Céréales et guerre en Ukraine, Rouen sollicité par de nouveaux partenaires commerciaux

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Sénalia à Rouen (photo Haropa Port - GPM Rouen).

Crédit photo Patrick Boulen
Précisions sur l’activité autour des céréales au port de Rouen, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Des pays se tournent vers Rouen, ou renouent avec ce port, pour leurs besoins d’importation, explique Manuel Gaborieau, responsable filière agro-alimentaire chez Haropa Port.
La guerre en Ukraine a des conséquences économiques à l'échelle planétaire : prix du gaz et du brut qui s'envole, chaines d'approvisionnement perturbées... C'est sans compter que ce pays exporte, en temps normal, des céréales comme l'orge ou le maïs mais aussi, et surtout, du blé. En 2020, le pays avait produit 4% de la production mondiale de blé, la Russie en avait exporté 10% soit, à eux deux, presque l'équivalent de la production européenne. Le conflit actuel a-t-il des conséquences directes ou indirectes sur les activités du port de Rouen, le premier port exportateur de céréales d'Europe occidentale ? Manuel Gaborieau, responsable des filières céréales, agro-industrie et engrais chez Haropa Port précise que Rouen n'a pas d'échanges directs avec l'Ukraine. « Toutefois, son absence sur le marché international a des conséquences sur la distribution des céréales à travers le monde. Les pays qui traditionnellement importaient du blé ukrainien doivent à présent trouver de nouveaux fournisseurs. C'est le cas, par exemple, de la Tunisie qui importait essentiellement depuis l'Ukraine. Du coup, la Tunisie, un pays avec lequel nous ne travaillons pas d'ordinaire, a chargé récemment du blé sur Rouen. C'est un des effets du conflit que l'on peut aujourd'hui observer », explique le responsable. Il évoque la situation de l'Algérie, un pays qui avait arrêté d'importer du blé français mais qui a, à nouveau, choisi l’Hexagone comme un de ses partenaires commerciaux en matière de céréales. « Nous avons à l'heure actuelle sur Rouen des navires à destination de l'Algérie que nous n'aurions probablement pas eu en temps normal ». Selon lui, la France devrait vraisemblablement produire cette année un peu plus de céréales sur ce qui était initialement prévu. « En bout de chaine, sur les ports français, les tonnages à l'exportation devraient être supérieurs à ce qui était annoncé. Après, la seule limite à cette situation sera la disponibilité de la marchandise en France. On arrive prochainement à la fin de la campagne céréalière. Nous sommes sur l'export de la récolte de 2021. Restera à voir ce qui pourra être exporté ».

Rouen sait s’adapter aux évolutions

Traditionnellement, pour les céréales, le port de Rouen travaille à l'export depuis une quinzaine d'années avec des pays comme l'Algérie qui, suivant les années, représentent entre 20 et 40 % des volumes exportées mais aussi avec le Maroc et les pays d'Afrique de l'Ouest. « Nous avons également des échanges mais de manière plus irrégulière avec la Chine qui représentait des volumes de 2 millions de tonnes ces deux dernières années ». Manuel Gaborieau souligne le cas du Maroc. Ce pays, qui a connu récemment une période de sécheresse importante, a besoin d'importer. Il avait également pour partenaire la Russie et l'Ukraine, pourrait avoir des besoins en céréales beaucoup plus important et, du coup, augmenter encore ses volumes d'importations de blé et d'orge en provenance de France. Le responsable indique que le début de la crise sanitaire du Covid, au printemps 2020, a eu un effet accélérateur des flux, certains pays ressentant le besoin de faire des stocks de céréales par peur de rupture des chaines logistiques. « A cette époque, le port de Rouen a pleinement fonctionné et nous avons même enregistré une campagne record avec 9,9 millions de tonnes sur 2019-2020. L'an dernier, la campagne a été moins bonne, les récoltes françaises ayant été plus faibles avec 6,5 millions de tonnes. C'était dû essentiellement à des raisons climatiques, pluie puis sécheresse. Cette année, nous devrions nous situer très probablement entre 7,5 et 8 millions de tonnes. La campagne céréalière se termine le 30 juin ».

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