Riverdating, jour 1 : innovation, créativité, coopération

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Retour sur le premier jour de Riverdating, dont la 11è édition a lieu cette année à Strasbourg les 28 et 29 novembre. Organisé par Voies navigables de France, cet événement permet aux chargeurs de rencontrer les acteurs majeurs de la logistique fluviale lors de rendez-vous d’affaires individuels et ciblés. Des conférences sont aussi proposées et trois mots clés se sont imposés dans les échanges lors de ce premier jour : innovation, créativité, coopération lors des échanges.

C’est le parc des expositions de Strasbourg qui accueille la 11è édition de Riverdating, les 28 et 29 novembre 2018. Bien entendu, les participants ont renoué avec les rendez-vous planifiés, rythmés par les coups de cloche. Il y a, comme dans toute réunion du genre, les salutations et échanges plus informels dans les allées ou autour des tables où sont à disposition café, eaux, jus d’orange et viennoiseries.

Au programme également de ce premier jour trois conférences sur : la nécessaire mutation digitale de l’offre fluviale, les opportunités de trafics liés aux colis lourds et masses indivisibles, la logistique urbaine fluviale. Trois maîtres-mots ont émergé des échanges de ce premier jour de Riverdating : innovation, créativité, coopération.

Premier mot clé : innovation

Innovation avec les systèmes d’information fluviale (SIF) en français, River information services (RIS) en anglais. Au-delà de ces sigles et des services mis à disposition (état du réseau, du trafic, géolocalisation des bateaux…), la mutation digitale est indispensable pour une meilleure intégration du transport fluvial et de la navigation intérieure dans les chaînes logistiques globales. La mutation digitale peut avoir comme bénéfice une amélioration de la compétitivité et de la productivité des entreprises de transport fluvial, des performances des gestionnaires de réseaux et d’infrastructures, une amélioration de la sécurité de la navigation. Dans un port, la digitalisation représente deux enjeux : comment par des outils digitaux améliorer les procédures existantes et proposer de nouveaux services par le digital pour optimiser l’usage des infrastructures existantes et de la voie d’eau.

Le défi à relever est de trouver comment développer des solutions et systèmes pour fournir les données nécessaires à l’ensemble des acteurs, et plus particulièrement aux opérateurs économiques. Et ces solutions, ces systèmes seront un succès seulement si les opérateurs économiques s’en emparent en y trouvant les données dont ils ont besoin. A cette condition, ils pourront favoriser le développement et l’intégration du transport fluvial et de la navigation intérieure dans la supply-chain.

Deuxième mot clé : créativité

Le transport de colis lourds et de masses indivisibles est une source d’opportunités de trafic pour le transport fluvial, comme le montre une étude réalisée par le Cerema à la demande de Voies navigables de France en 2017-2018. Cette étude a eu pour objet de localiser les flux de colis exceptionnels par la route et voir comment les « fluvialiser ». Encore faut-il, d’un côté, convaincre les chargeurs, d’un autre côté, leur proposer des solutions «cousues main » et optimales. Celles-ci font toujours appel à une bonne dose d’imagination et de créativité pour trouver le plus court chemin routier pour parvenir à la voie d’eau la plus proche de l’usine ou de l’entrepôt, le bon quai (éventuellement à préparer/renforcer), le bon matériel de manutention…

Au-delà des opportunités nouvelles de trafics détaillées par l’étude et sur lesquelles les  directions territoriales de VNF vont travailler, il faut également préserver et développer les flux existants, utiliser l’ensemble du réseau qui est compétitif, y compris le Freycinet. Les opportunités à développer, c’est l’avenir, il faut aller chercher les nouveaux trafics, ne rien s’interdire. Mais il faut aussi avancer jour après jour dans l’immédiateté avec les possibilités existantes ici et là, obtenir quelques améliorations sur des points spécifiques (tirant d’eau, quai…) pour amener du trafic et favoriser le report modal pour ces colis pour lesquels la voie d’eau doit (re)devenir naturelle.

Il y a un important travail à mener pour communiquer sur les solutions de la voie d’eau, y compris auprès des services déconcentrés de l’Etat, qui sont les interlocuteurs des chargeurs pour les autorisations de transport exceptionnel et qui ne connaissent pas toujours le potentiel du transport fluvial pour ces colis. Il faut améliorer les connaissances autour de la réglementation pour concurrencer la prédominance de la route.

Troisième mot clé : coopération

En matière de logistique urbaine fluviale, il est possible de considérer que le transport de pondéreux en constitue un trafic historique et important en tonnage. Le défi à relever est de trouver le modèle économique et les solutions techniques pour la logistique urbaine fluviale des biens de consommation.

Ici, il y a, bien évidemment, l’exemple de la solution pérenne adoptée par Franprix sur la Seine à Paris. Il y a des expérimentations réalisées récemment, par exemple, à Strasbourg, pour l’approvisionnement de pavés pour les travaux réalisés au quai des pêcheurs. Ces pavés ont été transportés sur palettes par une péniche Freycinet de 38,5m. Deux voyages ont été réalisés, au retour pour le deuxième, les palettes vides ont constitué le flux retour. Cette expérimentation a nécessité une organisation logistique adaptée du point de départ (pas de quai à proximité) au point d’arrivée ; la navigation a été particulièrement technique sur le Rhin en centre-ville de Strasbourg. Cette alternative fluviale a été plus onéreuse qu’un transport par la route. Autre exemple, sur la Seine, l’expérimentation d’une solution Roll On-Roll Off qui a démontré qu’il est vital pour une ville de garder ses quais situés au bord de la voie d’eau disponibles pour la logistique. La solution Ro-Ro –chargement des camions sur le ponton adapté et leur déchargement sur le quai- était une demande express du client tout comme l’impératif d’une pousseur zéro émission, une solution batterie a été retenue. Autre projet sur la Seine, il y a Fludis, une solution de logistique urbaine pour de la messagerie/messagerie express et un service complet organisé autour d’un bateau-entrepôt en cours de construction. Une boucle de navigation est prévue pour le bateau-entrepôt depuis un port d’attache à destination de 5 ou 6 escales prévues à des quais parisiens au printemps 2019. A partir du quai, les derniers kilomètre se feront par un tricycle avec la charge à l’arrière et doté d’un engin de manutention. Il y a aussi le projet d’hôtel de logistique urbaine au port de Lyon-Edouard Herriot.

Que manque t-il pour que la distribution urbaine fluviale dépasse les expérimentations et les projets isolés ? De la créativité comme pour les colis exceptionnels mais aussi de la coopération entre tous les acteurs concernés. Bien longtemps avant leur aboutissement en expérimentation ou en solution pérenne, les projets de logistique urbaine fluviale nécessitent en effet de mettre autour de la table des acteurs très variés qui n’ont pas toujours l’habitude de travailler et d’échanger ensemble. Ils sont en effet issus de mondes très divers : public, politique privé, gestionnaire de réseau, ports… Il faut ici « un ensemblier » pour mettre en musique la nécessaire coopération entre tous les acteurs pour aboutir à quelque chose en matière de logistique urbaine fluviale. Sans oublier que les défis à relever par ces acteurs sont nombreux : trouver une solution adaptée pour la rupture de charge, mutualisation des lots du fait de leur dimension, disponibilité des quais dans un contexte de concurrence entre les activités récréatives et logistiques sur le bord à voie d’eau, solution pour la livraison du dernier kilomètre.

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