Des « conclusions sur les évolutions en cours dans le transport par les voies navigables intérieures » ont été adoptées lors de la réunion du conseil transports, télécommunications et énergies de l’Union européenne (UE) du 5 décembre 2022. Ces conclusions s’inscrivent dans le cadre du programme Naiades 3, adopté en juin 2021.
Elles résultent d’une volonté de la République tchèque, qui préside actuellement l’UE. Ce pays souhaite ainsi « attirer l'attention sur les avantages que présentent les voies navigables intérieures qui peut jouer un rôle central dans les efforts déployés par l'Union pour « décarboner » le système de transport, tout en mettant également l'accent sur les défis auxquels le secteur est confronté ».
Le document rappelle l’ambition du « Pacte vert » pour l'Europe d’un report modal vers les voies navigables intérieures et le rail « d’une part importante du fret intérieur acheminé par la route » ainsi que l'objectif de la stratégie de mobilité durable et intelligente « de développer les voies navigables intérieures le long des corridors du RTE-T et dans les centres-villes où il est important d’aller vers une logistique du dernier kilomètre plus écologique ».
Les conclusions du conseil transports, télécommunications et énergies « réaffirment la contribution positive du transport par voie navigable dans la perspective d'une mobilité à émission nulle en tant que mode de transport durable et soulignent la nécessité de développer pleinement son potentiel », relève la communication diffusée à l’issue de la réunion.
Gestion de l’eau
Le document du conseil aborde la problématique du changement climatique et de ses conséquences pour les voies d’eau « en particulier sur la navigabilité, les opérations et la gestion de l'eau », relevant « les modifications du niveau des eaux souterraines, mais aussi les graves sécheresses et les périodes de fortes précipitations des dernières années ». Il met en avant la « nécessité d'améliorer la navigabilité en mettant en œuvre le principe de bon niveau de navigation (« good navigation status ») conformément aux orientations pour le RTE-T ».
Si la logistique urbaine fluviale et sa capacité à décongestionner les centres-villes est largement abordée, les filières plus « traditionnelles et historiques » de la voie d’eau ne sont pas oubliées. Le document rappelant le rôle essentiel de la navigation intérieure pour « le transport de marchandises lourdes, matériaux de construction, produits agricoles, sidérurgiques, chimiques et énergétiques ».
Transition numérique et SIF
Parmi les éléments essentiels pour favoriser le développement du transport par les voies navigables, le document souligne « le renouvellement de la flotte, selon les besoins, afin d'améliorer l'efficacité du transport, l'exploitation économique des navires de petite taille et, si possible, la mobilité à émission nulle, l'adaptation aux eaux peu profondes » mais aussi « des infrastructures fiables, durables et constamment bien entretenues, dotées d'une navigabilité suffisante et économiquement réalisable, en particulier en période d'étiage, garantissant des liaisons rapides vers d'autres modes de transport ».
La transition numérique pour une meilleure intégration de la navigation intérieure dans les chaînes logistiques est un autre thème abordé. Le conseil invite notamment ici la Commission à « présenter sa proposition de révision de la législation actuelle de l'Union dans le domaine des services d'information fluviale (SIF), tout en tenant compte des travaux effectués par le CESNI dans ce domaine et en envisageant une structure opérationnelle permanente pour un point d'accès unique, en vue d'améliorer l'harmonisation et l'interopérabilité, lorsque cela est possible sur le plan géographique ».
Les Etats membres sont eux « invités à poursuivre et intensifier leur coopération en ce qui concerne la mise en œuvre et l'exploitation harmonisées des services d'information fluviale, ainsi que la mise en œuvre du règlement concernant les informations électroniques relatives au transport de marchandises (règlement eFTI), ce qui permettra une meilleure gestion des corridors ».
Attirer des jeunes et moins jeunes
Le développement de la navigation intérieure est aussi freiné par « le vieillissement de la main-d'œuvre » qui est un défi à relever, le conseil appelant à une diversification des personnels, à un meilleur équilibre entre les hommes et les femmes. La navigation intérieure doit parvenir à attirer des jeunes mais aussi des talents d’autres secteurs.
Le document indique encore « que les voies navigables intérieures et les ports sont une composante essentielle du transport multimodal et devraient donc être intégrés dans la révision de la directive sur les transports combinés ».
Concernant les aspects financiers, le document souligne « l'importance que revêtent des mesures règlementaires et financières appropriées, ainsi que les investissements privés et publics, tant au niveau de l'UE que des Etats membres » et « encourage la Commission à en tenir compte lors de l'élaboration de nouveaux appels à propositions au titre du MIE, d'Horizon Europe et d'autres instruments et programmes de l'Union ».
Les conclusions notent enfin qu’une « responsabilité incombe également au secteur privé pour ce qui est d'atteindre les objectifs concernant le transfert modal, la transition numérique, la protection du climat et l'adaptation au changement climatique et de contribuer à ces objectifs ».