Depuis deux ans, la plateforme multimodale francilienne subit les conséquences d’un commerce international instable. Mais avec son projet de logiciel OCR, Paris-Terminal va devenir un port intérieur connecté pour plus de fluidité. Alain O’Jeanson, son directeur général, livre quelques éléments de contexte et de perspectives pour les mouvements de conteneurs.
Depuis le port de Gennevilliers, Alain O’Jeanson, directeur général de Paris Terminal, rapporte une situation chaotique : « Je n’ai rien vu de tel en trente ans. En 2020, l’activité a baissé et bien qu’elle reprenne à peine, elle a laissé des services maritimes très désorganisés. Si certaines marchandises circulent de nouveau correctement, les flux sont devenus très irréguliers ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes, en 2017, Paris Terminal tournait à 383 000 mouvements conteneurs EVP contre 360 000 en 2020 et 350 000 en 2021. En 2022, une reprise s’amorce avec 100 000 mouvements comptabilisés au premier trimestre.
À six kilomètres de Paris et avec ses cinq terminaux combinés, Paris Terminal est un « hub fluvial naturel » et la plate-forme multimodale de la capitale. Relié aux affluents de la Seine, à la route et au fer, le port s’étend sur 30 hectares de terre-pleins sous douane avec 1200 mètres de quai fluvial et 2000 mètres d’embranchement ferroviaire. Principalement axé sur l’import, le déséquilibre du commerce mondial perturbe son activité. « Le marché intérieur est touché et nos perspectives sont compliquées ». Selon le responsable, toute la chaîne est perturbée : « Dans un contexte où les acteurs de la logistique et du transport sont interdépendants, un désordre s’est installé à différents postes de la chaîne. En exemple, nous avons des conteneurs qui s’accumulent sur le port lorsque des enseignes stockent en prévention des pénuries de marchandises. Les conteneurs proviennent principalement d’Asie. En avril, Shanghai était de nouveau confinée. Avec la guerre en Ukraine qui s’est ajoutée à la tension mondiale, les marchés internationaux se décident au plus offrant sans plus aucune régularité ».
Alain O’Jeanson observe un déficit supplémentaire pour le fluvial : « L’Ile-de-France accumule les mauvais résultats en termes de trafic fluvial même si le port du Havre a retrouvé une bonne activité. Le marché intérieur a été touché et le fluvial profite encore moins des trafics. Il reste une tension pesante sur les prix et sur les places ». Ajoutées au manque de matières premières, les tensions de la demande et de l’accessibilité nuisent au report vers le fluvial.
