Avec 51,7Mt (-1,7%), représentant près de 6,7 milliards de tonnes-kilomètres (-0,5%), le trafic fluvial de marchandises apparaît en recul en 2018 par rapport à 2017 en France, selon les données de l’établissement VNF, diffusées le 19 février 2019.
Ce résultat est largement « la conséquence des conditions climatiques particulièrement défavorables tout au long de l’année », crues et étiages, explique VNF. L’établissement estime que « sans ces aléas climatiques, la croissance du transport fluvial aurait pu être supérieure à 4% en 2018, avec un trafic proche des 7 milliards de t-km ».
Plus précisément, le trafic fluvial en France en 2018 « a dû faire face à la concomitance de deux phénomènes climatiques exceptionnels », qui ont eu des conséquences durables sur la navigation sur les 4 principaux bassins fluviaux nationaux : des crues importantes en début d’année sur la Seine et le Rhône puis des étiages de forte amplitude et de longue durée au second semestre sur le Rhin et la Moselle. Ces éléments ont engendré une diminution de trafic estimée à environ 335 millions de t-km.
Avec -6,3%, le trafic global de conteneurs se dégrade en 2018 par rapport à 2017. La forte perturbation à cause des basses eaux de l’activité des lignes conteneurisées sur le bassin rhénan (-34,8%) explique, à elle seule, ce résultat, souligne VNF. Hors Rhin, le trafic enregistrerait +2,8%.
Le bassin Nord-Pas-de-Calais connaît une croissance particulièrement élevée (+16%) grâce à l’intensification des navettes fluviales conteneurisées sur son réseau (109000 EVP). Sur le bassin Seine-Oise, le trafic reste quasi stable avec 263000 EVP (-0,2%). Les relations concernant les conteneurs maritimes sont, en revanche, en augmentation de 6,5% pour un total de 212000 EVP. La situation ne s’améliore pas sur le bassin Rhône-Saône : -2,8% et 84 000 EVP, « toujours affecté par les difficultés de manutention des bateaux fluviaux sur le port de Fos ».
Dynamisme sur Seine-Oise et Rhône-Saône
Dans ce contexte, VNF met en avant « une croissance du trafic intérieur de marchandises grâce au dynamisme des bassins Seine-Oise et Rhône-Saône. Les secteurs de l’agroalimentaire et des matériaux de construction sont les principaux utilisateurs du transport fluvial de marchandises ».
Avec 27,9Mt (+5,2%) et près de 4,2 milliards de t-km (+5,9%), le trafic fluvial intérieur de marchandises apparaît en essor grâce à de forts niveaux d’échanges opérés sur les bassins Seine-Oise et Rhône-Saône.
21,5Mt ont été transportés sur Seine-Oise (+ 3,8%) représentant 3,5 milliards de t-km (+3%) malgré des crues d’un niveau historique au premier trimestre 2018. 5,6 Mt (+7,8%) représentant presque 1,2 milliard de t-km (+5,2%) ont été transportés sur Rhône-Saône, en dépit, là encore, de crues ayant contrarié la navigation fluviale.
De son côté, le trafic fluvial international a sensiblement diminué en 2018, du fait d’un long phénomène d’étiages ayant largement perturbé la navigation sur les bassins rhénans et mosellans. « Sur le Rhin et la Moselle, ces étiages ont drastiquement limité le chargement des bateaux en provenance ou à destination des ports de la mer du Nord conduisant à des trafics historiquement faibles ». Le Rhin affiche une chute de -17,9% en tonnage à 10,7Mt et de -13,4% en prestation avec environ 986 millions de t-km. Pour la Moselle, c’est -4,9% en tonnage avec 5,6 Mt transportées et -8,7% en prestations (398 millions de t-km), malgré le fort dynamisme des céréales, filière prépondérante sur ce bassin.
Seul à ne pas avoir connu d’aléas climatiques en 2018, le Nord enregistre une croissance des volumes transportés (+4,5% à 9,1 Mt), mais une baisse en prestation (-4,5% pour 794 millions de t-km). Selon VNF, cette situation « s’explique par la part importante des flux céréaliers et le nombre limité de kilomètres fait sur le réseau français par ces trafics majoritairement internationaux ».
La situation par filières
L’analyse des données par filière montre que l’agroalimentaire enregistre une hausse significative de +13,9% en t-km (presque 2 milliards de t-km) et +12,5% en volumes (13 Mt) en 2018. Pour VNF, « cette tendance s’explique par la bonne fin de campagne 2017-2018 après une récolte 2016 particulièrement difficile et la forte reprise des exports qui en a découlé, notamment pour les produits céréaliers (blé, orge, maïs) qui représentent près de 77% des volumes transportés (environ 10Mt) ».
Même avec une très légère contraction de 0,6% en tonnes et de 0,5% en t-km, le secteur des matériaux de construction reste le plus gros utilisateur du transport fluvial de marchandises, porté par l’activité positive du BTP. Cette filière représente environ 43% des volumes transportés en 2018 (22,4 Mt) et 34% des t-km réalisées sur l’ensemble du réseau national (2,3 milliards de t-km).
Les autres filières sont à la peine : - 18 % en volume pour le charbon, due principalement à l’arrêt progressif des centrales EDF et au remplacement de ce combustible, -15% en volume du pétrole. Les secteurs de la chimie et la métallurgie sont aussi touchés : ils enregistrent respectivement un repli de 11% en tonnes et 9% en tonnes-kilomètres, du essentiellement aux conséquences des crues et à des cycles industriels discontinus (stockage-déstockage).
VNF constate que « l’ensemble de ces résultats a des conséquences directes sur l’activité des principaux ports maritimes français, qui ont connu en 2018 des évolutions contrastées de leur trafic ». Pour l’axe Seine, le trafic fluvial du port de Rouen progresse fortement (volumes en hausse de 9,3%) grâce à l’approvisionnement des silos portuaires, alors que celui du Havre se contracte légèrement (-2,5%), en raison notamment de la baisse des expéditions de charbon d’importation à l’intérieur du territoire. Sur le bassin rhodanien, Marseille profite de l’embellie des livraisons de céréales (+7%). Dunkerque connaît un repli de près de 7% du fait de la baisse des trafics de charbon et des expéditions de granulats.
En conclusion, pour l’établissement : « Les trafics 2018 illustrent la nécessité d’accompagner le changement climatique en rénovant et en adaptant les infrastructures afin de limiter au maximum l’impact des phénomènes exceptionnels sur la navigation. En 2019, VNF continuera à s’engager sur chaque axe de son réseau aux côtés des transporteurs et des ports pour que le fluvial s’affirme encore un peu plus comme une alternative logistique performante pour les acteurs industriels ».