Précisions sur l’activité autour des céréales au port de Rouen, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Des pays se tournent vers Rouen, ou renouent avec ce port, pour leurs besoins d’importation, explique Manuel Gaborieau, responsable filière agro-alimentaire chez Haropa Port.
La guerre en Ukraine a des conséquences économiques à l'échelle planétaire : prix du gaz et du brut qui s'envole, chaines d'approvisionnement perturbées... C'est sans compter que ce pays exporte, en temps normal, des céréales comme l'orge ou le maïs mais aussi, et surtout, du blé. En 2020, le pays avait produit 4% de la production mondiale de blé, la Russie en avait exporté 10% soit, à eux deux, presque l'équivalent de la production européenne.
Le conflit actuel a-t-il des conséquences directes ou indirectes sur les activités du port de Rouen, le premier port exportateur de céréales d'Europe occidentale ?
Manuel Gaborieau, responsable des filières céréales, agro-industrie et engrais chez Haropa Port précise que Rouen n'a pas d'échanges directs avec l'Ukraine. « Toutefois, son absence sur le marché international a des conséquences sur la distribution des céréales à travers le monde. Les pays qui traditionnellement importaient du blé ukrainien doivent à présent trouver de nouveaux fournisseurs. C'est le cas, par exemple, de la Tunisie qui importait essentiellement depuis l'Ukraine. Du coup, la Tunisie, un pays avec lequel nous ne travaillons pas d'ordinaire, a chargé récemment du blé sur Rouen. C'est un des effets du conflit que l'on peut aujourd'hui observer », explique le responsable.
Il évoque la situation de l'Algérie, un pays qui avait arrêté d'importer du blé français mais qui a, à nouveau, choisi l’Hexagone comme un de ses partenaires commerciaux en matière de céréales. « Nous avons à l'heure actuelle sur Rouen des navires à destination de l'Algérie que nous n'aurions probablement pas eu en temps normal ».
Selon lui, la France devrait vraisemblablement produire cette année un peu plus de céréales sur ce qui était initialement prévu. « En bout de chaine, sur les ports français, les tonnages à l'exportation devraient être supérieurs à ce qui était annoncé. Après, la seule limite à cette situation sera la disponibilité de la marchandise en France. On arrive prochainement à la fin de la campagne céréalière. Nous sommes sur l'export de la récolte de 2021. Restera à voir ce qui pourra être exporté ».