Le conseil de développement territorial du Havre s'est réuni le 24 février 2022, pour la seconde fois depuis le mois d'octobre 2021. Cette nouvelle instance, qui est composée de trente membres répartis en quatre collèges (place portuaire, personnels exerçant sur le port, collectivités territoriales, milieux professionnels et associatifs), devait rendre un avis sur le futur plan stratégique de Haropa Port 2020-2025.
Comme le précise Hervé Bonis, président du conseil de développement territorial, l'instance a pour objectif de représenter les intérêts locaux et de les porter auprès des conseils de surveillance et d'orientation de Haropa Port.
Trois grands chantiers d’infrastructures
Florian Weyer, directeur général délégué de Haropa Port Le Havre, a rappelé les grandes lignes du projet stratégique 2020-2025 qui doit être approuvé le 25 mars 2022 par le conseil de surveillance de Haropa Port.
Ce plan comporte cinq axes. Le premier est de réaliser un programme d'investissement de 1,3 milliards d'euros à l'échelle de l'axe Seine dont 750 millions sont engagés pour la seule place portuaire havraise.
Parmi les principaux projets d'investissements figure la création des postes 11 et 12 sur Port 2000 au Havre d'un coût de 154 millions d'euros, qui parachèvera le port dédié aux conteneurs. En termes d'augmentation du trafic, Haropa Port souhaite se montrer « raisonnable » dans ses ambitions.
Florian Weyer explique : « Notre objectif est d'atteindre les 3,5 millions de conteneurs par an en 2025 (NDA : contre 3 millions en 2021). Sur les postes 11 et 12, l'essentiel des terrassements a déjà été réalisé par Haropa Port. A partir de la fin du deuxième semestre 2022, à l'issue des travaux de dragage, va démarrer une nouvelle phase de travaux qui incombe au futur exploitant, à savoir GMP, avec une phase d'aménagement des dessertes et d'aménagement des terminaux. La mise en service devrait intervenir en 2024.
La deuxième grande opération est l'accueil de l'éolien offshore, 121,6 millions d'euros, qui consolidera les activités industrielles au Havre. Les aménagements de quais se poursuivront jusqu'à l'automne 2022. Certains se termineront début 2023. Le planning est maitrisé.
L'accès fluvial direct à Port 2000, la chatière, 125 millions d'euros, est la troisième grande opération d'investissement. Le dossier d'instruction auprès des services de l'Etat a été déposé. Sous réserve de la décision du préfet, l'enquête publique pourrait démarrer à l'été 2022 et durera un mois. L'objectif est maintenu pour une livraison de la chatière fin 2023, c’est ambitieux ».
Les objectifs de trafics et de report modal
Le deuxième axe du plan stratégique est d'atteindre un objectif de trafic maritime de 92 millions de tonnes en 2025 pour l'ensemble des ports de l'axe Seine. Ce trafic était en 2021 à 83,6 millions de tonnes.
Autre priorité du plan, le fluvial avec un objectif de trafic de 35 millions de tonnes en 2025 (contre 22,5 Mt en Ile-de-France en 2021).
Le quatrième axe concerne le report modal vers les modes massifiés (fluvial et ferroviaire) avec un objectif de 20 % pour le conteneur (actuellement de l'ordre de 12 %) et de 40 % pour les vracs.
Haropa Port souhaite aussi accompagner le processus de « décarbonation » de l'axe Seine. Le plan prend en compte également des sujets comme l'optimisation de la multimodalité et du fonctionnement des terminaux ou encore le raccordement électrique des navires à quai.
Approbation et recommandations
Si le conseil de développement territorial a approuvé les grandes lignes du projet lors de sa réunion du 24 février, il a tenu à apporter quelques recommandations.
Hervé Bonis cite d'autres travaux infrastructures qui lui paraissent tout aussi important à réaliser dans le futur.
Il s'agit notamment de l'avenir des terminaux Asie-Osaka et des terminaux Nord du port du Havre. Il souhaite qu'une réflexion soit menée sur l'emprise foncière de la centrale à charbon ainsi que tout ce qui tourne autour des enjeux de la décarbonation de l'industrie pétrochimique de la vallée de la Seine.
« Des sujets comme la captation du CO2 sont des défis majeurs. Il y a déjà un projet pilote à Rotterdam qui va dans ce sens. Nous devons nous aussi nous engager » résume-t-il.
Autre recommandation que le conseil met en avant, la multimodalité et la fluidité des trafics. « Lorsque nous accueillerons plusieurs navires de 24 000 EVP à Port 2000 au Havre, il est clair qu'on ne pourra pas tout évacuer par la route. Il y a, à l'heure actuelle, 2500 rendez-vous par jour pour les transporteurs routiers. On ne pourrait donc pas évacuer des escales de 6 000 EVP à 8 000 EVP. Il faut massifier. C'est un enjeu majeur ».
