Pour le port d’Anvers-Bruges, une mauvaise année 2023

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Pour la deuxième année consécutive, le tonnage du port d’Anvers-Bruges est en diminution. A la différence de 2022 où seuls les conteneurs avaient affiché un repli, en 2023, ce sont toutes les catégories de marchandises qui affichent une baisse. L’autorité portuaire a insisté sur la nécessité de poursuivre les investissements aussi bien pour l’amélioration continue des infrastructures que dans le domaine de la transition énergétique des activités.

Ralentissement économique en Europe, inflation, guerres en Ukraine et au Proche-Orient… les raisons sont nombreuses à une chute de trafic du port d’Anvers-Bruges qui a présenté ses résultats pour l’année 2023 le 10 janvier 2024.

Avec un total de 271,3 Mt manutentionnées en 2023, le port d’Anvers-Bruges a perdu 15,6 Mt par rapport à 2022, soit une baisse de 5,4 %. « On attendait un retour à la normale en 2022 [après la crise Covid], mais il y a eu la guerre en Ukraine, a rappelé le directeur général du port, Jacques Vandermeiren. L’année 2023 n’a pas été celle du retour à la normale et 2024 ne le sera pas non plus, mais nous ne nous attendons pas à de nouvelles baisses ».

Part de marché. Ce responsable a aussi dit à deux reprises que si les résultats d’Anvers-Bruges n’étaient pas bons en 2023, ceux des autres ports ne seraient pas meilleurs voire pires… Il y a des commentaires qui tue ! Selon Jacques Vandermeiren, il y a toutefois une bonne nouvelle : la part de marché d’Anvers-Bruges au sein du Range nord-européen a augmenté de 1 % par rapport à l’an dernier. En somme : les autres ports feraient encore moins bien.

Les résultats par catégories de marchandises

Les conteneurs. En 2022, seuls les conteneurs étaient concernés par une baisse de trafic : -5 % en volume et -9 % en tonnage. En 2023, quasiment tous les secteurs connaissent des déboires au port d’Anvers-Bruges.

Ils représentent 50,6 % du tonnage d’Anvers-Bruges, participent le plus à la diminution des trafics. De 2022 à 2023, le port est passé de 13,5 à 12,5 millions d’EVP : cette perte d’un million de boîtes représente une chute de 7,2 %. Ce déclin des trafics conteneurisé s’explique, selon Jacques Vandermeiren, par « la faible croissance économique mondiale » et par l’inflation qui mine la consommation. Il a évoqué rapidement la congestion des terminaux sans s’appesantir.

Les vracs liquides. Ceux-ci constituent la seconde catégorie de marchandises par l’importance des tonnages, totalisent 88,7 Mt, soit 2 % de moins qu’en 2022. Ce chiffre recouvre des tendances disparates : d’un côté les volumes de gasoil et de kérosène sont en hausse, principalement du fait de l’arrêt de la fourniture de carburant raffiné par la Russie ; de l’autre ceux de produits chimiques et de GNL sont en diminution.

Jacques Vandermeiren a fait la distinction entre les produits chimiques, dont l’économie est « chancelante », et le GNL dont les volumes restent à des niveaux très hauts par rapport à la situation précédant la guerre en Ukraine. Les préoccupations concernant l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne, destination première pour ces produits, ne sont pas entièrement dissipées.

Les vracs solides ont atteint 14,8 Mt et voient leur tonnage diminuer de 14 % malgré la croissance des granulats : en cause, la faiblesse des volumes de charbon et surtout d’engrais dont la fabrication, activité énergo-intensive, s’est déplacée vers d’autres pays, y compris en Europe du Nord.

Les marchandises diverses non conteneurisées subissent la plus forte contraction : -18,8 % par rapport à 2022. Ces 10 Mt de Breakbulk sont essentiellement constituées d’acier sous différentes formes. Le repli de ces tonnages s’explique à la fois par la faiblesse de la conjoncture économique et par un phénomène de conteneurisation à la faveur de la baisse du coût du transport conteneurisé.

