« Le 2 janvier 2021, à 14 h, le ferry Optima Seaways a quitté le port de Rosslare pour Dunkerque avec plus de 120 camions, remorques non-accompagnées et chauffeurs à bord. Ce départ a lancé officiellement la nouvelle route de DFDS entre les deux ports irlandais et français », a annoncé le GPM de Dunkerque dans un communiqué. L’Optima Seaways est arrivé à Dunkerque le lendemain 3 janvier en début d’après-midi.
Le communiqué poursuit : « L'itinéraire offre aux exportateurs et aux entreprises de transport un trajet par camion direct et sans papiers entre la République d'Irlande et les autres pays de l'Union européenne, des coûts réduits, moins de temps d'attente ainsi que la possibilité d'éviter les procédures douanières qui s'appliquent désormais au transport via le « landbridge » ».
L'itinéraire est desservi par trois ferries de capacité allant jusqu'à 120 camions et remorques. Il est programmé que les deux navires affrétés Visby et Kerry, ainsi que l’Optima Seaways de DFDS, effectuent des rotations selon un horaire fixe de six départs hebdomadaires de chaque port. Le temps de navigation est d’environ de 24 h.
Retour au calme en attendant mars/avril
Plus généralement, le trafic Transmanche se déroule calmement au cours de ces premiers jours de 2021 qui marquent aussi l’entrée dans la réalité du Brexit, à savoir le rétablissement de la frontière et des formalités douanières pour les marchandises et les personnes depuis le 1 janvier entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne. L’accord finalement trouvé entre les pays membres de l’Union européenne et la Grande-Bretagne ne modifie pas ces deux points. Les deux parties se sont toutefois mises d’accord pour éviter, entre autres mesures, la mise en place de droits de douane.
Les perturbations de la seconde quinzaine de décembre 2020 suite à l’arrêt du trafic entre la France et la Grande-Bretagne pour cause de variante du virus Covid-19 plus virulente sur cette île et l’accumulation consécutive des poids lourds du côté de Douvres et du Kent appartiennent au passé. Les semaines précédentes, la Grande-Bretagne ayant choisi de faire des stocks dans la perspective d’un Brexit sans accord et avec droits de douane, le trafic avait été particulièrement élevé notamment au port de Calais avec de longues files de poids lourds sur les autoroutes environnantes. Il y a eu alors jusqu’à 16 000 poids lourds par jour au lieu de 12 000 en temps ordinaire. Le port de Calais, avec Dunkerque, réalise 70 % des échanges maritimes avec l’autre côté de la Manche.
Jean-Marc Puissesseau, président des ports de Calais et de Boulogne-sur-Mer, a assuré : « Nous sommes sereins. Les Britanniques ont constitué des stocks au cours des précédentes semaines. Il faut dire que janvier est un mois traditionnellement calme ». Il ajouté que le trafic pourrait revenir à son niveau habituel en mars ou en avril 2021. Le calme relatif du trafic permet de tester les dispositifs mis en place pour le Brexit notamment dans le domaine douanier avec la « frontière intelligente » et d’apporter des corrections si nécessaire.
Travailler à une nouvelle logistique
Cette déclaration de la direction du port de Calais rejoint ce qui avait été dit lors d’une table ronde organisée par Norlink le 8 décembre 2020.
Pour le sous-préfet Paul-François Schira : « En janvier 2021, le trafic va être faible suite aux anticipations de flux des semaines précédentes. Il va y avoir plusieurs semaines d’apprentissage pour les nouvelles formalités ».
Lors de cette table-ronde, il avait également souligné que le Brexit, devenu réalité le 1 janvier 2021, pouvait modifier l’avantage compétitif des Hauts-de-France par rapport à la desserte de la Grande-Bretagne : « La distance entre Calais et Douvres est très réduite et la vitesse entre les deux ports est cruciale. Mais le modèle n’est pas le même que celui des ports belges et néerlandais où les poids lourds sont moindres tandis que des remorques non-accompagnées et des conteneurs dominent. Les ports des Hauts-de-France vont sans doute devoir faire évoluer les services qu’ils proposent ».
Pour Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France : « La vraie bataille au-delà du rétablissement de la frontière et des formalités avec le Brexit, c’est le commerce, ce sont les affaires. Anvers et Zeebrugge sont sur cette ligne. Il faut travailler à une nouvelle logistique, traiter les marchandises dans les ports, apporter des services complets pour la distribution de marchandises. Ce sont des axes de développement importants pour la région ».
Selon Paul-François Schira : « La complexité de la localisation d’une frontière peut faire aller vers une spécialisation du passage dans les Hauts-de-France, notamment pour localiser des services logistiques. Sans oublier la mise en service du canal Seine-Nord Europe » à l’horizon 2028.