Comme chaque année, le port autonome de Strasbourg (PAS) a rassemblé l’ensemble de son personnel ainsi que ses partenaires économiques ou institutionnels pour une cérémonie des vœux qui, en ce début 2019, a été marquée par la pose symbolique des premières pierres de son nouveau futur siège, situé rue Port au Rhin. « Le port va se situer dans la ville mais aussi au plus près de ses activités dans son environnement naturel », a souligné Robert Herrmann, président de l’Eurométropole de Strasbourg, qui a rappelé combien le PAS constitue un outil stratégique pour le développement économique du territoire. C’est une plate-forme logistique, la première zone industrielle du Grand-Est, le deuxième port intérieur français, comptant 10000 emplois et 300 entreprises. Il a précisé que le contrat de développement entre la ville, l’Eurométropole et le port allait faire l’objet d’une actualisation pour discuter des enjeux futurs.
Catherine Trautmann, présidente du PAS, lui a succédé à la tribune en ce 15 janvier 2019 qui se trouve aussi être le jour de son anniversaire, raison pour laquelle à la fin de la cérémonie des vœux, elle a reçu un bouquet de fleurs après avoir remis les médailles du travail à plusieurs salariés avec Jean-Louis Jérôme, directeur général, et plusieurs représentants des entreprises du port.
Parmi les faits marquants de l’année 2018, le très long épisode de basses eaux sur le Rhin arrive bien évidemment en tête de liste avec des conséquences inévitables sur les résultats. Le trafic fluvial s’établit à 5,9Mt, en repli de -26% par rapport à 2017. C’est le plus faible tonnage enregistré à Strasbourg depuis 50 ans. Avec 360309 EVP tous modes confondus, le trafic conteneur de Rhine Europe Terminals décline de -14,4%. Les conteneurs traités par la voie fluviale ont atteint 65978 EVP (-38,1%). Une partie s’est reportée vers le ferroviaire. En 2018, 1,3Mt ont transité sur le réseau ferré du port dont la moitié en vrac et l’autre en conteneurs soit 67740 EVP et une hausse de +18,9% malgré les grèves au printemps 2018. Celle-ci est la première année où les basses eaux ont occasionné davantage de manutention ferroviaire que fluviale à Strasbourg. Avec plus de 222000 passagers, l’activité croisière se porte bien (+15%). Batorama connaît aussi un résultat positif avec 776500 passagers (+0,6%), malgré un attentat en décembre 2018.
Des projets ferroviaires en 2019
Il s’agit maintenant de trouver des solutions au cas où des épisodes de basses eaux aussi longues venaient à se reproduire, ce qui est possible dans le contexte du changement climatique. « J’espère que nous allons pouvoir analyser la situation sur les plans économique et climatique avec la CCNR, l’Etat, les entreprises, a indiqué Catherine Trautmann. Il faudra sans doute combiner plusieurs solutions : obtenir des données plus fines pour de meilleures prévisions, modifier les bateaux, aménager des infrastructures. Le Rhin doit rester un poumon économique européen ». Elle a précisé qu’en Allemagne, le PIB aurait reculé de 0,5 point à cause des basses eaux.
Des travaux ont été réalisé en 2018 par le port à Strasbourg : la réfection du pont-tournant ferroviaire (850000€), du dragage, des aménagements rue du Port au Rhin (éclairage, pistes cyclables). Il y a eu la fin des travaux d’aménagement du troisième terminal multimodal du PAS à Lauterbourg dont l’appel à concession pour la poursuite de l’exploitation a été lancé en décembre. « Il y a des contacts avancés pour le lancement de nouveaux trafics, a relevé Catherine Trautmann, et il ne s’agit pas de report de Strasbourg, ce qui est très positif ».
En 2019, il s’agira de préparer le déménagement/emménagement dans les nouveaux locaux prévus en 2020. Les projets pour cette année sont ferroviaires : la nouvelle Route de la soie chinoise pourrait passer par Strasbourg qui a retenu l’attention grâce à sa connexion avec Haropa-Port du Havre. Parmi les autres chantiers prévus : l’amélioration des capacités des terminaux et de nouveaux engins de manutention, des liens ferroviaires avec l’Allemagne à moindre coûts, une révision des terminaux croisières pour de meilleurs services et un meilleur accueil des passagers. La recherche de solution fluviale sur le canal de la Marne au Rhin est aussi une priorité tout comme la poursuite du projet Caravelle de Batorama.
Dans le contexte de l’évolution de la gouvernance des ports rhénans vers des SMO et Semop, des annonces du Cimer concernant la fusion des 3 ports de l’axe Seine et la création d’un GIE des ports de la façade méditerranéenne, de rapprochements de ports en Belgique et aux Pays-Bas, Catherine Trautmann a mis en avant l’association des ports du Rhin supérieur au sein de Upper Rhine Ports. Et elle évoqué un « toilettage du texte de 1923 » pour permettre au port autonome de Strasbourg d’adapter lui aussi sa gouvernance.