Si le port de La Rochelle affiche un résultat 2018 en progression de 12,5 % par rapport à 2017, atteignant 9,64 Mt, il le doit en grande partie aux bonnes exportations de céréales. Représentant 41 % des tonnages du port, les céréales avaient baissé en 2016 et 2017, suite à la mauvaise récolte 2016. Avec une croissance de 23 % en 2018, ce qui porte leur tonnage à 3,9 Mt, elles remettent La Rochelle sur la bonne voie. Le port n’égale pas, cependant, son trafic record de 9,8 Mt réalisé en 2015, année où les céréales comptaient pour 45 % du trafic global.
Les autres filières se portent bien également en 2018. Les produits pétroliers, qui représentent 30 % du tonnage de La Rochelle, atteignent 2,9 Mt, soit 11 % de plus qu’en 2017, année marquée par des volumes faibles en la matière. Les produits forestiers et papetiers totalisent 867 kt, grâce à des volumes en augmentation pour les importations de sciages (+12), de placages (+13%) et surtout de pâte à papier (+15%), secteur pour lequel La Rochelle s’affirme comme le deuxième port européen en importation. Les matériaux de construction (1,08 Mt) progressent de 14 % grâce à la bonne tendance dans le secteur du BTP, et à une production en essor de 20 % pour le centre de broyage cimentier. Les trafics d’engrais (642 kt) atteignent un niveau record, après une expansion forte et continue depuis plusieurs années. Le tonnage des marchandises diverses (99 kt) gagne 17 % avec davantage de produits métallurgiques, de colis lourds, d’éoliennes et aussi de conteneurs, dont le nombre se limite cependant à 6 577 EVP. Seule ombre au tableau de ces résultats de trafic : les produits d’alimentation animale (139 kt), dont les importations reculent de 63 %. Cette mauvaise performance s’explique par un « décalage dans le temps des importations », selon le président de l’Union maritime, Francis Grimaud, qui s’attend à de forts développements dans ce domaine en 2019.
Le ferroviaire à 14 % de part modale
Le fret ferroviaire portuaire, avec 1,38 Mt, progresse de 14 % et atteint une part modale de 14 %. Ce succès du fer intervient après deux années de repli pour ce mode à La Rochelle, où il n’égale pas le tonnage record de 1,7 Mt établi en 2015. L’explication est simple : la bonne santé de ce mode pour les pré-acheminements vers le port de La Rochelle est avant tout liée aux exportations de céréales, filière qui contribue pour 87 % au remplissage des trains. Le mode ferroviaire aurait pu faire encore mieux sans les grèves du printemps 2018, regrette le directeur général du port, Michel Puyrazat : « La grève n’est pas intervenue à un moment favorable, car les exportations se sont faites à la fin du premier semestre 2018. Les prix étaient bas et les exportateurs, attendant qu’ils remontent, ont différé leurs envois vers la fin de la campagne d’exportation ». Les importations de pâte à papier sont aussi à l’origine d’un important trafic ferroviaire pour le port de La Rochelle.
Investissements en baisse… en attendant Port Horizon 2025
Après plusieurs années marquées par des investissements importants, la tendance est à la modération, avec seulement 6 M€ décaissés par le port en 2018 : fin de l’aménagement du Port de service, réalisation du centre de valorisation des sédiments à La Repentie et poursuite de la modernisation des voies ferrées portuaires. Les investissements privés ont, en revanche, été importants en 2018, atteignant 53 M€, avec la mise en service du nouveau silo Socomac (groupe Soufflet) à Chef-de-Baie, un nouveau portique de chargement céréalier de Bolloré, le remplacement d’un grainoduc et une nouvelle tour de manutention pour Sica Atlantique, sans oublier la construction d’un nouveau bâtiment de 10 000 m² pour les importations d’aliments du bétail pour EVA à l’anse Saint-Marc.
A La Rochelle comme dans les autres grands ports maritimes, 2019 devrait voir le renouvellement des instances dirigeantes, l’élaboration du projet stratégique pour la période 2019 à 2024, la poursuite de la démarche d’écologie industrielle rassemblant les entreprises portuaires au sein de l’association MER. Ce sera aussi l’année de lancement de l’enquête publique au sujet de « Port Horizon 2025 », projet qui prévoit de faire face à la pénurie de foncier disponible en développant le port sur trois sites : Chef-de-Baie, La Repentie et l’anse Saint-Marc. L’actualité est aussi à l’évolution de la gouvernance, la régionalisation des ports de Nouvelle Aquitaine étant à l’étude dans la suite du Cimer 2018. « On sent plutôt un consensus pour conserver la présence de l’État », indique Michel Puyrazat. « Nous sommes prêts à chasser en meute avec tous les ports de la façade atlantique, mais nous souhaitons conserver une direction locale et des financements nationaux », précise le président du conseil de surveillance du port, Thierry Hautier. Dans une concurrence régionale avec Bordeaux, la place portuaire rochelaise pourrait craindre que les décisions la concernant soient prises dans la capitale régionale.