Le « programme mondial d'action pour le climat dans les ports » (World Port Climate Action Program, WPCAP) a été lancé en septembre 2018 lors d’une conférence mondiale sur le climat organisée à San Francisco.
Les ports, membres du WPCAP, sont au nombre de 12 : Anvers-Bruges, Barcelone, Göteborg, Hambourg, Haropa Port (Le Havre, Rouen,Paris), Long Beach, Los Angeles, New York/New Jersey, Rotterdam, Valence, Vancouver, Yokohama.
L’objectif du programme est de leur permettre « d’échanger sur les meilleures pratiques et d’agir en tant que pionniers dans la réduction des émissions de l'industrie du transport maritime ». Il comprend un calendrier sur cinq ans de 2019 à 2023 autour de cinq thèmes : « efficacité, politique, power2ship, carburants, équipements de manutention ».
Le WPCAP s’inscrit en lien avec une démarche de l’IAPH (International Association of Ports and Harbors) mise en place en mai 2017 et intitulée « programme mondial de durabilité des ports » (World Ports Sustainability Program) avec l’objectif « d’améliorer et de coordonner les futurs efforts de développement durable des ports du monde entier et à favoriser la coopération internationale » avec les autres acteurs concernés.
Ces programmes font suite aux « 17 objectifs de développement durable (ODD) du programme de développement durable à l'horizon 2030 », adoptés par les dirigeants mondiaux en septembre 2015 lors d'un sommet des Nations Unies, et entrés en vigueur le 1er janvier 2016. Pour tenter d’atteindre ces objectifs, les pays sont censés mobiliser leurs efforts pour mettre fin à toutes les formes de pauvreté, lutter contre les inégalités et le changement climatique, tout en veillant à l’inclusion.
Créer une dynamique
Les 12 ports membres du WPCAP se sont retrouvés à Rotterdam le 30 mai 2023 pour dresser un bilan des travaux au cours des cinq premières années du programme et tracer les priorités pour l’avenir.
« Les préoccupations sur le climat sont aujourd'hui en tête de l'agenda international, y compris dans l'industrie du transport maritime », a estimé le pdg du port de Rotterdam, lors des échanges. Mais il reste encore concrètement beaucoup à faire pour relever le défi de la transition énergétique des transports et de la logistique dans lequel « les ports ont un important rôle à jouer. Nous devons prouver maintenant que nous faisons partie de la solution et que nous pouvons créer une dynamique pour un véritable changement ».
Priorité n°1 : l’électrification des quais
Les échanges ont conclu que l’une des priorités est d’accélérer sur le sujet de l’alimentation à quai des navires dans les ports.
Le branchement des navires à quai :
- permet à court terme de réduire les émissions de CO2 et des autres polluants.
- fait partie du mix énergétique du transport maritime à long terme, à partir du moment où les navires utiliseront des carburants non fossiles coûteux.
Les travaux du groupe de travail ont abouti à élaborer « un aperçu mondial des installations existantes ainsi que des lignes directrices sur les meilleures pratiques concernant leur mise en œuvre technique, opérationnelle et économique ».
« La situation a évolué au cours des dernière années, passant d’une période où les ports développaient quelques projets à des programmes d'investissement à grande échelle. Par exemple, à Rotterdam plus de 160 points de connexion sont prévus avec un plan d'investissement total de plus de 500 millions d'euros », selon un membre de ce groupe de travail, également responsable au sein du port de Rotterdam.
Au-delà des atouts environnementaux du branchement à quai et des efforts des ports pour installer les équipements sur les quais, les échanges ont souligné la nécessité de l’engagement des autres acteurs concernés, les compagnies maritimes et les gestionnaires de terminaux, mais aussi d’une démarche mondiale pour avoir une efficacité à l’échelle de la planète.
Priorité n°2 : les carburants « propres »
Une autre priorité pour les ports réunis au sein de WPCAP dans les années à venir porte sur « le soutage et l’adoption de carburants plus propres ». Les ports ont ici à jouer un rôle de facilitateur.
Le groupe de travail dédié, travaillant avec celui de l’IAPH, a élaboré « un cadre recensant les étapes préparatoires ainsi qu’un outil d'auto-évaluation et de communication qui peuvent permettre aux parties prenantes de comprendre les niveaux de recherche, de développement et de déploiement de nouveaux carburants dans les ports du monde entier ».
« Compte tenu de l'urgence de la crise climatique et des engagements du transport maritime à réduire les émissions conformément aux réglementations internationales, nous devons agir maintenant. Il a fallu près de neuf ans de navigation pour parvenir à adopter le GNL comme carburant marin. Nous ne pouvons pas attendre aussi longtemps pour le déploiement de l'ammoniac, du méthanol, de l'hydrogène et d'autres carburants propres », a souligné l’un des membres du groupe de travail.
Il appartient désormais aux membres du WPCAP de s’emparer des outils proposés qui ont été présenté comme « un moyen pour les ports d'évaluer leur capacité à accueillir et à stocker des carburants propres, à identifier les domaines dans lesquels davantage de ressources sont nécessaires pour répondre aux besoins et/ou ambitions en matière de carburants et de technologies alternatives, et à le communiquer aux autres parties prenantes ».
Priorité n°3 : les « corridors verts »
Pour les membres du WPCAP, un autre élément est important pour réussir la transition énergétique des ports et du transport maritime : les « corridors verts ». Ils considèrent ceux-ci comme « essentiels pour faciliter le déploiement des carburants dans la pratique, en particulier sur les routes maritimes internationales plus longues ».
Plusieurs ports membres du WPCAP font partie de cinq sur six initiatives de corridors verts (voir encadré), couvrant des routes maritimes dans le monde entier de Singapour et Shanghai à Los Angeles, Vancouver et Rotterdam.
« Il y a eu beaucoup de discussions sur la nécessité de passer à de nouveaux carburants dans l'industrie et plusieurs initiatives de corridors verts ont été annoncées. Il est maintenant temps de mettre cela en action et de travailler ensemble en tant que ports pour convaincre les fournisseurs de carburant et les compagnies de sauter le pas afin de voir les premiers navires « durables » sur ces routes internationales dans les prochaines années », a relevè une représentante du port de Long Beach en Californie.
Que sont les corridors verts ?
C’est en marge de la COP26 en novembre 2021 à Glasgow que plusieurs pays (France, États-Unis, Japon, Allemagne, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Australie, etc.) ont signé une initiative (ou Déclaration de Clydebank) pour s’engager à favoriser la mise en oeuvre de « corridors maritimes verts ».
Ces mots désignent une route maritime sur laquelle la faisabilité technologique, économique et réglementaire de l'exploitation de navires à émissions nulles est catalysée par des actions publiques et privées.
Davantage d’informations dans le Journal de la marine marchande.