« En 2022, le niveau des activités a été conforme au plan d’affaires pour le port rhénan de Colmar-Neuf Brisach », indique Jean-Marc Thomas, directeur général de Rhenus PartnerShip France. Pour l'exploitation de ce port, la filiale française du groupe Rhenus est majoritaire avec 51 % des parts de la Semop (société d'économie mixte à opération unique) aux côtés du SMO (syndicat mixte ouvert, 34 %) et de la Banque des territoires (15 %). La concession a été attribuée pour une durée de trente ans le 1 avril 2021, soit il y a un peu plus de deux ans désormais.
Où en sont les investissements prévus ?
L’un des axes prévus par le contrat de concession concerne la modernisation de l’infrastructure portuaire actuelle avec un plan d’investissement d’un montant de 15 millions d’euros supportés par la Semop.
Dans ce cadre, plusieurs chantiers ont déjà été réalisés, sont en cours ou vont bientôt commencer :
- Des travaux de terrassement et de stabilisation ont été réalisés sur l’ancien parc à grumes situé en arrière-quai. Une nouvelle zone de stockage de 8 500 m² est ainsi opérationnelle depuis fin avril 2021. Sont à disposition des surfaces de stockage de 35 600 m² en extérieur et 11 600 m² sous entrepôts, pour différents types de produits vracs, conventionnels, conteneurs, colis lourds ou semi-lourds.
- L’acquisition d’une nouvelle grue (de marque Liebherr) pour équiper en propre le port d’un outillage adapté à la manutention de pièces et colis exceptionnels jusqu’à 440 tonnes se finalise actuellement.
- Avant l’installation de ce nouvel outillage, des travaux de génie civil sur les quais pour les renforcer et d’autres aménagements sont en cours et vont s’achever à la fin juin 2023. « Nous serons opérationnels début juillet. Le port va ainsi disposer de ses propres ressources en matériel, en personnel, en expertise de chargement pour cette activité ». Une inauguration est prévue en septembre.
- La réfection du portique existant pour le chargement/déchargement de bateaux va être lancée cette année 2023. Elle va se dérouler en plusieurs phases, le défi étant de rénover l’équipement tout en continuant à pouvoir l’exploiter pour les opérations. Le coût est évalué à 800 000 euros pour cette maintenance particulièrement lourde et à fond du portique (structure, mécanique…).
Qu’en est-il de la zone dite « EcoRhena » ?
Le contrat de concession prévoit également le développement de la zone dite « EcoRhena » (à 8 km au sud du site de Colmar) située le long du canal d’Alsace, qui s’inscrit dans le cadre du programme « post-Fessenheim ».
Le plan d’aménagement/implantation de la parcelle n°7, dévolue à des activités portuaires, est finalisé. C’est la parcelle la plus au nord de la zone, avec un terrain d’environ 7 hectares. L’objectif est d’augmenter les capacités d’accueil du port avec cette nouvelle surface. Les processus administratifs et réglementaires suivent leur cours.
L’un des points importants dans le cadre de la Semop est de ne pas prendre de retard sur les projets et investissements prévus. Sachant que pour ceux sur la zone « EcoRhena », les enjeux sont importants pour la vitalité économique du territoire mais tout est complexe vu l’ampleur du projet, des transformations, des attentes, le nombre de communes concernés, de riverains… « Il n’y a pas d’autres voies que le dialogue et la discussion, le respect des exigences réglementaires », dit Jean-Marc Thomas.
Le modèle de la Semop pour la gestion du port rhénan de Colmar-Neuf Brisach, avec son caractère toujours unique en France d’un actionnaire privé majoritaire, continue à bien fonctionner, pour le directeur général : « La construction publique/privée est et demeure originale. Nous continuons à apprendre tout comme nos partenaires. Il y a des progrès sensibles et réguliers dans l’organisation et la définition des obligations de chacun. Il n’y a aucun recul en France sur un tel montage juridique ».
Pourquoi une nouvelle dénomination ?
Ce responsable conclut en évoquant le changement de nom depuis le 23 mars 2023 de la filiale française de Rhenus qui n’est donc plus CFNR Transport :
- « Ce n’est pas un événement anodin ni un processus anormal. Nous avons décidé d’avoir une même dénomination par pays pour avoir une marque lisible partout en Europe par nos clients. En termes d’exposition et d’affichage, c’est plus cohérent.
- En 2015, nous avons fait le bon choix de repreneur et nous sommes dans le groupe Rhenus depuis cette année-là. Nous n’avons alors perdu aucun client, le transfert d’activité s’est effectué sans aucune perte de clientèle.
- Nous agirons, nous Rhenus Partnership France, sous cette dénomination pour toutes nos activités dans le pays, y compris en dehors du transport, c’est-à-dire y compris les activités de manutention, de prestations de services ».
Et l'évolution de la gouvernance des ports lorrains ?
Dans le cadre d’une concession « classique », depuis le 1er juillet 2021 et pour 30 mois, soit jusqu’au 31 décembre 2023, Rhenus PartnerShip France a été choisi par le SMO des ports lorrains, constitué de VNF et de la région Grand-Est, pour exploiter temporairement les ports publics et privés qui jalonnent la Moselle sur 158 kilomètres en Lorraine. Il s’agit des 9 ports suivants : Toul, Frouard, Maxéville, Belleville, Metz Mazerolle, Nouveau Port de Metz, Thionville, Koenigsmacker et Cattenom.
Comme annoncé en 2021, le SMO a poursuivi sa réflexion en vue de trouver une solution de long terme pour la gestion de ces ports à partir de 2024 et a lancé un nouvel appel d’offres avec une date d’échéance pour la remise des dossiers des candidats ce mois de juin 2023.
La suite de la procédure doit suivre, avec l'objectif qu’elle aboutisse avant la fin de l’année. A défaut, il faudrait prolonger une nouvelle fois la concession actuelle, par exemple d’un semestre.