« 2021 est pour Dunkerque une très belle année, une très belle reprise après 2020. Cela montre le succès de notre stratégie et la qualité du travail des équipes du port et de toutes les parties prenantes et nous donne de la confiance pour l’avenir », a déclaré Emmanuelle Verger, présidente du conseil de surveillance, le 13 janvier 2022 lors de la conférence de presse sur les résultats annuels de ce grand port maritime des Hauts-de-France.
A fin décembre 2021, le trafic total de Dunkerque Port est de 48,6 millions de tonnes (Mt), en progression de +8 % par rapport à 2020. Ce total se répartit en 20,1 Mt (+11 %) pour les vracs solides, 19,9 Mt (+3 %) pour les marchandises diverses, ces deux filières étant désormais à égalité (41 %) en importance dans l’activité portuaire, et 8,6 Mt (+14 %) pour les vracs liquides (part de 18 % dans les activités du port).
Les conteneurs profitent du transbordement
Au sein des vracs solides et liquides, la plupart des catégories de marchandises affichent des tendances positives (hydrocarbures/produits pétroliers, GNL, minerais) à l’exception du charbon (3,4 Mt, -1 %) et des céréales (2,4 Mt, -29 %). Il faut toutefois noter que celles-ci étaient à un niveau record en 2020 tandis que les exportations se sont bien tenues en 2021.
Concernant les marchandises diverses, le conventionnel enregistre 1 Mt (+48 %), le roulier 13,7 Mt (-7 %). Sur le Transmanche (Dunkerque-Douvres), le trafic fret a été de 517 000 unités (-15 %). La comparaison avec l’an passé est à prendre avec prudence compte tenu de l’envolée du trafic au dernier trimestre 2020 (sur-stockage britannique) avant que le Brexit soit effectif.
Sur l’Irlande (Dunkerque-Rosslare), ce sont 53 000 unités qui ont été transportées et pas de comparaison possible avec 2020, l’activité ayant démarré en janvier 2021. Pour la destination Irlande, le port estime avoir gagné environ un tiers de la part de marché totale.
Les conteneurs atteignent 652 000 EVP en croissance de +41 % et enregistrent une multiplication par trois en 10 ans. « Ce résultat est lié directement à l’augmentation du trafic en provenance des chargeurs de l’hinterland, grande distribution, agro-alimentaire, e-commerce… et à la croissance du transbordement », a indiqué Daniel Deschodt, directeur général adjoint, en détaillant les résultats par filière lors de la conférence de presse.
Selon ce responsable, Dunkerque Port est devenu en 2021 le premier port français pour le transbordement de conteneurs, notamment grâce à ceux transocéaniques et tranbordés pour la Grande-Bretagne et l’Irlande.
Interrogé sur la desserte par Britanny Ferries de l’Irlande au départ du Havre, Daniel Deschodt a assuré qu’il n’y avait « pas de concurrence entre Dunkerque et Haropa pas plus qu’entre Dunkerque et Calais. Les ports français sont complémentaires. La liaison au départ du Havre est importante pour Brittany Ferries, compagnie française. Nous sommes en concurrence avec Zeebrugge et Anvers ».
Faits marquants 2021 et événements prévus en 2022
Parmi les faits marquants pour Dunkerque Port en 2021, la décision de Sea Bulk d’arrêter l’exploitation du terminal vraquier du port ouest (QPO) effective le 31 décembre 2021 dans un contexte de baisse continue des trafics en lien avec l’adaptation des besoins en diminution suite à la fermeture des centrales thermiques au charbon (10 Mt au début des années 2000, puis 5 Mt vers 2010, et 2 Mt ces derniers temps).
Selon Maurice Georges, président du directoire, le port étudie « les solutions de continuité possible, des industriels sont toujours présents et ont besoin de services. L’emplacement représente 100 ha bord à quai et est embranché fer. Cela constitue une zone industrielle à transformer avec un fort potentiel en devenir ».
Le projet « Cap 2020 » c’est-à-dire l’extension du bassin de l’Atlantique pour doubler la capacité conteneur, une fois que le terminal des Flandres aura atteint ses limites, a connu des avancées mi-2021 avec le dépôt du dossier de demande d’autorisation et le bouclage du dossier technique. Le travail sur ce projet va continuer en 2022 plus particulièrement sur les aspects financiers ainsi que sur les confirmations des hypothèses de trafic. « Les premier coups de pioche pourraient avoir lieu en 2023 », a dit Maurice Georges. L’idée est que le site soit prêt à l’horizon 2027.
L’un des premiers événements en 2022 va être la livraison d’une première extension de 6 ha des terres-pleins du terminal des Flandres vers la fin du premier trimestre, les 8 autres hectares seront prêts en fin d’année. Le montant total de l’investissement atteint 14,3 millions d’euros, cofinancés par l’Etat (plan de relance), la région Hauts-de-France, la communauté urbaine de Dunkerque et le port. L’objectif est de parvenir à 750 000 EVP en 2022 puis d’atteindre ensuite le million d’EVP, une ambition de volume de trafic pour laquelle le projet « Cap 2020 » prend tout son sens.
En mai 2022, les travaux de doublement des voies ferrées du terminal conteneurs Dry Port s’achèveront, permettant leur mise en service et la possibilité de trains complets (voies de 850 mètres). L’investissement est ici de 10,7 millions d’euros (Etat/plan de relance et port).
Au troisième trimestre 2022, il est prévu la livraison de la nouvelle plate-forme pour Nord Céréales sur le terminal céréalier (8,1 millions d’euros, Etat/plan de relance, port).
Au premier trimestre 2022, le port prévoit de lancer un AMI portant sur l’exploitation d’un terminal de ferroutage avec la volonté d’une concrétisation en 2023. Un autre AMI est lui en cours depuis août 2021 pour l’implantation d’une centrale photovoltaïque sur 20 ha d’anciennes voies ferrées du port Est, un lauréat pourrait être désigné en 2022.
Dunkerque-Port conduit également le projet d’une nouvelle passerelle Ro-Ro avec une mise en service annoncée pour 2024 (40 millions d’euros, financement à boucler).