« Escale à Sète » : une vitrine de Port Sud de France à l’heure de la transition

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Si Sète est ce trait d’union entre le canal du Midi et celui du Rhône à Sète, son port au cœur de la ville doit relever nombreux défis : commercial, culturel, naturel, touristique. Pour ses 300 000 visiteurs, la vingtième édition d’« Escale à Sète », première fête maritime en Méditerranée, a été l’occasion d’une immersion dans l’actualité portuaire, fluviale et maritime. Tour d’horizon des tables rondes et des échanges.
C’est avec des trémolos dans la voix que le tribun Jean-Claude Gayssot a salué la vingtième édition d’« Escale à Sète » évoquant les valeurs de paix et de solidarité portées à l’honneur dans cette édition 2022. Tous les deux ans, pendant la semaine pascale, la plus importante fête du patrimoine maritime en Méditerranée s’installe au cœur de cette ville-port, baignée de lumière et d’eau. Escale à Sète, c’est plus de 120 bateaux historiques et de travail et une fréquentation de 300 000 visiteurs pour une ville qui compte 45 000 habitants. A côté du caractère festif et patrimonial, l’évènement est toujours l’occasion de rencontres professionnelles et politiques autour des activités du port de Sète-Sud de France, établissement public régional d'Occitanie, et deuxième plus grand port décentralisé après celui de Calais. Jean-Claude Gayssot, président du port et ancien ministre des transports du gouvernement Jospin, a souligné la spécificité d’une gestion publique d’un port construit à l’époque de l’achèvement du canal du Midi sur l’étang de Thau qui borde la ville. « La construction d’un port en eaux profondes est d’abord le projet d’un homme d’Etat. Louis XIV l’a bâti avec de l’argent public. Aujourd’hui encore, sur deux villes, Sète et Frontignan, ce sont trois ports, pêche, commerce et plaisance, qui travaillent en synergie à leur développement avec l’appui de l’Etat et des collectivités ». À Sète, « l’île singulière », toutes les activités du port se déploient en proximité et dans la ville avec les bateaux de pêche, amarrés sur le canal royal, de commerce, dont aucun Sétois ne peut rater l’arrivée, de croisières, patientant sous les balcons du front de mer. Sans oublier, ville dans la ville, la grande régie régionale où les huit bateaux techniques font face la criée. « Le port est un frère de la ville, a osé Wolfgang Idiri, grand organisateur de la fête. Pour Escale à Sète, nous donnons toujours une place centrale aux bateaux de travail. J’aime rappeler que lors de l’inauguration du port, en 1666, un vrai festival était organisé avec de grands décors peints montrant la potentielle activité et invitant à venir travailler ! » Chaque jour d’Escale à Sète, des rencontres et des tables rondes sont l’occasion de créer du lien et de mieux communiquer sur l’activité du port.

« Verdissement » et hydrogène

Lors d’un temps fort sur le « verdissement » du port de commerce, son directeur Denis Igert a valorisé « un port très en avance », notamment sur le photovoltaïque avec 64 000 m2 de panneaux solaires, la conversion d’une pilotine du diesel vers une propulsion 100 % électrique, l’entière électrification d’une darse. « Il est aussi nécessaire de diminuer les nuisances pour les habitants en prise directe avec les bateaux. Côtés armateurs, un système de classement restrictif a pour but de les encourager à moins polluer ». Dans les projets de transition énergétique, l’activité de Port Sud de France est au premier plan du développement d’une filière régionale hydrogène (voir l'article de NPI). Les bornes électriques à quai seront alimentées par de l’hydrogène « vert » mais le projet phare reste la future drague à pile à combustible hydrogène (HyDrOMer) produite par Alstom et prévue en 2023. « C’est une première en France et sûrement une première mondiale », commente le chef de projet Corentin Decaestecker, chef de projet HyDrOMer en région Occitanie. Fleuron de la régie régionale, la drague dont le coût s’élève à 32 millions d’euros TTC est financée par la région Occitanie avec un apport de l’Ademe (1 million) et du plan France Relance (2 millions). « Toutes nos politiques s’alignent sur le Green New Deal de la région. Avec Sète, nous sommes au cœur des problématiques de faire l’Europe et la région veut faire sa part », a souligné Sébastien Denaja, conseiller régional.

Renforcer les liaisons fluviales et ferroviaires

Le port de commerce développe aussi ses liaisons ferroviaires et fluviales. « Nous avons créé deux lignes ferroviaires -Sète-Cologne et Sète-Calais- et deux autres vers Paris et Bettembourg sont en projet », commente le directeur du port. Avec environ 5 millions de tonnes de trafic annuel pour 22 millions de chiffres d’affaires, le port de commerce est en croissance. Les liaisons fluviales ne sont pas oubliées. VNF, en partenariat avec le port, s’est engagé à achever la rénovation des berges du canal du Rhône à Sète. Une prouesse technique tant l’évacuation des sédiments restent problématiques. Ce canal, construit dans les étangs et haut lieu de la biodiversité, est protégé au titre Natura 2000. Concernant la vie marine, la station sétoise d’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) très présente à Escale à Sète s’est aussi saisie d’une table ronde pour exposer la situation de crise que vivent actuellement les pêcheurs. « Nous venons de vivre trois ruptures : la pandémie, un nouveau plan de gestion restrictif de reconstitution des populations (Westmed) et la hausse des prix du carburant. J’ai voulu saisir les politiques et donner une voix aux représentants de la pêche en plus de la nôtre », explique la directrice Maria Ruyssen. Aujourd’hui, Ifremer travaille sur d’importants projets de recherche pour améliorer la connaissance de la biodiversité fragilisée, la surveillance et sa modélisation. Autres temps fort de cette grande fête établie depuis deux éditions sous le grand patronat de l’Unesco : la solidarité et la lutte contre la pollution. En ces temps de multiples crises, les sauveteurs en mer, les bateaux solidaires (SOS Méditerranée) et les associations de lutte contre les pollutions ont été mis à l’honneur. Ces temps de rencontre ont été l’occasion d’attirer l’attention sur l’activité d’un port, ont facilité les rencontres professionnelles et, peut-être, suscité de nouvelles vocations.

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