« La desserte ferroviaire du port de Bruxelles était enlisée dans un imbroglio juridique dont nous avons pu la sortir par la concertation avec Infrabel et la région bruxelloise », a rappelé le ministre fédéral de la mobilité, Georges Gilkinet, lors d’un point presse organisé fin septembre 2023. La concertation a débouché sur un accord entre les parties concernées, c’est-à-dire le gestionnaire d’infrastructure Infrabel, le propriétaire du terrain (dit de Schaerbeek Formation) SFPIM Real Estate, le port et les deux gouvernements (fédéral et régional).
Un tracé modifié. La solution mise au point permet de connecter de nouveau le port de Bruxelles au réseau ferré national, avec un tracé légèrement modifié qui ouvre également des perspectives de développement aux 60ha du site de Schaerbeek Formation. Le tracé part du port, traverse l’avenue de Vilvoorde pour entrer dans ce site et parvenir à la gare. La connexion ferroviaire va aussi bénéficier au terminal à conteneurs dont les travaux d’extension ont commencé en 2022 avec l'objectif de développer le transport par voie d’eau.
Pour Gert Van der Eeken, pdg du port de Bruxelles : « Reconnecter l’avant-port au réseau ferroviaire est incontestablement un aboutissement que nous saluons, et pour lequel nous nous sommes battus depuis plusieurs années. Car il est indéniable que la multimodalité est l’un des atouts majeurs d’un port et qu’elle sort renforcée de cet accord ».
Un port trimodal. Après une première phase de travaux, le port de Bruxelles va ainsi devenir trimodal (eau-rail-route) à partir de la fin juin 2024. L’objectif est que le terminal à conteneurs offre des liaisons ferrées directes vers le reste de la Belgique et de l’Europe. « Le raccordement sera d’abord sans électrification ni signalisation mais permettra d’opérer quelques trains entre le port et le réseau ferré national », précise Infrabel. Une deuxième phase de travaux est prévue pour électrifier la ligne puis « d’autres ajustements suivront ». Le calendrier court jusqu’en 2030, le montant total de l’investissement atteint 10 millions d’euros.
Moins de camions. La démarche s'inscrit dans une stratégie plus large de la région Bruxelles pour mettre en place une logistique basses émissions nommée « Green Deal pour la logistique urbaine » (voir article de NPI) C'est ce qu'a souligné Alain Maron, ministre du gouvernement de la région Bruxelles, en charge de la transition climatique et de l’environnement, et du port : « Le retour du fret ferroviaire au port de Bruxelles était un de mes objectifs afin de réduire la pollution de l’air liée au trafic routier. Avec l’extension du terminal à conteneurs, le développement de centres de distribution urbaine et la liaison ferrée, nous allons améliorer l’approvisionnement de Bruxelles, tout en diminuant le nombre de camions sur nos routes afin de rendre la ville plus agréable à vivre. Des projets qui s’inscrivent dans la stratégie climatique régionale, nationale et européenne ».
Doubler la part du fret ferroviaire. Une analyse et une ambition partagée par Georges Gilkinet : « En renouvelant la connexion entre le train et le port de Bruxelles, nous offrons de nouvelles opportunités logistiques pour toutes les entreprises qui souhaitent réduire leur empreinte carbone et diminuons la pression routière sur toute la région bruxelloise. L'objectif est clair : nous voulons doubler le volume de marchandises transportées par rail d'ici 2030 et ce nouveau tracé y participe, tout en assurant le développement économique du port. Grâce à la remise en état de cette liaison ferroviaire, ce sont potentiellement 18500 camions en moins chaque année sur les artères bruxelloises. C’est bon pour l’économie, pour le climat, pour la sécurité routière et pour la qualité de vie habitants ».