Un potentiel de 55 000 EVP
Le premier constat mis en évidence par cette étude : un grand nombre d’entreprises ne connaissent pas le potentiel du fluvial, ni l’offre existante. « Le marché n’est pas entièrement couvert commercialement, car beaucoup d’entreprises utilisant le transport conteneurisé n’ont jamais eu de proposition en matière de transport fluvial », précise Pascal Reyne, qui affirme avoir identifié un potentiel de trafic fluvial de 55 000 EVP par an, principalement en merchant haulage, au sein des 40 entreprises ayant fait l’objet d’une simulation de chaîne logistique fluviale.
Des freins pèsent cependant sur le développement de l’utilisation du conteneur fluvial par les entreprises de la filière agroalimentaire. Tout d’abord, se pose la question de la disponibilité des conteneurs vides, les exportations agroalimentaires se faisant le plus souvent en 20 pieds alors que les conteneurs vides disponibles, ayant servi à l’importation, sont surtout des boîtes de 40 pieds. Deuxième difficulté : les délais accordés par les armements maritimes pour la détention des conteneurs ne sont pas toujours adaptés au fluvial, alors que la rapidité du transport routier permet un aller-retour avec le port maritime sans surcoût pour le chargeur. Car le coût est bien évidemment un élément clé de la décision de report modal, même si, explique Pascal Reyne, « de plus en plus de chargeurs intègrent les externalités dans les critères de prise de décision, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans ». Le délai de transit supplémentaire est en revanche bien accepté par les chargeurs, du fait de la fiabilité du mode fluvial.
Au terme des simulations de chaînes logistiques fluviales, sur les 55 000 EVP potentiels identifiés au départ, 17 000 EVP ont été jugés non pertinents, en raison principalement d’un surcoût supérieur à 20 % par rapport à la route. 9 000 EVP présentent des freins importants à la fluvialisation, mais qui peuvent être levés, par exemple, avec une meilleure mise à disposition des conteneurs vides sur les terminaux intérieurs. Restent 30 000 EVP pouvant faire l’objet d’un report modal, sous réserve de trouver un nouveau schéma de fonctionnement avec les transitaires, pour qu’ils intègrent le mode fluvial dans les chaînes logistiques.