C’est le bâtiment flambant neuf dédié à l’accueil des passagers ferries du nouveau port de Calais qui a accueilli la cérémonie des vœux organisée pour la première fois de manière conjointe par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Littoral Hauts-de-France et le port de Boulogne-Calais, le 6 janvier 2022. Une manière de marquer le changement de gouvernance effective depuis août 2022 avec François Lavallée, président de cette CCI et du conseil d'administration du port, et Benoît Rochet devenu directeur général suite au départ en retraite de Jean-Marc Puissesseau.
La CCI Littoral Hauts-de-France est impliquée dans les trois ports de Boulogne, Calais et le Tréport. « Les enjeux et les défis sur le littoral sont nombreux », a souligné François Lavallée, citant la présence et l’implantation d’investisseurs majeurs qu’il faut continuer à attirer ainsi que la « décarbonation » pour laquelle des solutions doivent être proposées. Parmi les aménagements pour favoriser le développement de la logistique, le passage à trois voies de l’axe routier entre Calais et Dunkerque est, pour lui, prioritaire tout comme « un réseau ferroviaire performant pour lequel les investissements de l’Etat doivent être au rendez-vous ».
Deux records à Calais
« 2022 a été une année singulière à plusieurs titres », a indiqué Benoît Rocher, directeur général du port de Boulogne-Calais.
Après son inauguration au dernier trimestre 2021, le nouveau port de Calais a connu une première année complète d’activité en 2022. « Les retours des clients sont positifs, le port donne satisfaction, les process et l’organisation des contrôles sont rapides ».
Les résultats complets pour le trafic en 2022 pour Calais restent à consolider, toutefois, ce directeur général a communiqué sur « deux records ». Le premier concerne le nombre de remorques transportées par le train sur le terminal d'autoroute ferroviaire exploité par Via en 2022 (41000 remorques) par rapport à 2021 (26000), soit une croissance de +60 %. Le deuxième record se trouve du côté des remorques non accompagnées sans tracteur ni chauffeur « grâce au service dédié de DFDS » avec une hausse de +56 % en 2022 (56000 remorques) comparativement à 2021, la précédente performance datait de 2017 (41000). Benoît Rocher a toutefois nuancé : « Des records et des chiffres intéressants, certes, mais ils portent surtout sur un domaine stratégique : les remorques transportées par le train qui répondent à plusieurs défis actuels des logisticiens : pénurie de chauffeurs, hausse du prix de l’énergie, enjeux environnementaux ».
Ce responsable a poursuivi sur la transition énergétique, « le plus grand défi à relever par le secteur des transports et, pour le relever, il existe deux approches. La première est la sobriété qui est importante, une condition nécessaire mais pas suffisante ; un projet de société ne peut reposer entièrement sur la décroissance et la régression. Le deuxième levier à activer est donc le progrès et l’innovation technologique, ce sur quoi nous allons travailler en 2023 ». Il a annoncé à ce propos l’organisation d’un séminaire à la mi-mars sur la « décabonation du transport Transmanche » au cours duquel des solutions seront évaluées et présentées. Il a aussi mentionné l’arrivée des deux nouveaux ferries « révolutionnaires, hybrides » de P&O au cours de 2023. Depuis 2011, les émissions du port de Boulogne-Calais ont baissé de près de 20 % et l’objectif est de parvenir à -25% d’ici 2025.
En matière de résultats, une bonne nouvelle vient de l’activité pêche à Boulogne-sur-Mer où « les premiers chiffres qui remontent sont excellents, +25 % en valeur par rapport à ce qui avait été débarqué en 2019 » malgré toutes les difficultés rencontrées dans la suite du Brexit et du Covid.
Le défi de la « décarbonation » du Transmanche
Parmi les autres intervenants, Frank Dhersin, vice-président de la région, a estimé que « 2022 a été une année portuaire intense ». Le nouveau port de Calais voit, selon lui, « une embellie de l’activité transmanche, même si l’activité passagers ne renoue pas encore avec le niveau de 2019 ».
En matière de priorités pour 2023, il a lui aussi mis en avant le défi de la « décarbonation à terre et en mer », rappelant que les ambitions de la région en matière de transition écologique et énergétique s’inscrive dans le programme « Rev3 » avec des projets pour agrandir le foncier portuaire disponible, pour créer une filière d’économie circulaire pour la valorisation des sédiments de dragage, pour rester à niveau sur la digitalisation portuaire, pour établir un schéma directeur énergétique du port de Boulogne-Calais.
Il a lui aussi insisté sur l’importance de la réhabilitation et de la modernisation des infrastructures ferroviaires : « L’Etat doit investir massivement, on parle de 10 milliards par an pendant 10 ans, pour sauver les activités fret comme voyageurs ».