Les Ports de Strasbourg, VNF et SNCF Réseau vont susciter un brassage d’idées (ou « hackathon ») pour chercher de nouvelles solutions de combinaisons des modes alternatifs à la route. De premiers chiffres sur 2022 ont aussi été communiqués.
Un « Laboratoire d’innovation pour le multimodal rhénan », en abrégé LI-MR : ainsi s’intitule l’initiative que Voies navigables de France, SNCF Réseau et les Ports de Strasbourg mettent en place au long de cette nouvelle année 2023.
« On peut la ranger dans la catégorie des hackathons », explicite Yann Quiquandon, directeur territorial de VNF. Le principe : réunir tous les acteurs locaux du transport (chargeurs, opérateurs, logisticiens…) afin de susciter une effervescence intellectuelle collective d’où doivent sortir « des idées neuves, même déstabilisantes », selon Yann Quiquandon, pour des solutions multimodales nouvelles devant renforcer le poids du ferroviaire et de la voie d’eau dans le fret régional alsacien.
Dans quelle mesure ce brassage d’idées débouchera-t-il sur des propositions inédites par rapport à celles déjà avancées depuis de nombreuses années et encore en attente de concrétisation, comme les circuits courts de transport de déchets dans l’agglomération strasbourgeoises ? L’avenir le dira. « Il y a lieu de tenter. L’objectif consiste à inventer des transports « bas carbone » pour des circuits aujourd’hui réalisés par la route », poursuit Yann Quiquandon.
Un exemple à Lauterbourg
Le trio d’initiateurs de ce « hackathon » voit comme une préfiguration de la démarche le trafic qui a été organisé en décembre 2022 : une expédition par le train (sur 900 km) et par la barge (50 km) de palplanches depuis la République tchèque jusqu’au nouveau terminal de Lauterbourg qui a accueilli à cette occasion son premier train. La solution s’est jouée des multiples obstacles à la circulation ferroviaire d’un pays à l’autre, de façon à respecter la clause de transport en mode doux introduite par VNF dans un marché pour le début de la rénovation pluriannuelle des écluses de Gambsheim.
Les trois partenaires ont annoncé le lancement du LI-MR le 6 janvier 2023 lors d’une rencontre destinée à afficher un profil de « communauté portuaire », en y associant les utilisateurs via le Groupement des usagers du port de Strasbourg (GUP) représenté par Guy Erat (Danser France).
« Nous cherchons à jouer collectif », a appuyé Anne-Marie Jean, présidente des Ports de Strasbourg. Cette attitude se veut offensive, de sorte à faire gagner des parts modales au rail et à la voie d’eau. Elle trouve son cadre dans la convention VNF-SNCF Réseau signée en juin 2021 à Strasbourg (voir article de NPI).
Effet « solidarité »
Ce rapprochement se veut aussi réactif aux situations de crise et de difficulté, à l’instar des basculements en 2022 de flux vers le ferroviaire durant les périodes de basses eaux du Rhin. « Cette solidarité entre les modes a fonctionné en 2022, encore plus qu’en 2018 (lors du précédent épisode d’envergure, NDLR) », a estimé Claire Merlin, directrice générale des Ports de Strasbourg. Elle a abouti à maintenir une croissance (+6 %) du trafic conteneurs tous modes confondus sur l’ensemble de 2022 à Strasbourg (près de 400 000 EVP) grâce au ferroviaire et malgré une diminution de -7 % du mode fluvial. La période cumulée d’étiage a été certes conséquente, mais moitié moindre que quatre ans auparavant (50 jours contre 107), et elle n’a entraîné aucune interruption de la navigation sur le Rhin.
Quant à l’ensemble du trafic strasbourgeois en 2022, en attendant une présentation plus détaillée dans une dizaine de jours, la direction a indiqué une baisse de -9 % (soit un total de 6,3 millions de tonnes) bien moins importante que les -26 % de 2018.
À la fin du mois de novembre 2022, 13,6 millions de tonnes de marchandises cumulées ont été enregistrées aux écluses de Gambsheim contre 15,8 millions de tonnes sur la même période en 2021, soit une différence de -14 %.