PAL) avec 14,55 millions de tonnes, affichant un repli de -3 %. La route, avec 4,18 millions de tonnes, progresse de +8 % notamment suite à « une forte augmentation enregistrée sur le terminal DPW Liege Container Terminals à Liège Trilogiport ».
Le rail (291 186 tonnes, -54 %) souffre particulièrement du fait que « Segal et Renory SA sont toutes deux victimes du déclin de la sidérurgie à froid avec des pertes respectives de 120 000 et 140 000 tonnes ».
Une situation contrastée selon les marchandises
Concernant le détail des catégories de marchandises par la voie d’eau, la situation apparaît contrastée :
- Les produits minéraux non métalliques, filière la plus importante, s’effritent très légèrement avec 5,11 millions de tonnes, -0,5 %.
- Les coke et produits pétroliers, 2,78 millions de tonnes, -7 %.
- Les matières premières secondaires et déchets atteignent 2,34 millions de tonnes, en hausse de +8 %. Selon le port, cette progression s’explique par la nouvelle implantation d’Envisan au port de Lixhe (traitement de boues et sédiments) et une activité soutenue de CBR (intégration de laitiers au processus de fabrication cimentier).
- Les charbons (houille et lignite), 1, 2 millions de tonnes, -14 %.
- Les métaux, 1,16 millions de tonnes, -5 %.
Pour les autres filières présentant des tonnages moins significatifs, les baisses concernent les produits chimiques (329 846 tonnes, -9 %), les produits de l’agriculture (505 702 tonnes, -3 %) tandis que les hausses sont au rendez-vous pour le bois et les produits du bois (62 586 tonnes, +140 %) et les autres marchandises (92 924 tonnes, +35 %).
Les conteneurs à la peine
Les conteneurs se contractent pour la deuxième année consécutive (voir l’article sur les résultats de 2021) après plusieurs années de croissance avec le seuil des 100 000 EVP qui avait été franchi pour la première fois en 2020.
En 2022, la baisse concerne aussi bien le tonnage que le nombre d’EVP : 913 983 tonnes (-10 %) et 89 520 EVP (-21 %). « Les terminaux liégeois et leurs navettes fluviales de conteneurs vers les ports maritimes ont subi les conséquences de l’engorgement mondial. Les plannings des grands armateurs mondiaux ont été complètement bouleversés et les conteneurs se sont accumulés dans les ports, réduisant fortement leur capacité de manutention », commente la direction du port.
Liège compte également une activité touristique : 718 unités ont fait escale au port des yachts en 2022 et 3 056 nuitées ont été enregistrées. Environ 642 bateaux (ce qui représente 89 % du total de l’année) se sont amarrés durant la saison touristique. Le trio de tête des touristes est composé des Néerlandais (331 unités, soit 52 %), des Allemands (120 unités, soit 19 %) et des Belges (102 unités, soit 16 %).
Du côté des investissements
Dans le cadre du plan quinquennal d’investissements pour la période 2020-2024, des travaux ont été réalisés en 2022 avec la construction d’un nouveau mur de quai à Hermalle-sous-Huy et le début du chantier d‘extension du terminal à conteneurs de Liège Trilogiport (un peu plus de 7 millions d’euros). La superficie de 3,6 ha de ce dernier site va doubler et l’extension devrait être livrée au printemps 2023.
En 2023 deux études entamées en 2022 vont se poursuivre pour :
- La construction d’une nouvelle installation d’accostage au niveau de la zone amont du port d’Hermalle‑sous‑Huy (1,3 millions d’euros).
- Le réaménagement en zone bimodale (rail-route) du site de l’ancienne gare de triage de Monsin (2,4 millions d’euros). L’objectif est de « renforcer les trafics ferroviaires. Un report modal, vers le rail, étant très important pour la croissance durable d’un port ».
Plus globalement, pour le rail, la direction du port insiste sur « les synergies développées avec Infrabel, les parties prenantes ainsi que les concessionnaires portuaires pour une revalorisation du transport ferroviaire de marchandises à Liège, conforme à la stratégie des grands ports maritimes ».
Pour une vision à long terme, la direction du port autonome de Liège a réitéré « sa volonté de participer à un projet qui permettra de valoriser le site de Chertal en y développant une zone d’activité économique multimodale en lien avec la voie d’eau et avec le terminal à conteneurs de Liège Trilogiport. Un site comme Chertal, grâce à ses caractéristiques et atouts, doit être affecté en partie au moins à des activités en relation avec la voie d’eau et le rail, ceci afin de répondre à la politique de mobilité et de réduction des émissions de CO² mise en place par l’Europe et la Wallonie ».