En Wallonie, le chantier naval Meuse & Sambre a été fondé en 1906 et employait 70 salariés qui ont été licenciés à la suite de la déclaration de la faillite en janvier 2022.
Les raisons de la faillite
Au cours du temps, le chantier naval s’était spécialisé dans la fabrication de bateaux pour la filière du tourisme fluvial y compris en France ou en Grande-Bretagne (voir article de NPI). En 2019, il a déménagé de Beez (implantation historique) pour Seilles près d’Andenne. L’entreprise comptait aussi les sites de l’île Monsin (Liège) et de Pont-de-Loup.
La pandémie de Covid19 est arrivée et a été fatale au chantier naval dans la continuité de la mise à l’arrêt du tourisme fluvial partout en Europe pendant de longs mois en 2020 et 2021.
Au moment de la déclaration de la faillite en janvier 2022, il était pourtant doté d’un carnet de commande bien rempli (équivalent à 10 millions d’euros) mais ne disposait plus des moyens financiers pour poursuivre son activité de construction/réparation navale et entretien. La hausse du prix de certaines matières premières (acier…) a aussi contribué à accélérer les difficultés.
Le tribunal de commerce avait toutefois accepté la poursuite de l’activité en vue d’attirer un repreneur et de finir trois projets en cours. Un peu plus d’une vingtaine de salariés (sur les 70 licenciés) avaient été réembauchés en CDD.
Un repreneur flamand
C’est à partir de la fin 2022 et au cours du premier semestre 2023 que la situation s’est éclaircie pour le chantier naval avec la confirmation d’un repreneur : Batia Mosa pour les sites de Seilles/Andenne et de l’île Monsin/Liège.
Le site de Seilles/Andenne a été relancé en mars 2023 et vient d’être inauguré courant juin, le deuxième site a repris ses activités dès décembre 2022, profitant de son implantation à proximité « du troisième port intérieur d’Europe », le port autonome de Liège.
Le site de Seilles/Andenne a été « rafraîchi », celui de l’île Monsin va connaître une réhabilitation « afin de créer à la fois un cadre de travail agréable pour le personnel et de présenter une vitrine moderne, dynamique au sein du port de Liège ». Il est prévu l’implantation d’énergies « vertes », pour être « en phase avec l’engagement environnemental » de l’entreprise.
Le repreneur est flamand, originaire de Tirlemont. « Dans une autre société, nous fournissons déjà des systèmes de dépollution des moteurs diesel pour le marché fluvial », dit Kris Van Mullen, administrateur de Batia Mosa.
L’ambition du repreneur est :
- de s’appuyer sur l’activité construction/réparation navale, l’entretien,
- de se diversifier vers les besoins dans ces domaines en lien avec la transition énergétique ou « verdissement » des bateaux fluviaux.
- de « devenir un chantier naval européen de référence pour l’installation des systèmes de dépollution et de développer des systèmes de propulsion zéro carbone »,
- de « construire des bateaux fluviaux de haute technologie ».
Le constat du repreneur étant « qu’aucune solution intégrée et abordable n’est proposée à une industrie du transport fluvial pourtant appelée à des changements radicaux, à savoir, une navigation entièrement propre à l’horizon 2050 ».
L’idée est de mettre en place une « approche multidisciplinaire se traduisant par des collaborations avec divers acteurs, qu’ils soient locaux ou internationaux, en vue de former, à terme, un véritable écosystème axé sur le verdissement de la navigation ».
Une offre tous azimuts
Aucune solution de transition énergétique n’est exclue : outre la dépollution, la motorisation électrique aussi bien avec des batteries installées à bord qu’avec du stockage d’énergie dans des unités mobiles, l’utilisation à bord de carburants alternatifs, le design de coque à faible résistance… La conviction étant que « le marché se dirige sans doute vers un recours simultané à plusieurs sources d’énergie », autrement dit un mix énergétique.
Le premier axe de développement privilégié :
- est « l’installation et la maintenance de systèmes de traitement des émissions avec des investissements conséquents et ce, en vue d’un démarrage dès l’été ».
- « les nouveaux équipements permettront le nettoyage de filtres à particules en un temps record et par conséquent une immobilisation minimale des bateaux. Cet aspect crucial pour les propriétaires de bateaux procurera un avantage compétitif laissant augurer la captation d’un large marché géographique, allant probablement au-delà du Benelux ».
Concernant les bateaux « zéro émission », il est mis en avant « l’installation d’une propulsion électrique et batteries sur l’un des bateaux en commande. Des offres ont également été faites pour deux autres projets ».
Le plan d’investissement annoncé oscille entre 4 à 5 millions d’euros « à moyen terme », se répartissant entre les infrastructures des sites eux-mêmes (1 à 1,5 million), la mise à niveau de l’outil de production (0,5 million), la recherche et le développement (2 à 2,5 millions).
En quatre mois d’activités, Batia Mosa assure que :
- « le segment entretien et réparations a enregistré un chiffre d’affaires dépassant les projections du plan financier, 400 000 euros »,
- « la construction navale compte un carnet de commande s’élevant actuellement à 8 millions d’euros, soit une occupation jusqu’à septembre 2024 ».
Un total de 26 salariés est employé à ce jour et il est annoncé « d’autres recrutements, environ une vingtaine, dans les prochains mois en lien avec les besoins du marché ».