Et un quatrième grand port maritime français n’est pas à la fête concernant les trafics pour l’année 2023... Malgré la bonne récolte, les retards dans les exportations de céréales depuis l’été font chuter le tonnage 2023 du port de La Rochelle à 8,6 millions de tonnes. La part modale du ferroviaire, très interdépendante de cette filière, affiche, elle aussi, un repli.
Pour la première fois, les céréales ne sont pas la principale marchandise manutentionnée au Grand port maritime de La Rochelle : c’est ce qui ressort des chiffres de trafic portuaire 2023, qui ont été présentés le 23 janvier 2024. Le tonnage total atteint 8,6 millions de tonnes à la fin décembre 2023, soit 11 % de moins comparativement à 2022, qui avait présenté un bilan plutôt satisfaisant. L’année 2021 avait, elle, affiché une quasi-stabilité.
Les produits pétroliers raffinés, avec 3,4 millions de tonnes (+17%) s’imposent comme le premier trafic du port. La Rochelle, qui ne dispose pas d’une raffinerie, était précédemment plutôt un marché spot pour les importations d’hydrocarbures ; ces entrées de carburant se font désormais plus régulières. « Nous pouvons recevoir de gros navires, et faisons désormais du transbordement de navire à navire pour réexpédier des produits raffinés vers des ports français de plus petite taille », explique le directeur général du port, Michel Puyrazat.
Les exportations de céréales, entre 2022 et 2023, ont diminué de 25 %, passant de 3,999 millions de tonnes à 2,996 millions de tonnes : une baisse de 1 million de tonnes, qui correspond exactement au recul de tonnage du port d’une année sur l’autre. Ces exportations, principalement constituées de blé et d’orge, étaient déjà en berne avant l’été et l’écart s’est encore creusé au deuxième semestre. La situation semble cependant évoluer favorablement, puisque décembre 2023 a été meilleur que décembre 2022 alors que les mois précédents affichaient tous des diminutions.
« Les opérateurs sont optimistes, car les plannings de chargement sont très chargés chez les deux opérateurs, Sica et Soufflet-In Vivo, avec une très bonne reprise des expéditions en direction du Maroc », indique le président de l’Union maritime, Francis Grimaud, qui explique le repli constaté des exportations en 2023 par « l’intervention de la Russie, qui a proposé des céréales à des prix très bas à des pays habituellement clients de La Rochelle ».
Michel Puyrazat est également confiant pour le premier semestre 2024, qui « s’annonce très bon » pour les exportations de céréales, après un « très mauvais » deuxième semestre 2023. « On a un sujet très important avec les céréales, qui ont toujours été la première filière portuaire, indique-t-il. La logique attentiste, malgré la bonne récolte 2023, est liée au contexte international ».
Les produits forestiers et papetiers, qui constituent une spécialité de La Rochelle, ne totalisent que 379 000 tonnes, soit 40 % de moins qu’en 2022. Les grumes et les bois de sciage ou de placage diminuent. Il en va de même pour la pâte à papier (295 000 tonnes) pour laquelle les moindres importations sont dues aux difficultés de la papeterie de Condat, en Dordogne, où la pâte à papier est expédiée par train et, plus largement, à la numérisation qui a pour conséquence un moindre usage du papier.
Les vracs agricoles (744 000 tonnes) voient leur volume diminuer de 17 %, après une année 2022 record (901 000 tonnes), marquée par de fortes importations d’engrais, qui constituent l’essentiel de cette catégorie. La Rochelle reste le premier port français pour les entrées de fertilisants.
Colis lourds et éléments d’éoliennes offshore. La Rochelle avait manutentionné 88 000 t de colis lourds en 2022, mais n’a totalisé que la moitié de ce tonnage en 2023. Les éléments d’éoliennes offshore avaient en effet été très présents en 2022, mais cette activité n’a occupé les quais rochelais que quelques mois en 2023. Cette activité devrait repartir grand train pour 18 mois à partir du mois de mars, avec 62 mono-pieux et 62 pièces de transition qui doivent transiter par les quais de La Pallice. Cette opération, qui concernera le champ éolien offshore de Yeu-Noirmoutiers, suivra le même schéma que pour le champ de Guérande, à savoir un passage par le port de Saint-Nazaire pour l’assemblage.
Part modale en baisse pour le ferroviaire. Avec 1,34 million de tonnes en 2022, la part modale du transport ferroviaire avait atteint 14 % au port de La Rochelle. La contraction des exportations maritimes de céréales a induit de moindres entrées dans les silos du port. Conséquence : seulement 1,05 million de tonnes de trafic ferroviaire à La Pallice en 2023, et une part modale du fer qui retombe à 12 %. La structure du fret ferroviaire au port de La Rochelle est en effet tournée presque entièrement vers les céréales, qui cumulent 96 % des tonnages des trains alors que la pâte à papier, les vracs alimentaires et les transports militaires émargent chacun à 1 % du total.
Croisière : décroissance raisonnée. La Rochelle a connu 33 jours d’escale en 2023, avec un total de 70 558 passagers, contre 66 000 en 2022. Cette croissance du nombre de passagers n’est pourtant pas recherchée. Pour cadrer avec l’objectif fixé au sein de l’agglomération de La Rochelle d’une neutralité carbone en 2040, le Grand Port maritime s’est lancé dans une politique de décroissance raisonnée en ce qui concerne la croisière, annoncée en début d’année. En 2023, trois escales ont été refusées sur les 53 sollicitées. En 2024, ce nombre d’escales non acceptées atteint 19. Pour éviter la sur-fréquentation touristique, aucune escale ne sera désormais prévue en juillet et août. En 2030, le nombre d’escales devra avoir diminué de 40 % par rapport à 2022.
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