« La Bourgogne est connue pour son vin, pas forcément pour ses plates-formes multimodales », a introduit Pascal Gautheron, président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) métropole Bourgogne, intervenant lors d'une table ronde de la rencontre annuelle « fret ferroviaire du futur et OFP » le 28 novembre 2023.
Ambition d'une seule structure. Cette CCI métropole Bourgogne, issue de la fusion entre les CCI de Côte d’Or et de Saône-et-Loire en novembre 2021, gère « depuis une centaine d’années le port de Mâcon, depuis les années 1940 celui de Chalon, depuis une dizaine d’années celui de Pagny. Pour l'avenir, notre stratégie est « un port, trois quais » pour regrouper ces trois sites dans une seule structure publique/privée à l’aune de 2026 », a poursuivi ce responsable.
Des échéances. C’est cette année-là qu’arrive à échéance le contrat de concession pour le port de Chalon tandis que celui pour Mâcon va s’achever en 2033. Dans le cas de ces deux ports publics, c’est Voies navigables de France (VNF) qui est le concédant.
Concernant Pagny, géré par le syndicat mixte du Technoport de Pagny (SMTP), une nouvelle délégation de service public (DSP) a été signée entre celui-ci et BFC Multimodal (BFCM) pour une durée de 12 ans le 3 octobre 2023. Initialement arrivée à échéance à la fin 2018, la DSP de la plate-forme portuaire multimodale de Pagny a été reportée plusieurs fois et était parvenue à son terme fin mai 2023.
BFCM est une entreprise détenue par la chambre de commerce et d’industrie métropole de Bourgogne et est ainsi renouvelée car elle avait déjà remporté le précédent appel d’offres. Une filiale dédiée nommée « Pagny multimodal » a été créée.
Confier la majorité au secteur privé. « Nous avons déjà créé pour Pagny une structure de type société anonyme avec des opérateurs, des chargeurs, des clients pour faire en sorte que la CCI qui détenait les missions de gestion de ces plates-formes multimodales confie ce rôle majoritaire au secteur privé et devienne un tiers de confiance », a expliqué Pascal Gautheron.
La CCI s’affiche ainsi déjà clairement comme candidate à sa propre succession pour les deux ports publics en renforçant l’association avec Pagny et ayant déjà élaboré une gouvernance qui donne une place à des acteurs privés. Un modèle sensiblement similaire à ce qui est déjà réalité dans d’autres ports publics concédés récemment en France, par exemple dans le Grand Est.
Pour des chaines logistiques « décarbonées ». La stratégie de la CCI métropole Bourgogne comporte aussi une dimension « décarbonation » des chaines logistiques d’ici 2030 en s’appuyant sur les transports « bas carbone » que sont le fluvial et le ferroviaire.
Pour ce dernier, la CCI a investi sur ses fonds propres 700000 euros pour améliorer l’infrastructure et devenir un opérateur ferroviaire de proximité en 2022. « Cela permet de relier les trois plates-formes pour massifier les flux avec notre propre personnel, nos locomotives et aussi d’aller chercher des conteneurs dans un rayon de 120 à 150 km autour des sites ».
L'exemple d'un chargeur. Michelin, qui dispose d'une usine de fabrication de pneus à Montceau-les-Mines/Blanzy, fait partie des chargeurs qui ont été convaincus par l'offre ferroviaire à Mâcon pour le transport de gomme/caoutchouc. Selon Pascal Gautheron : « La différence avec les autres solutions proposées à Michelin s'est faite en notre faveur par la proximité de notre plate-forme et la décarbonation, qui était une priorité pour ce client, et que permet le ferroviaire ».
Pour aller plus loin et mettre en place la stratégie affichée, avancer sur le sujet de la fin des deux concessions et les possibilités de remise en concurrence constitue une priorité. Parmi les points à aborder serait-il judicieux de faire correspondre les deux échéances pour les deux sites pour permettre de lancer la procédure de renouvellement en même temps ?
