La transition énergétique et l’hydrogène « vert » à partir d’énergies renouvelables sont prioritaires pour Duisport (Duisbourg), comme le montrent les récents accords de coopération signés avec Anvers, Amsterdam, Rotterdam, ainsi que le lancement des travaux d’un nouveau terminal à conteneurs présenté comme « climatiquement neutre ».
Du début du printemps à la rentrée 2022, Duisport a signé trois accords de coopération, avec Anvers-Bruges en septembre, avec Amsterdam en juin, avec Rotterdam en mai. Les trois accords montrent une priorité accordée à la transition énergétique des activités portuaires et logistiques plus particulièrement axée sur l’hydrogène « vert » c’est-à-dire produit à partir d’énergies renouvelables.Se déclarant convaincus que « le système énergétique européen va se concentrer de plus en plus sur les sources d'énergie durables avec un rôle crucial des vecteurs d'hydrogène vert », Duisport et Anvers-Bruges font part de leur volonté de « construire une chaîne d'approvisionnement internationale pour l'hydrogène dans laquelle les deux partenaires deviennent des hubs hydrogène centraux pour l'Europe. Le développement de solutions d'importation, de stockage et de distribution d'hydrogène vert sous diverses formes est donc l'un des principaux piliers stratégiques de la coopération entre les deux ports ».Pour atteindre cet objectif, les deux ports envisagent de « mettre en place une navette ferroviaire à haute fréquence en plus des raccordements de pipelines prévus ». L’idée est « d’établir le rail comme un « pipeline roulant ». Les deux ports vont aussi travailler au « développement d'équipements de manutention portuaire respectueux de l'environnement ».Pour Duisport et Anvers, la dimension est clairement européenne en s’inscrivant dans les objectifs de « neutralité climatique en 2050 » pour leurs activités mais aussi toutes les autres et en voulant se positionner comme des hubs d’approvisionnement à l’échelle de l’Union européenne : « Pour réaliser le plan ambitieux de devenir un continent climatiquement neutre, nous devons garantir à l'industrie européenne un accès fiable et sécurisé aux sources d'énergie renouvelables. L'importation, la transmission et la distribution de molécules vertes nécessitent des solutions à court, moyen et long terme. Le développement d'un système d'approvisionnement multimodal robuste sera fondamental pour concrétiser le changement ».Il y a ainsi la volonté d’avancer, dès maintenant, sur l’hydrogène renouvelable, considéré comme devant jouer un rôle crucial dans la conversion vers des transports terrestres et maritimes sans énergie fossile, afin de ne pas manquer le rendez-vous à terme quand la demande sera là.
Un nouveau terminal à conteneurs en 2023
Concernant la transition énergétique, l’accord entre Amsterdam et Duisport prévoit que les deux partenaires « exploreront conjointement le potentiel de plusieurs technologies de transport d'hydrogène, dans le but d'établir une chaîne d'approvisionnement internationale. L'importation, le stockage et la distribution de vecteurs d'hydrogène vert vont jouer un rôle déterminant pour permettre la transition énergétique dans les secteurs industriels et maritimes ».La coopération va permettre à Duisport d’être impliqué dans le consortium H2A dont fait partie Amsterdam et qui « vise l'importation d'un million de tonnes d'hydrogène vert au port néerlandais et comprend d’autres acteurs de l'industrie de l'hydrogène ». L’idée est de faciliter le transport de cette énergie entre les deux ports qui sont directement reliés par le Rhin mais aussi par la route, et qui s’ajoutera aux flux déjà existants.Pour Duisport, l’hydrogène « vert » trouve aussi sa place dans son futur nouveau terminal à conteneurs (Duisburg Gateway Terminal, DGT, 235 000m2) présenté comme « climatiquement neutre » et dont la première pierre a été symboliquement posée en mars 2022. Construit sur un ancien site industriel (charbon), il devrait être achevé et mis en service à partir de la mi-2023. Sa « neutralité climatique est basée sur l'hydrogène » et « l'utilisation de nouvelles sources d'énergie pour les opérations portuaires ». La construction d'une station-service à hydrogène et d'un électrolyseur pour la production d'hydrogène à partir d'énergies renouvelables est prévue. Sont aussi prévus des panneaux photovoltaïques « en conjonction avec des batteries et de l'hydrogène vert », l'exploitation des installations par un contrôle intelligent, des « micro-réseaux » (qui sont de petits réseaux énergétiques locaux -électricité, chauffage et refroidissement- qui alimentent les entreprises et autres clients en énergie). « Une interface » sera mise en place « avec les marchés de l'énergie conventionnels ». Il est aussi programmée la fourniture d’énergies supplémentaires aux quartiers voisins.
La transition numérique aussi
Dans le cadre de la coopération avec Rotterdam, la réalisation d’études est prévue pour déterminer la pertinence éventuelle de « développer des hubs hydrogène, Rotterdam en tant que future « passerelle hydrogène » vers l'Europe et Duisport en tant que plaque tournante pour l'Allemagne ».La coopération avec Rotterdam est aussi orientée vers la transition numérique et la digitalisation avec « le projet d’examiner l’intérêt de relier les systèmes d’information de Rotterdam (PortBase) à celui de Duisbourg (RheinPorts) et d'apprendre des initiatives de chacun dans le domaine des projets de jumeau numérique ». Les deux ports estiment que « la numérisation et le partage des données pourraient notamment encore accroître les trafics ferroviaires de conteneurs entre les deux sites ». Chaque année plus d'un million d'EVP de conteneurs sont échangés entre les deux ports par le rail.En 2021, pour Duisport, les conteneurs ont représenté 4,3 millions d'EVP (+2 % comparativement à 2020) et les différents sites de Duisbourg ont traité un total de 111,1 millions de tonnes de marchandises (par rapport à 110,4 millions de tonnes en 2020).Duisburger Hafen AG (Duisport) est la société propriétaire et gestionnaire du port de Duisbourg. Le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie et la ville de Duisbourg détiennent respectivement les deux tiers et un tiers du capital social de la société.