Le port de Dunkerque présente une baisse de trafic en 2023

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Ce n’est pas un bon signe quand, lors de la conférence de presse consacrée aux résultats annuels d’un port, les réalisations, les faits marquants, les projets de développement et même le chiffre d’affaires sont mis en avant préalablement à la présentation des tonnages. La conférence de presse des résultats de Dunkerque Port qui a eu lieu le 19 janvier 2024 a suivi ce schéma... il était donc évident que l’année 2023 ne permettait pas au grand port maritime du Nord de la France d’afficher une nouvelle croissance.

Un autre grand port maritime français a présenté des trafics en retrait pour 2023… Il s’agit de Dunkerque Port : avec 44 millions de tonnes au 31 décembre 2023, le trafic global affiche une baisse de -10% par rapport à 2022. Les progressions de 2021 et de 2022 ne sont plus qu’un souvenir, y compris pour la filière conteneurs dont la marche en avant depuis 10 ans est stoppée… Il reste à se consoler avec les conteneurs de l’hinterland.

Sérénité affichée. « La conjoncture économique actuelle et des outils de production à l’arrêt ou perturbés expliquent ce résultat », a précisé Daniel Deschodt, directeur général adjoint, lors de la conférence de presse organisée le 19 janvier 2024. Il a rappelé que « tous les ports européens, pas seulement français, sont en retrait en 2023. Dunkerque reste un port fiable et performant où les projets se poursuivent ; nous ne sommes absolument pas inquiets pour l’avenir ».

Comme preuve, il relève la hausse du chiffre d’affaires de +5,2% à 107 millions d’euros en 2023 et une répartition à peu près égale, « c’est un équilibre qui faisait partie de nos objectifs », entre les droits de port (44%) et les revenus du domaine (45%), le solde (11%) relève de la catégorie « autres ».

« Les capacités de financement avoisinent les 50%, a complété Maurice Georges, président du directoire. Le port, c’est 30 000 emplois directs, indirects et induits, ainsi que 3,7 milliards de valeur ajoutée ».

Pour l’année 2024, la prudence est pour l’instant de mise compte tenu des tensions économiques et géopolitiques qui ne fléchissent pas, « les perturbations et les difficultés se poursuivent », a lâché Daniel Deschodt.

Les résultats par filières

Marchandises diverses. Avec 18 millions de tonnes (-5%), les marchandises diverses représentent 40% de l’activité de Dunkerque en 2023 :

  • Le roulier fret à destination de la Grande-Bretagne et de l’Irlande se replie de -4% avec 450 000 unités, « on est au niveau le plus bas », selon le responsable. A l’inverse, le tourisme augmente sensiblement de +13% avec 350000 véhicules et de +18% avec 1,6 million de passagers ; 2023 est la première année pleine de reprise après les années de pandémie.

En novembre 2023, une nouvelle passerelle RoRo a été réceptionnée et sera mise en service au premier trimestre 2024 (en remplacement d’une autre) et permettra l’accueil de ferries d’une longueur jusqu’à 215 mètres.

  • Les conteneurs fléchissent de -10% avec 670000 EVP et stoppent 10 années de croissance ininterrompue. Le trafic avec l’hinterland terrestre est du coup mis en lumière, affichant +11%, une performance sur laquelle le port avait communiqué dès le dernier trimestre (voir article).

Vracs solides. Avec 14,3 millions de tonnes (-12%), les vracs solides constituent un tiers de l’activité de Dunkerque.

Trois segments sont à la peine : minerais de fer (6,4 millions de tonnes, -25%), charbon (2,8 millions de tonnes, -4%), céréales (1,7 millions de tonnes, -23%). Pour ceux-ci, la nouvelle campagne 2023-2024 connaît un lent démarrage marqué par une concurrence exacerbée des blés russes mais rien n’est perdu, la bonne nouvelle étant que Dunkerque réexporte vers la Chine.

Pour les céréales, la fin 2024 va voir la mise en service de nouveaux silos de stockage de Nord Céréales, portant la capacité totale de cet opérateur à 30000 tonnes.

Les autres vracs solides affichent eux une hausse (+34%) avec 3,4 millions de tonnes.

Vracs liquides. Avec 11,7 millions de tonnes, les vracs liquides représentent un quart du total et sont en recul (-16%) avec le segment des hydrocarbures en régression (2,7 millions de tonnes, -21%).

Le terminal méthanier connaît toujours « une activité soutenue » avec 8,3 millions de tonnes et 126 escales à la fin décembre mais en diminution (-14%) par rapport à 2022 qui avait été une année record dans le contexte des besoins d’importation en lien avec les mesures contre le gaz venue de Russie à la suite du conflit déclenché par ce pays en Ukraine.

