La direction territoriale Strasbourg de VNF a détaillé les travaux engagés sur son périmètre suite aux niveaux d’investissements élevés obtenus par l’établissement, y compris dans le cadre du plan France Relance. Les résultats du tourisme fluvial en 2022 ne sont pas loin de renouer avec ceux d’avant la pandémie tandis que ceux du fret sont à la peine avec toutefois des évolutions porteuses d’avenir.
La direction territoriale (DT) de Strasbourg de VNF garde le rythme en matière d’investissements pour la modernisation du réseau fluvial et sa contribution à la transition écologique. Et fait même un peu mieux.
Les 23 millions d’euros budgétés pour 2023 marquent une légère augmentation par rapport à l’enveloppe déjà record de 21,5 millions d’euros qui a été consacrée l’an dernier à l’amélioration des 480 kilomètres de réseau fluvial dans son périmètre de compétences, l’Alsace et quelques zones limitrophes de Moselle et du Nord Franche-Comté.
« Nos capacités d’investissement se poursuivent ainsi de manière soutenue pour fiabiliser, moderniser, développer et sécuriser nos infrastructures, renforcer la place du transport fluvial comme moteur de la croissance verte, et agir face aux défis climatiques », commente Yann Quiquandon, directeur territorial Strasbourg.
Trois chantiers majeurs
Trois chantiers en cours ou à venir dominent ce programme de l’année 2023 :
- Le plus important en montant concerne la poursuite des travaux de régénération et modernisation des écluses de Gambsheim, les plus grandes des voies navigables intérieures de France (270 mètres de long, 24 mètres de large). Le budget s’élève à 38 millions d’euros de 2022 à 2026.
- Toujours à Gambsheim, le nouveau pôle de Voies navigables de France entre en construction pour 3,5 millions d’euros, le projet comprenant la rénovation du Caring, (Centre d’alerte rhénan et d’informatique nautique).
- En Moselle limitrophe, les barrages de Nitting et Lorquin feront l’objet d’une modernisation. Leurs systèmes d’exploitation seront automatisés de façon à améliorer l’alimentation du bief de partage sur place.
Dernière tranche de France Relance
Le plan France Relance en 2021 et 2022 a joué un rôle décisif de moteur de l’investissement grâce aux crédits cumulés de 24 millions d’euros sur les deux ans qu’il a dirigés vers la DT de Strasbourg. Il arrive désormais au terme de sa distribution financière.
Sur le périmètre de la DT de Strasbourg, le plan France Relance a notamment contribué à lancer :
- Le chantier de remplacement du barrage à aiguilles de Strasbourg par un barrage à clapets automatisé (5,2 millions d’euros),
- La modernisation du poste de garde de Huningue (Haut-Rhin),
- L’installation d’une vanne de sectionnement pour la sécurisation du plan incliné de Saint-Louis Arzviller (Moselle) – cette grosse pièce bloque l’écoulement du canal en cas de fuite.
Ces opérations se termineront dans le courant de cette année 2023, dès ce mois d’avril pour les deux dernières.
En mars 2023, s’est achevée la régénération (hors France Relance) de l’écluse de Saverne (Bas-Rhin) pour 1,4 million d’euros le long du canal de la Marne au Rhin.
En 2022, le tourisme fluvial retrouve des couleurs mais le fret est à la peine
Le tourisme fluvial est une activité importante sur le périmètre de la DT Strasbourg de VNF avec des « spots » particulièrement attractifs comme le canal de la Marne au Rhin, qui occupe la deuxième place du palmarès des voies d’eau les plus fréquentés de France après le canal du Midi. Il y a aussi le canal de la Sarre, le plan incliné de Saint-Louis/Arzviller, Saverne :
- En 2022, la reprise du trafic touristique fluvial sur ces canaux est réelle avec 34 942 passages à la fin décembre 2022, soit une augmentation de +47% par rapport à 2021, et le niveau d’avant la pandémie est presque atteint.
- Sur le grand gabarit, l’embellie est aussi au rendez-vous avec une hausse de +5% de l’activité des paquebots fluviaux en 2022 par rapport à 2019, année de référence.
- Sur le Rhin, avec près de 4 000 paquebots fluviaux pour plus de 332 170 passagers en 2022, les écluses de Gambsheim affichent une augmentation de 23% de passages en un an, sans toutefois atteindre les niveaux d’activité de 2019.
A l’inverse, le trafic fret apparaît à la peine en 2022 sur le périmètre de la DT Strasbourg de VNF, à l’image de la situation au niveau national :
- Il est en repli aussi en tonnage (10,27 millions de tonnes, -8,8%) qu’en prestations (848,3 millions de t-km, -12,6%) « impacté par le phénomène de basses eaux au troisième trimestre » sur le Rhin.
- Malgré la fin de la crise sanitaire en Europe qui avait fortement affecté les trafics en 2020 et 2021, les écluses de Gambsheim enregistrent des trafics en baisse de -14% avec 14,7 millions de tonnes de marchandises (à comparer aux 17,3 millions de tonnes en 2021 et 19 millions de tonnes en 2019).
Mais des transformations sont à l’œuvre et porteuses d’avenir pour la filière fret, relève la DT : « fluvialisation » des chantiers et logistique urbaine :
-Sur le petit gabarit, en 2022, une évacuation de déblais issus de la dalle de la Gare de Mulhouse s’est traduit par le transport de plus de 9 000 tonnes à l’écluse 41 de Mulhouse sur le canal du Rhône au Rhin branche sud.
-En janvier 2023, 282 tonnes de tuyaux d’assainissement ont été livrées par voie fluviale sur le site d’Archipel 2 dans le quartier du Wacken à Strasbourg. Cette expérimentation permet d’éviter le recours à 12 camions.
-Sur l’Ill, en cœur de ville de Strasbourg, le service de livraison d’ULS alliant fluvial et vélo-cargo électrique se confirme avec plus de 455 voyages en 2022.
La DT rappelle qu’un appel à projets vient d’être lancé à Mulhouse pour permettre l’exploitation du quai d'lsly situé au niveau du pont de la rue Jules Ehrmann, avec pour objectif, le développement d’un service de logistique urbaine alternatif à la route ayant recours à la voie d'eau.
Clotilde Martin