« Point. P, filiale du groupe Saint Gobain, a une longue histoire avec le fleuve et la voie ferrée avec des agences implantées à proximité de ces infrastructures. La stratégie de ce groupe a pour objectif de devenir le leader de la construction durable et le transport fluvial s’inscrit aujourd’hui dans cette ambition », a rappelé Olivier Veloso, directeur grands comptes et métropole du Grand Paris, lors du « webinaire » « pour changer les idées reçues sur le fluvial » organisé par VNF et Haropa le 10 novembre 2021.
Le métier de Point. P est le négoce de matériaux, ce qui signifie les déplacer d’un point à un autre, de livrer de nombreux chantiers de la région parisienne.
Pour cela, il y a des agences réparties sur les 7 départements franciliens. L’entreprise dispose de 106 camions-grue dont 44 au gaz qui livrent les chantiers de Paris intra-muros et de proche banlieue à partir de plates-formes logistiques (à Charenton, Alfortville, Conflans). Chaque semaine, Point. P livre avec ses deux bateaux des centaines de tonnes de matériaux de construction : « Le fluvial est un enjeu majeur car les produits lourds sont livrés par bateau aux plates-formes pour pouvoir réduire notre bilan carbone et s’associer à la stratégie du groupe lié au développement durable ».
Pour Point. P, la réglementation qui se durcit, par exemple la réduction à 30km/h dans Paris même, rend de plus en plus compliqué la livraison de ses marchandises aux différents chantiers.
« Nous travaillons à livrer directement les chantiers par la voie d’eau sur des quais partagés les matériaux. Parmi les difficultés à lever, nous avons besoin de davantage d’agences au bord de la Seine », a indiqué Olivier Veloso qui a également mentionné les rénovations récentes des agences « fluviales » parisiennes de Javel et du Point du Jour .
Une solution qui puisse être dupliquée
Actuellement, Point. P utilise le fleuve pour approvisionner ses agences situées en bord de Seine en matériaux puis la livraison des chantiers se fait en camion.
« L’étape suivante que nous nous apprêtons à franchir, innovante et pas simple, c’est de livrer directement les chantiers par la voie d’eau. Cela peut sembler une évidence mais de nombreux aspects doivent être résolus avant d’y parvenir », a enchaîné Olivier Arnault, autre responsable chez Point. P
Cette entreprise a décidé de profiter de l’opportunité du chantier du Village des athlètes des JOP de Paris en 2024 pour se lancer dans la mise en place d’une solution qui pourrait ensuite devenir pérenne. Ce Village bénéficie d’une implantation à moins d’un kilomètre du fleuve, sur l’Ile-Saint-Denis et sur les communes de Saint-Ouen et Saint-Denis.
« On va pouvoir livrer les matériaux sur un quai de Saint-Denis à 1 km environ du chantier. Pour les livraisons sur l’île, on utilisera la grue du chantier lui-même pour décharger. Nous allons ainsi massifier, optimiser, utiliser nos bateaux qui ont de la capacité disponible », a détaillé Olivier Arnault. Point. P va aussi mettre en place une dématérialisation des documents (bordereaux de livraison) pour les matériaux apportés par le fleuve, ce qui est nouveau pour cette entreprise.
Les travaux au 36 quai des Orfèvres constituent un autre chantier pour lequel une solution de livraison par la voie d’eau est envisagée par Point. P.
« Notre objectif est de mettre en place une solution rentable, même si nous bénéficions des aides du Parm de VNF, et qui puisse être dupliquée et avec un équilibre économique viable », a ajouté Olivier Arnault.
Cette nouvelle logistique s’inscrit aussi dans le cadre global de la volonté du comité d’organisation d’une réalisation des chantiers des JOP et de l’événement lui-même la plus respectueuse de l’environnement et la plus « durable » possible.
Toutefois, cette nouvelle logistique pour la livraison des matériaux aux chantiers par la voie fluviale a un coût, a conclu Olivier Veloso, raison pour laquelle Point. P multiplie les échanges, par exemple, avec les entreprises de construction (comme Vinci, Bouygues…) pour avancer sur cet aspect financier.
