Au cours des 15 dernières années, la région Bretagne est devenue compétente pour organiser l’activité de 20 ports maritimes sur son territoire qui apparaissent très divers en taille, activité, trafic et mode d’organisation :
- En 2007, les ports de Brest, Saint Malo et Lorient, à vocation industrielle, ont été transféré de l’Etat vers la région,
- En 2017 (en application de la loi NoTRE de 2015), les ports de Saint Brieuc, Roscoff et Concarneau, où sont présentes des activités de commerce, ferry et réparation navale, ont eu aussi été transférés. Sans oublier 14 autres sites concernés par la desserte maritime des îles bretonnes.
« Au service de leur territoire, ces ports accueillent des activités et trafics de marchandises, de pêche, de réparation navale, de transports de passagers et de loi- sirs. Avec plus de 7 millions de tonnes de marchandises traitées par an, ils représentent près de 2 % du trafic national », indique le conseil régional dans un document d’information publié à l’occasion des 3 jours de réunion de cette institution à la mi-octobre 2023.
« C’est une grande fierté de piloter les ports, mais c’est aussi d’une complexité redoutable », a relevé Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, le 11 octobre 2023 dans son discours d’ouverture de la session du conseil régional au cours de laquelle les élus régionaux ont débattu et adopté une nouvelle « stratégie régionale portuaire » pour la période 2023- 2033, résultat d’une concertation lancée il y a un an. La précédente stratégie datait de 2009.
Une vocation. « Les 20 ports de la région doivent conforter la vocation maritime de la Bretagne mais aussi se mettre au service du développement durable du territoire dont la décarbonation du transport ».
La nouvelle stratégie « a vocation à s’articuler avec la politique régionale mer et littoral mais aussi avec la stratégie régionale des transitions économiques et sociales (SRTES), le SRADDET et les futures feuilles de route halieutique, énergies marine, formations maritimes et nautisme ».
Pour les élus, les sites portuaires « sont des lieux appropriés pour expérimenter et ouvrir la voie aux transitions tant sur le champ économique qu’écologique, technologique ou logistique et ce, en lien avec les acteurs locaux. L’avenir des places portuaires bretonnes repose donc sur une plus grande capacité à se projeter, à anticiper les mutations et à concevoir les solutions innovantes pour asseoir leur développement ».
Quel est le contenu de la stratégie régionale portuaire bretonne ?
La stratégie régionale portuaire bretonne comporte 4 volets :
- « Une gouvernance régionale et une approche territoriale guidée localement par les acteurs concernés, dans le respect des spécificités de chaque place portuaire,
- Des ports au service de la transition énergétique pour aller vers la décarbonation des sites et du transport (propulsion à la voile ou électrique, EMR et ENR, carburants alternatifs… ),
- Des ports facilitateurs, incitant et accompagnant les mutations des filières et entreprises présentes dans leurs territoires respectifs,
- Des ports exemplaires, propres, sobres, producteurs d’énergie renouvelable et d’économies circulaires ».
Concrètement. La stratégie va se décliner dans chaque place portuaire, « sous la forme d’un plan d’actions construit avec la communauté portuaire, sous le pilotage des présidents de conseil portuaire. Chaque plan fixera des objectifs qui prendront en compte les enjeux du foncier, du développement de l’activité ou encore des modalités de gouvernance du port. Cette méthode garantira une déclinaison adaptée et partagée de la feuille de route portuaire, permettant de concilier enjeux régionaux et réalités locales ».
Financement. La région précise : « Au terme des dernières négociations sur le volet « mobilités » du contrat de plan État-région (CPER), il a été acté que l’engagement de l’État serait abondé d’au moins 30 M€ en faveur du développement portuaire breton, en plus des 20 M€ déjà inscrits au contrat sur la période 2023-2027. Un soutien nécessaire pour que les ports régionaux d’intérêt national puissent répondre aux enjeux de décarbonation ».
Le CPER 2023-2027 en bonne voie
Le CPER 2023-2027 et plus particulièrement son volet « mobilités » a en effet aussi été à l’ordre du jour de la réunion du conseil régional du 11 au 13 octobre 2023 et progresse apparemment de manière satisfaisante.
« Après plusieurs semaines de négociations, l’État, la région et l’ensemble des collectivités bretonnes sont parvenus à un projet d’accord sur les grands équilibres du volet « mobilités » du CPER ».
Les montants. Celui-ci est doté de 686 M€ de crédits nouveaux, auxquels s’ajoutent donc les 30 M€ pour accompagner le développement portuaire breton tel que prévu par la stratégie régionale. Sachant que le CPER prévoit également 20 M€ dans son volet maritime. La participation de l’État à ce CPER atteint 233 M€ à part égale avec la région.
Relever le défi du fret ferroviaire. Le rail fait partie des « enjeux » du prochain CPER mis en avant par la région qui affiche une volonté « d’augmenter l’usage du train pour favoriser le report modal en développant les infrastructures ferroviaires, améliorer l’accès à la pointe bretonne et au Centre Bretagne, assurer une desserte fine et durable de tous les territoires et relever le défi du fret ferroviaire ». L’enveloppe atteint 64 M€ pour le fret ferroviaire dans le CPER 2023-2027.
« La Bretagne doit contribuer à l’objectif de décarbonation des transports et s’inscrire dans la stratégie ferroviaire nationale qui vise à doubler la part du fret par rail pour passer à 18%, en 2030, et à 25% en 2050 », selon les élus du conseil régional.
Pour y parvenir, il est prévu de recréer une « offre mer+fer » :
- En réhabilitant des voies ferrées portuaires à Brest et Lorient.
- En organisant le développement du transport combiné à travers la Bretagne et de la Bretagne vers le reste de la France, via le développement du centre de transport combiné (CTC) de Rennes.
- En maintenant des connexions aux entreprises créatrices de flux et celui du patrimoine existant. Cela passe par la remise en état des lignes Auray-Pontivy-Saint Gérand et Vitré-Gerard (Montreuil-sous-Pérouse), et la remise en service de certaines installations terminales embranchées (ITE).
- En menant des études en prévision d’investissements à plus long terme (plateformes de massification, mise en place d’un opérateur ferroviaire de proximité…).