Toujours attaché en priorité au fluvial, l’opérateur rhénan Haeger & Schmidt s’adapte toutefois à la demande, en renforçant ses offres en route et en ferroviaire. Avec, pour celui-ci, une quatrième rotation entre Strasbourg-Kehl et Rotterdam.
Haeger & Schmidt Logistics (H&S) boucle, sans doute provisoirement, la séquence récente de montée en puissance de l’offre de conteneurs ferroviaires au départ et à destination du port de Strasbourg. Après les liaisons supplémentaires respectives de Naviland Cargo vers Zeebrugge et Multi Modal Rail (MMR) vers Rotterdam, au second semestre 2021, c’est au tour de l’opérateur rhénan de mettre en place, depuis le début 2022, une navette entre Strasbourg et Rotterdam. Elle s’ajoute aux trois reliant le grand port néerlandais à Kehl, et constitue donc la première prolongation sur la rive française du Rhin de ce trajet. Le train concerné, d’une capacité de 92 EVP, quitte Rotterdam le lundi soir avec ses boîtes de 40 pieds pour rejoindre le port alsacien le lendemain en début d’après-midi, d’où il repart chargé cette même soirée du mardi et revenir le mercredi matin à son point de départ. Il est tractionné par Ruhrtalbahn, à l’instar des autres navettes H&S Kehl, et Captrain France (ex-VFLI) fournit l’indispensable locomotive interopérable entre les réseaux français et allemand.Le panel de marchandises transporté repose sur le bois, le papier et des biens industriels lourds (machinisme agricole avec Kuhn, engins de travaux publics comme Liebherr). « Nous avons légèrement dépassé le seuil de 80 % de taux de chargement dans le sens de l’export que nous nous étions fixé pour la justification économique de lancer une telle offre », annonce Evelyne Hum, directrice de l’agence franco-allemande H&S de 23 collaborateurs répartis entre Strasbourg, Kehl et Weil-am-Rhein. La question capacitaire ne se pose pas vraiment en revanche à l’import : le train est systématiquement rempli de composants industriels et produits de consommation venus d’Asie.
Ramener les clients sur la voie d’eau
Dans sa quête de trafics venant de l’hinterland Bas-Rhin et Haut-Rhin pour l’essentiel, H&S a trouvé, malgré lui, le « renfort » du fluvial. « La quatrième rotation résulte aussi du besoin croissant des chargeurs de se prémunir contre les perturbations de navigation dues à l’hydraulicité du Rhin », relate Evelyne Hum. Sans s’en réjouir : opérateur fluvial avant tout, H&S en reste un promoteur fervent. « Un défi de cette année sera de faire revenir des clients à la voie d’eau, pour que celle-ci reste un mode de transport par choix, et non par défaut ». De même, l’agence Haeger & Schmidt s’est résolue à créer un département « tout route » en 2019, à la demande de clients surtout pour l’acheminement depuis la mer du Nord. Celle-ci ne s’est pas démentie, observe Evelyne Hum : « On a démarré avec un salarié et 10 camions et nous sommes aujourd’hui à quatre personnes et 35 camions par jour ».
Premières esquisses à Lauterbourg
Haeger & Schmidt Logistics a renforcé son ancrage alsacien en décrochant il y a deux ans l’exploitation du nouveau terminal du port de Strasbourg à Lauterbourg, en tant qu’actionnaire (à 15 %) de la société dédiée Lauterbourg Rhine Terminal (LRT) qui a été formée avec Paris Terminal (40 %), CFT-Sogestran (15 %) et le port autonome. La nouvelle infrastructure est restée depuis en rodage, le temps de l’installer et d’enclencher la prospection, dans un contexte compliqué par la crise sanitaire. LRT a toutefois entré ses deux premiers trafics en février 2022. « Cela représente une cadence de 50 conteneurs par mois. C’est un début, en somme », commente Evelyne Hum. Le nouveau portique Kunz de 29 conteneurs par heure trouve ainsi l’occasion de commencer à tourner. La grue pour colis lourds attendra le courant de l’année, au terme de plusieurs millions d’euros d’investissements. Chez Sogestran, on souligne l’effet positif pour Lauterbourg que va procurer l’acquisition, à l’été 2021, du hollandais Dubbelmann : « Elle apporte dans notre escarcelle une flotte de 14 bateaux sur l’axe mer du Nord – Rhin supérieur », souligne Ferenc Szilagyi, directeur marché multimodal de l’opérateur havrais.
