Parmi les éléments à retenir lors de la présentation des résultats des trois ports de l’axe Seine, le 28 janvier 2022 : avec 83,6 millions de tonnes à fin décembre 2021, le trafic maritime de Haropa progresse de +12 % par rapport à 2020 mais reste inférieur à 2019 (et ses 89,9 Mt). Les conteneurs dépassent la barre symbolique des 3 millions d’EVP (3,07 MEVP, +28 %). Le trafic inland affiche un essor de +15 %. L’activité transbordement s’envole de +79 % et établit un record à 843 000 EVP, le précédent datait de 2017 avec 770 000 EVP.
Le résultat positif de Haropa en 2021 est aussi porté par les vracs liquides (38,9 Mt +6 %) grâce au trafic de pétrole brut (15,4 Mt, +16 %) suite notamment au redémarrage de Total à Gonfreville.
Les vracs solides fléchissent (14 Mt, -4 %) avec un recul des céréales (7,6 Mt, -13 %) pour lesquels la comparaison avec 2020 qui avait été une année exceptionnelle accentue la régression. Selon Stéphane Raison, directeur général et président du directoire : « On a repris de la part de marché pour les céréales, on est quasiment à 51 % en 2021 au lieu de 49 % en 2020 ». Les importations d’agrégats progressent de 25,5 %, soutenues par les nombreux chantiers de l’axe Seine.
Le roulier avec 294 000 véhicules, (+14 %) retrouve un niveau proche de celui de 2019, avant la crise de la pandémie.
A noter, le lancement de la nouvelle ligne de fret hebdomadaire entre Le Havre et Rosslare en 2021 « après deux ans et demi de travail pour y arriver ». Pour des passagers sur cette ligne, il faut encore attendre à cause de la situation sanitaire. Sachant que les liaisons sur l’Irlande ne sont pas « core business ». « Le Havre est un outsider » par rapport aux autres ports du Nord Europ sur ce marché.
Le contexte sanitaire continue de freiner les croisières (49 escales et 45 500 passagers).
Et une nouvelle mission sur les THC du fluvial !
Avec 22,5 Mt, le trafic fluvial en Ile-de-France progresse de +4 % par rapport à 2020 mais apparaît là aussi en retrait par rapport à 2019 qui était toutefois une année record.
La croissance du fluvial est liée l’activité BTP (12,6 Mt, +8 % à octobre 2021 par rapport à octobre 2020) et les grands projets en cours (Grand Paris Express, JO…). Les conteneurs atteignent 152 500 EVP (+8 %), tandis que les céréales sont à la peine (2,2 Mt, -14 %).
« La part modale ou trafic multimodal conteneur inland se maintient à 12 %. C’est un élément à faire progresser en priorité, massifier davantage sur tout l’hinterland », a dit Stéphane Raison.
Ce responsable a également fait part qu’une « mission complémentaire venait de lui être confié par le ministre délégué aux Transports pour l’harmonisation des THC du fluvial avec des conclusions partielles à rendre pour mars et définitives en septembre. Je suis missionné au même titre qu’Hervé Martel à Marseille. L’idée étant qu’on puisse arriver à des systèmes qui ressemblent à ce qui se passe dans les ports du Nord de l’Europe avec zéro surcharge pour la mise à bord de conteneurs dans les bateaux fluviaux ». Cette nouvelle mission fait suite à celle qui avait été confiée au préfet Philizot en 2021.
Le projet PSMO a avancé récemment avec « la validation des premiers protocoles sur des questions foncières, ce qui donne le go de façon opérationnel à ce dossier important pour la direction territoriale de Paris », a indiqué Stéphane Raison. Concernant la desserte fluviale de Port 2000 (ou « chatière »), la balle est dans le camp de l’Etat dont Haropa attend le retour sur le dossier d’instruction unique. « C’est un projet exigeant sur les plans réglementaire et environnemental. Des oppositions sont possibles. Nous sommes prudents ».
« Optimisme prudent » pour l’avenir
Lors de la présentation des résultats, la direction de Haropa a également insisté sur le niveau d’investissement élevé : de 197 millions d’euros en 2021, il devrait passer à 256 M€ en 2022, à comparer à une moyenne annuelle de 95 M€ entre 2015 et 2019. 16 % des investissements sont alloués à l’accompagnement de la transition énergétique contre 11,8 % en 2021. Cela concerne des projets comme l’électrification des quais au Havre, à Rouen et Honfleur, le déploiement des bornes électriques le long de l’axe Seine (avec VNF), la capture de carbone, l’hydrogène renouvelable (ou « vert »).
Après ces « résultats prometteurs » en 2021, la direction de Haropa a fait part pour l’avenir de son « optimisme prudent ».
Parmi les éléments expliquant cette position, du côté du Havre, la décision de MSC de profiter du remembrement des quais -dans le cadre de l’agrandissement de Port 2000 avec la création des postes P11 et P12- pour accueillir de nouvelles escales. L'opérateur de terminaux à conteneurs TIL (Terminal Investment Limited) a acquis en décembre 2021 l’ensemble de l’actionnariat de sa joint-venture Terminaux de Normandie, devenant ainsi l’actionnaire unique de TNMSC et TPO à Port 2000 au Havre.
Selon Haropa, « TIL a d’importants projets de croissance et de développement pour la plateforme portuaire du Havre au travers d’un ambitieux programme de modernisation et d’investissement. Ce programme est conçu pour améliorer les infrastructures des terminaux afin d’être en mesure de traiter chaque année un volume plus important de containeurs et d’accueillir et traiter sous peu la nouvelle génération des navires transocéaniques MSC qui auront une capacité de 24 000 EVP ».