Les projets et réalisations

Transformation en cours. « 2023 et 2024 sont celles d’un tournant dans la mutation du port, d’abord forcée avec la fin de la prépondérance des activités liées au pétrole, mais aujourd’hui les enjeux de la transition énergétique auxquels il faut faire face avec le changement climatique et ceux de la réindustrialisation « verte » sont les priorités de Dunkerque. Les ports sont au service de ces enjeux. Dunkerque Port est mobilisé pour mettre en place un modèle plus équilibré, plus performant, plus durable », a déclaré Emmanuelle Verger, présidente du conseil de surveillance.

Dunkerque peut miser également sur ses atouts, selon cette responsable : « du foncier disponible, premier hub énergétique européen avec une électricité décarbonée, des dessertes maritimes et terrestres de qualité, un développement de zones économiques clés en main labellisées Choose France, réduisant tous les délais d’obtention pour lancer un projet ».

Batteries et pommes de terre. Parmi les filières porteuses de trafics et de revenus pour Dunkerque Port, il y a les gigafactories en cours de construction pour les batteries dont celle de Verkor dont la mise en service est prévue pour 2025. Autour de cette filière, d’autres implantations sont prévues, par exemple une unité de production de matériaux de cathodes pour batteries lithium (Orano et XTC New Energy) ainsi que la création de deux unités de recyclage de batteries (Eramet et Suez).

Il y aussi l’usine de Clarebout pour la transformation de pommes de terre en activité, elle, depuis la fin 2023 et d'autres développement prévus en 2024.

Port aménageur. Des aménagements portuaires sont aussi à l’ordre du jour :

  • Sur le port Ouest, avec la réalisation d’une nouvelle desserte routière pour à la fois l’accès aux deux gigafactories de batteries et dans la perspective de CAP 2020.
  • Sur le port Ouest, également, un nouveau terminal (9ha) pour le transbordement rail-route de caisses mobiles et de remorques. Le début des travaux devrait avoir lieu en 2024 pour une mise en service en 2025. Le groupe Charles André a été retenu pour le développement et l’exploitation de ce nouveau terminal.

A noter que sur le QPO du port Ouest, une activité de manutention et de stockage de vracs solides a commencé en 2023 et affiche 1,2 millions de tonnes traitées, un niveau auquel la direction de Dunkerque Port ne s’attendait pas.

Ecluse de Mardyck. Le grand port maritime est propriétaire et gestionnaire de l’écluse de Mardyck et a lancé des travaux de rénovation des pompes « très anciennes ». La caractéristique de cet ouvrage étant de fonctionner non pas par gravité mais avec des pompes.

Toujours Cap 2020. Le projet Cap 2020 d’extension du terminal à conteneurs de Dunkerque Port reste sur le haut de la pile des priorités en termes d’aménagement portuaire. « Pour traiter 400 000 EVP supplémentaires et accompagner le développement de Dunkerque et des Hauts-de-France, selon Maurice Georges, c’est un très gros projet soutenu par l’Etat et le conseil d’orientation des infrastructures ».

Pour ce responsable, « les avis très critiques de l’Autorité environnementale nous ont permis d’améliorer le projet. Ce sont 500 ha de compensation environnementale qui sont prévus. A l’issue de l’enquête publique à l’été 2023, l’avis rendu est favorable. Les études se poursuivent. 2024 va être l’année de la consolidation sur le plan du financement. Le CPER des Hauts-de-France réserve 98 millions d’euros à Cap 2020 ; nous allons demander un financement européen. Une décision définitive pourrait avoir lieu en fin d’année 2024 ».

Zone SRD. Les 80 ha de l’ancienne friche de la raffinerie SRD sont progressivement restituées à Dunkerque Port après déconstruction et dépollution et deux projets sont déjà prévus :

  • 9ha dédiés à la création d’un terminal de logistique de voitures neuves pour Ceva Logistics,
  • 17ha dédiés à la création d’une unité industrielle permettant la conversion de CO2 en carburant de synthèse (projet Reuze d’Engie Thermique France).

Enfin, un projet de centre de logistique urbaine porté par le groupe Idec, qui a repéré un bâtiment, situé bord à quai, au môle 2 a vu le jour ; aucune date n’est encore annoncée pour une concrétisation, c'est trop tôt.

En termes d’investissements, Dunkerque Port prévoit 160 millions d'euros en 2024, une multiplication par deux comparativement à 2023 et presque 4 fois plus par rapport à 2022.

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