Le port ukrainien d’Ochakov est membre de la Fédération européenne des ports intérieurs (FEPI) depuis 2007 tandis que l’Ukrainian Sea Port Authority a adhéré à cette organisation en 2019. L’ensemble des ports de ce pays, les personnes qui y travaillent et, en fait, tous les citoyens ukrainiens sont des cibles dans la guerre d’invasion déclenchée par le président de la Russie depuis le 24 février 2022.
Devant cette situation, la FEPI a fait part « de son inquiétude, de sa solidarité et de sa sympathie à l’égard de ses collègues des ports ukrainiens et à tous les citoyens ukrainiens. Nos pensées les accompagnent tous » alors que « parmi tous les dégâts résultant des actions militaires, les ports ukrainiens ont également été touchés ».
Cette organisation rappelle que « les ports ne sont pas seulement des zones de connexion et d’échange pour le transport mondial de marchandises mais aussi des symbole de la connexion de personnes sur cette terre à travers des biens et des services dont tous bénéficient ».
Au-delà des faits au jour le jour, une population civile prise au piège
Le 24 février 2022, la Russie a lancé une invasion de l’Ukraine et le conflit se poursuit plus d’une semaine après. Bien évidemment, tout ceci contrarie les activités portuaires, maritimes, logistiques, et, plus globalement, nombreux sont les secteurs économiques déjà perturbés ou qui vont l’être compte tenu aussi des sanctions prises à l’égard de la Russie par de nombreux pays, ceux de l’Union européenne, mais aussi les Etats-Unis, etc.
Il y a des faits et des décisions au jour le jour comme des fermetures de ports ou leur inaccessibilité, une traque aux navires russes, l’interdictions de survol aérien, des cessations de services maritimes vers l’Ukraine et la Russie, une perturbation des flux, une variation des taux de fret …. Sans oublier, la hausse les prix des matières premières (céréales, gaz, pétrole…)…
Concernant l’application des sanctions, selon l’administration française, 5 navires russes ont été interceptés et immobilisés au cours des derniers jours, le premier à Boulogne-sur-Mer dans la nuit du 25 au 26 février (Baltic Leader chargé de véhicules pour Saint Petersbourg), un deuxième le 27 février sans marchandises dans un bassin ouest du port de Marseille (vraquier Victor Andryukhin) un autre à Lorient dans la nuit du 27 au 28 février (Pola Ariake chargé de tourteaux de soja en provenance d’Ukraine)…
Qui dit navires (dont certains ont été pris pour cibles) dit marins et équipages. Un communiqué de presse d’Armateurs de France du 2 mars 2022, souligne : « La priorité est de protéger les marins, et ce, quelles que soient leurs nationalités ». Les marins russes et ukrainiens représentent 14,5 % de la main-d'œuvre mondiale du shipping, selon la source Seafarers Workforce Report 2021.
Il ne faut pas non plus oublier la nécessité de maintenir la liberté de la navigation dans la mesure du possible ne serait ce qu’en vue d’éventuels « couloirs humanitaires ».
Concernant le ferroviaire par la nouvelle Route de la Soie, selon les experts d'Ovrsea, « freight forwarder digital français », dans un communiqué du 2 mars 2022, c’est « la grande perdante du conflit en Ukraine en matière de transport. Le niveau d’incertitude est maximal : le réseau ukrainien serait détruit et la principale porte d’entrée en Europe depuis la Chine n’est rien d’autre que la Biélorussie, proche alliée de Moscou »…
Au-delà des faits et des décisions au jour le jour ou de premières analyses, la situation à plus long terme et les effets et conséquences de ce conflit, en cours, et des sanctions ne sont pas encore bien connus, il faut et faudra du temps pour les évaluer… Ils pourraient être d’autant plus élevés que tout ceci arrive après deux ans de crises sanitaire et économique.
Des populations civiles sont prises dans ce conflit, cherchent un refuge (plus de 1,2 million, selon un décompte au 4 mars 2022) loin d’une guerre voulue par un dirigeant depuis trop longtemps au pouvoir sans contre-pouvoir dans un Etat autoritaire. Un dirigeant que l’on qualifie de « fou » de manière inconsidérée et infondée.
La manière dont se déroule le conflit montre que tout a été pesé, pensé, préparé de manière rationnelle et délibérée, même si certains mots employés peuvent étonner en 2022 (« dénazification »…) si l’on oublie que tout le discours de ce dirigeant n’est qu’un tissu de mensonges et de propagande au seul profit de la justification de sa volonté de repousser des frontières en employant la force et en foulant au pied les choix démocratiques de citoyens.