Entretien avec Gilbert Bredel, président de Contargo North France, qui revient sur les premiers mois de 2022 et les réalisations récentes au terminal à conteneurs de Valenciennes.
« 2021 a été une année de consolidation post-Covid avec des volumes en légère augmentation, sachant que la navigation sur l’Escaut a été interrompu pendant un mois, le temps de la reconstruction du pont des Trous à Tournai. 2022 présente une croissance très importante dès les premiers mois de l’année : à fin mai, nous avons atteint 25 000 EVP », indique Gilbert Bredel, président de Contargo North France. Il prévoit que la suite de l’année reste sur cette tendance positive et pourrait s’achever avec plus de 50 000 EVP traités. Le responsable rappelle qu’en 2015, première année de mise en service du site, le volume était de 21 000 EVP traités et a donc été multiplié par 2,5 en 7 ans. Autrement dit, « en 2022, en 5 mois, on a fait la totalité du volume annuel de 2015 ! ».La performance du terminal à conteneurs de Contargo à Valenciennes est d’abord le résultat de la deuxième extension de la plate-forme avec une mise en service en novembre 2020, et des engins supplémentaires également (Reach Stackers). Les deuxièmes travaux d’extension (après de premiers en 2017) ont porté la surface de stockage à 17 000 m2, soit une capacité supplémentaire pour traiter jusqu’à 140 000 conteneurs EVP. La surface totale d’Escaut Valencienne Container Terminal atteint 50 000 m2.En janvier 2022, à l’issue d’un nouvel appel d’offres européen pour l’exploitation de ce terminal, Contargo a signé avec le Syndicat mixte Dock Seine-Nord Europe/Seine-Escaut pour 15 ans supplémentaires de gestion des activités de ce site situé sur le quai de Bruay-sur-l’Escaut/Saint-Saulve.Concernant l’infrastructure, le responsable indique que « le terminal va sans doute avoir besoin d’un deuxième portique. La discussion est en cours avec les collectivités ». La concrétisation pourrait avoir lieu à l’horizon 2025.
Première étape du TOS
Les premiers mois de 2022 ont aussi été marqués par la mise en place sur le terminal de Valenciennes du logiciel d’exploitation des terminaux (Terminal Operating System) développé en interne par le groupe Contargo. Cela concerne l’auto-enregistrement des chauffeurs de poids lourds (par le biais de QR Code, d’une appli sur smartphone, …) avant l’arrivée sur le terminal. C’est le système COLA de Contargo (voir article de NPI). « Tout le process est devenu automatisé, hors manutention, pour les chauffeurs. Le transit sur le terminal est accéléré, la capacité de traitement l’est aussi. L’efficacité du terminal est améliorée. Nous avons franchi un cap en matière d’informatisation et d’automatisation. C’est la première étape du TOS. C’est un investissement du groupe Contargo à Valenciennes qui est ainsi équipé de ce qui fonctionne dans des terminaux en Allemagne depuis plusieurs années », explique Gilbert Bredel.Le responsable ajoute que d’autres éléments du TOS vont être mis en place au cours des prochains mois, par exemple le tracking des barges, d’abord au terminal puis en amont et en aval. Des alertes pourront être envoyées aux clients en cas de retard. Selon Gilbert Bredel, Valenciennes est ainsi devenu l’un des rares terminaux intérieurs français, peut-être même le seul, à disposer d’une telle solution d’enregistrement automatique. « L’informatique était notre point faible, nous venons de rattraper notre retard et nous prenons même de l’avance ». Sachant que le terminal disposait déjà de l’EDI (système d'échange électronique de données).
Courant électrique à quai, une habitude prise
Les travaux d’extension du terminal (voir article de NPI) ont compris un volet d’installation du courant à quai pour permettre aux bateaux de couper leur groupe électrogène lors de leur escale, réduisant ainsi les émissions polluantes et supprimant les bruits et vibrations pour les riverains du terminal. Le responsable indique que les bateliers ont très rapidement pris l’habitude de se brancher à Valenciennes comme ils le font dans les pays limitrophes (Belgique, Pays-Bas). Le contexte de l’inflation du gazole a peut-être aussi jouer un rôle incitatif.Pour Gilbert Bredel, « une installation de branchement électrique sur un quai industriel peut être assez simple et d’un coût relativement modeste, à condition de ne pas avoir de grandes ambitions de design ou d’architecture. Avoir la possibilité aussi de réaliser l’équipement sans installation déjà présente ou sans transformation majeure constitue un atout ».Parmi les priorités pour l’avenir, le responsable attend la navigation 24 h sur 24 « qui permettrait de passer à un autre mode d’exploitation ». Il préfère ne pas s’appesantir sur la question de la hauteur des ponts pour une troisième couche de conteneurs dans les bateaux, relevant que « l’investissement nécessaire serait très élevé » et estimant : « Avec des unités de 110 m par 11,40 m, on est déjà à un bon niveau ».