Ro-Ro. Les transports rouliers, dont Zeebrugge s’est fait une spécialité, sont également à la peine, mais de « seulement » -2,1 % avec 21 Mt. La cause en est avant tout la diminution du nombre de remorques non accompagnées en provenance ou à destination du Royaume-Uni. Précédemment favorisées par le Brexit, ces remorques non accompagnées se font plus rares en raison de la faiblesse de l’économique britannique. Les équipements roulants lourds et les véhicules d’occasion connaissent également un déclin, qui devrait être durable, selon le port. A l’inverse, les échanges de remorques non accompagnées avec l’Irlande sont en croissance.

Véhicules neufs. Le nombre de voitures neuves s’inscrit aussi en hausse avec 3,56 millions de véhicules, soit une progression de 9 % après les +8,5 % constatés l’an dernier. Ces transports de véhicules neufs se font surtout à l’export, et ont été favorisés par le choix de BMW de passer désormais par Zeebrugge et non plus par Hambourg pour ses expéditions.

Autre moteur de l’augmentation du nombre de véhicules neufs, à l’import cette fois : les voitures chinoises, qui ont représenté environ 250 000 véhicules en 2023. Zeebrugge a dû investir pour être en mesure de charger les batteries de ces véhicules électriques, qui arrivent non chargées. Le port dit s’attendre à une croissance durable des trafics rouliers et prévoit d’ailleurs la construction de nouveaux parkings, tant à Zeebrugge qu’à Anvers, pour éviter la congestion.

Croisières. En 2023, Zeebrugge a accueilli 169 navires de croisière et 953 048 passagers, un record. Les installations pour le branchement de ces navires à quai afin de couper leur groupe électrogène devraient être opérationnelles à partir de 2025.

Du côté des projets et des investissements

Un port « durable ». « L’objectif d’un port est de continuer à se développer mais doit désormais le faire de manière durable. Anvers-Bruges est le moteur économique de la Flandre », a indiqué Annick De Ridder, échevine du port de la ville d'Anvers et présidente du conseil d'administration d’Anvers-Bruges, lors de la conférence de presse du 10 janvier 2024.

Pour elle, ajouter des capacités supplémentaires pour les conteneurs (projet ECA), une nouvelle écluse à Zeebrugge (projet NSZ) sont deux projets majeurs pour l’avenir.

Elle a aussi rappelé la confirmation d’un tirant d’eau à 16 mètres au terminal de MSC PSA European Terminal (MPET) au DeurganckDock, depuis octobre 2023, ce qui permet à Anvers-Bruges de disposer du niveau nécessaire pour continuer à accueillir les plus grands porte-conteneurs.

Un port unifié, sans regret. « Nous sommes un port unifié depuis plus d’un an et demi et nous n’avons aucun regret car la valeur ajoutée est visible dans le contexte difficile que nous vivons actuellement. Nous sommes complémentaires, nous avons une marque forte à l’international où nous sommes vu comme un seul port. La transition énergétique afin de devenir un port climatiquement neutre d'ici 2050 constitue l’une de nos priorités. Nous travaillons à un futur plus vert », a déclaré Dirk De fauw, bourgmestre de la ville de Bruges et vice-président d’Anvers-Bruges. Il a cité la mise en service du premier remorqueur à l’hydrogène (HydroTug1), les projets autour du captage/stockage de CO2, l’économie circulaire (NextGenDistrict).

Le rôle majeur des investissements. Jacques Vandermeiren a évoqué un montant de « deux milliards d’euros d’investissements au cours des 10 prochaines années ». Il a insisté sur « le rôle stratégique des investissements, d’autres annonces seront faites plus tard dans l’année, et de la fusion pour la santé du port à l’avenir ».

Il a rappelé la rénovation/modernisation lancées en octobre 2022 de l’Europa Terminal (PSA Antwerp) datant de 1990 pour une durée de 9 ans ou encore la volonté de développer les liaisons ferroviaires. Anvers-Bruges conduit également un projet autour de la digitalisation des procédures, de la sécurité/sûreté, l’une des réponses au défi du trafic de drogues que connaissent les ports.

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