Le port intérieur de l’Oise est la destination d’une navette Fluviofeeder de Marfret depuis le 9 octobre 2023, laquelle renforce le rôle de hub de Rouen dans la logistique fluviale de l’armateur. La plateforme de Longueil-Sainte-Marie connaît ainsi, de nouveau, une desserte fluviale, tout en étant aussi mise à contribution pour la logistique des Jeux olympiques.
Le premier bateau est parti du terminal à conteneurs et marchandises diverses SOMAP de Grand-Couronne, en aval de Rouen, le 9 octobre 2023. Le Kraken, automoteur d’une capacité de 117 EVP, a déchargé ses conteneurs à Longueil-Sainte-Marie le surlendemain et, avec sa nouvelle cargaison, est revenu à Rouen le 13 après avoir fait une escale à Gennevilliers le long des quais de Paris Terminal.
Cette liaison entre Rouen et Longueil porte à trois le nombre de bateaux opérés sur le bassin de la Seine par Fluviofeeder. Elle étend vers la vallée de l’Oise et le nord de l’Île-de-France la zone de chalandise de cette filiale fluviale de l’armateur maritime Marfret. Elle renforce aussi le rôle de hub joué par le terminal à conteneurs de Rouen pour Fluviofeeder.
« Ce nouveau service renforce la desserte de Gennevilliers avec les moyens propres de Marfret, mise en place il y a un an », souligne Antoine Chaventré, responsable des activités multimodales de Marfret.
Les services de Fluviofeeder
Le transport de conteneurs entre Le Havre et Rouen constitue l’épine dorsale du schéma de transport de Floviofeeder :
- Le Lydia, navire fluviomaritime de 382 EVP, utilise la route Sud à la sortie de Port 2000 et effectue deux boucles par semaine entre les terminaux à conteneurs du Havre et Rouen.
- Un autre bateau, le Magister, a été mis en place par Fluviofeeder en novembre 2022 pour un aller-retour hebdomadaire entre le port historique du Havre et Gennevilliers. Cet automoteur de 126 EVP fait aussi escale à Rouen.
- Et donc, le Kraken fait la navette en une semaine et demie entre Rouen et Longueil, avec escale à Gennevilliers.
La question de la fréquence
Le fonctionnement en semaine A/B, inévitable puisque six allers-retours par mois sont prévus, ne permet pas de proposer des départs à jour fixe. Ce ne serait pas un obstacle au développement de la ligne selon Antoine Chaventré : « Tant que l’on respecte les horaires de clôture au Havre, nos clients ne sont pas inquiets. C’est à nous de savoir, en fonction de la date, si l’on passe par Longueil-Sainte-Marie ou par Gennevilliers. De même, à l’importation, nous garantissons une date de livraison à nos clients et mettons en face les moyens appropriés pour la respecter ».
Marfret n’est pas le premier opérateur à tenter la desserte fluviale du terminal à conteneurs de Longueil-Sainte-Marie, exploité par Terminaux de Seine (filiale de Paris Terminal, qui exploite la plateforme à conteneurs de Gennevilliers). Le port à conteneurs de la vallée de l’Oise, idéalement placé au débouché du futur canal Seine-Nord, a toujours peiné à se développer depuis son lancement en 2015.
Longueil-Sainte-Marie, plateforme à conteneurs en mal de trafic
Ces dernières années Longueil-Sainte-Marie a connu plusieurs lancements de dessertes fluviales :
- En 2019, Mærsk avait lancé une desserte fluviale de Longueil depuis Le Havre, avec escale à Rouen, en affrétant un bateau auprès de Logi Port Shuttle (LPS, groupe Sogestran). Une navette abandonnée deux ans plus tard, en pleine crise Covid. Vu la pénurie de conteneurs disponibles, il fallait accélérer la rotation des boîtes. Difficile, dans ces conditions, de maintenir cette navette sur Longueil qui avait pour corollaire un stock de conteneurs sur place. Mærsk avait donc préféré replier ses activités à Gennevilliers.
- Une liaison directe entre le port de l’Oise et Le Havre avait précédemment été mise en place par LPS, qui y avait également renoncé en optant pour des navettes à la demande vers Longueil depuis Gennevilliers.
La plateforme de Longueil est donc restée une belle endormie, malgré des possibilités de trafic importantes : Paris Terminal a ainsi identifié autour de ce port plus de 40 clients potentiels, industriels ou logisticiens, en import comme en export.
Malgré l’absence de desserte fluviale, la plateforme de Longueil-Sainte-Marie, en ce début octobre 2023, accueille de façon surprenante un grand nombre de conteneurs. Des boîtes pleines, que Kuhene & Nagel a commencé à positionner depuis plusieurs mois en stock avancé pour l’approvisionnement des Jeux olympiques de Paris l’été prochain.
Créer le besoin d'un service fluvial
Le pari de la desserte fluviale de Longueil est aujourd’hui repris par Marfret, qui se lance pourtant sans avoir signé à l’avance avec suffisamment de clients réguliers pour remplir sa cale.
Antoine Chaventré se montre cependant confiant quant au succès de la nouvelle liaison fluviale : « L’industriel, le chargeur, ne s’engage pas sans avoir vu précédemment que la navette fonctionne. C’est à nous de créer le besoin. Nous sommes désormais à une période charnière pour la logistique, où le camion ne peut plus assurer seul le transport de toutes les marchandises, surtout avec les augmentations de trafic prévues au Havre ».
Du ferroviaire pour le long terme
Paris Terminal, de son côté, multiplie les initiatives pour accompagner cette nouvelle desserte fluviale de Longueil. « Nous avons mis en place des tarifs de manutention très intéressants, et sommes en contact avec plusieurs compagnies maritimes pour faciliter la mise en place de dépôts de conteneurs vides, affirme Juan-Manuel Suárez, le PDG de Paris Terminal. Cela devrait permettre de développer les volumes, puisque nous voyons à Gennevilliers du transport routier à destination de Longueil. À plus long terme, c’est la perspective de l’arrivée du ferroviaire qui pourra créer des schémas d’importation par train jusqu’à Longueil, puis de chargement sur le fleuve pour les derniers kilomètres jusqu’à Paris ».