Passées les années de la pandémie, le port d’Arles retrouve de la vigueur en 2022 et son directeur le sourire… « Nous connaissons un très fort rebond après deux années médiocres, marquées par les effets du confinement et de l’interruption du trafic fluvial pendant 40 jours provoquée par l’incident sur l’écluse des Sablons. Sur les neufs premiers mois de 2022, le chiffre d’affaires est en hausse de +44 %. Le troisième trimestre s’achève sur un tonnage cumulé de 276 180 t », souligne Benoît Ponchon, directeur du port d’Arles, laissant augurer un nouveau record si les trafics du dernier trimestre sont au rendez-vous.
La nouveauté des conteneurs
Grande nouveauté de 2022, l’arrivée en mars d’une activité conteneurisée pour le compte d’Electrosteel. En provenance d’Inde, les conteneurs de 40 pieds, chargés chacun de 32 t de canalisations en fonte, sont transbordés à Fos-sur-Mer sur une barge à destination du port d’Arles. « De mars à fin septembre, plus de 3000 EVP ont été déchargés du Condor, navire affrété par MSC et opéré par Greenmodal, soit l’équivalent de 4000 camions ôtés à la route. Nous avons débuté le déchargement avec les moyens du bord avant d’investir 250000 euros dans l’achat d’un Reach Stacker livré en octobre. Une logistique vouée à éviter de parcourir 376000 km sur la route », se réjouit le directeur.
Autre nouveauté sur le port, l’arrivée de trains complets en provenance du Nord de l’Italie chargés de fers à béton pour les ouvrages locaux. Ce train, composé de dix wagons, décharge la moitié de son fret à Lyon avant de mettre cap au sud. « Nous n’en sommes qu’au début, mais nous souhaitons vraiment développer le ferroviaire », précise Benoît Ponchon. A ce stade, l’opération conduite par Fret SNCF représente une fréquence tous les quinze jours.
De janvier à fin septembre 2022, les céréales atteignent 52700t (+106%). Blé tendre et orge, achetés par des courtiers, descendent en barge de la Saône et du Rhône avant d’être expédiés en Italie. Très forte croissance également des flux de bois (+169%) qui totalisent 44780t (dont 5280t de sciage exporté vers le Maghreb et 39500t de plaquettes pour alimenter la centrale biomasse de Gardanne).
Totalisant 26254t, les minéraux progressent de +8% et les engrais de +41 % avec un trafic cumulé de 21215t à l’import pour le compte de Sud Engrais Distribution qui a noué un partenariat avec Haïfa Chemicals. L’engrais remonte ensuite par barge le long du Rhône et fait une halte à Villefranche et Salaise pour alimenter les agriculteurs positionnés sur l’axe. Bon client du port d’Arles, Sud Engrais Distribution se développe sur trois entrepôts complémentaires de 1200 m2 chacun pour stocker les big bags d’engrais. En augmentation aussi, les produits métallurgiques (22651t, +48%) constitués de bobines d’acier expédiées depuis le port italien de Tarente et destinés à Socova à Sénas.
La CCI sera candidate pour le renouvellement de la concession
Plus surprenant, le trafic de cendres volantes (+46%, 69000 t manutentionnées sur neuf mois). « Ces cendres, importées d’Italie, issues de la combustion des centrales thermiques peuvent entrer jusqu’à 20% dans la composition du ciment sans en altérer ses caractéristiques tout en le « décarbonant » en partie », précise Benoît Ponchon. Un flux de trafic commercialisé par Surschiste, filiale de Gazel Energie, exploitant les centrales de Gardanne et de Saint-Avold. Il ne faut pas oublier le projet d’usine de recyclage du plastique porté par Quality Circular Polymers (QCP) avec l’obtention en juillet 2022 d’un permis de construire au Nord du port d’Arles.
Gestionnaire de ce port jusqu’en 2023, la CCI d’Arles attend d’ici la fin de l’année, la publication par la CNR de l’appel à manifestation d’intérêt. « Nous serons candidats, nous venons d‘acquérir un Reach Stacker et préparons notre plan de développement « Port 2024 » assorti d’investissements importants afin de démontrer notre ambition et les opportunités commerciales », affirme Stéphanie Leblanc, élue à la CCI et déléguée au port fluvial.