Calais résiste en 2022 dans un contexte compliqué

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Avec une année 2022 marquée par un manque de cale pendant un trimestre suite aux décisions de la compagnie P&O, le résultat Transmanche du port de Calais résiste plutôt bien. Le « non accompagné » progresse fortement, le tourisme repart, l’activité des terminaux de commerce apparaît stable.

« En 2022, nous avons vécu trois années en une : un premier trimestre avec la poursuite des restrictions sanitaires pour le tourisme, un deuxième trimestre avec la mise à l’arrêt des ferries de P&O et un deuxième semestre avec des activités d’un niveau habituel, dit Benoît Rochet, directeur général de la Société d’exploitation des ports du détroit (SEPD), lors de la conférence de presse sur les résultats le 30 janvier 2023.

Une année compliquée pour le Transmanche

Autrement dit, l’année a été compliquée pour l’activité Transmanche (liaison Calais-Douvres) avec un manque de cale pendant un trimestre (mai à août) suite aux décisions de réorganisation de la compagnie P&O. C’est la principale raison de la baisse du fret accompagné de -2 % avec 1 604 791 unités. On comprend dans les propos de la direction du port que ce résultat est plutôt satisfaisant alors que les ferries de cette compagnie ont été aux abonnés absents pendant trois mois.

Record pour le « non accompagné »

L’activité « non accompagné » progresse « très fortement » en 2022, établissant un nouveau record avec 62 515 remorques (+62 %) manutentionnées.

A lui seul, le service RoRo Calais-Sheerness de DFDS en a transporté plus de la moitié. Cette liaison a ainsi vécu une belle première année entière d’exercice (après son lancement à l’été 2021), profitant également de la synergie entre la compagnie maritime et l’opérateur ferroviaire Viia avec la mise en place de l’autoroute ferroviaire entre Calais et Sète en mai 2022.

Les remorques transportées par les trains de Viia présentent d’ailleurs aussi une performance avec 41 142 unités (+58 %), soit un record pour la deuxième année consécutive pour cet opérateur ferroviaire.

Le tourisme repart

L’activité tourisme au port de Calais a repris au début du deuxième trimestre 2022 suite à la levée des restrictions de déplacements internationaux en lien avec la pandémie.

Ont été dénombrés : 5 141 875 passagers (+115 %) 967 551 véhicules de tourisme (+280 %), 32 416 autocars (+634 %). « Nous avons récupéré une grosse moitié des passagers par rapport à avant la pandémie de Covid 19. Nous atteignons entre 75 et 80 % du trafic tourisme de 2019 avec des pointes en juillet-août et décembre 2022 », commente Benoît Rochet.

Stabilité des terminaux de commerce

L’activité des terminaux de commerce de Calais et Boulogne-sur-Mer affiche une stabilité en 2022 par rapport à 2021 avec un trafic total de 1,25 millions de tonnes.

Cette situation cache toutefois une progression à Calais (602 811 tonnes, +7,5 %) portée par les cailloux, la pierre à chaux, les câbles et un repli à Boulogne (651 816 tonnes, -6 %) freiné par une chute de la chaux vive qui n’a pas été compensée par la pierre à chaux ou les sables marins.

Au total, en 2022, le trafic marchandises (Transmanche + commerce) s’établit à 37,99 millions de tonnes (-3,6 %) pour les deux ports du détroit du Pas-de-Calais. Le Transmanche seul représentant 36,74 millions de tonnes (-3,8 %). Le chiffre d’affaires atteint 111 millions d’euros en 2022 au lieu de 93 millions en 2021.

Du côté des investissements

En 2022, les investissements ont atteint une enveloppe globale de près de 15 millions d’euros pour les deux sites, se répartissant entre 13,7 millions pour Calais et 1,15 million pour Boulogne. Dans le premier port, les travaux s’inscrivent dans la suite de la mise en service de l’extension mais aussi des aménagements en lien avec le Brexit.

En 2023, ce sont un peu plus de 13 millions d’euros d’investissements qui ont été annoncés par la SEPD, avec 5,4 millions pour Boulogne et 7,7 millions pour Calais.

Pour ce dernier site, un peu plus la moitié de la somme (4,5 millions) va servir à la mise en place de premiers aménagements de contrôle EES (entry/exit system) dans la suite du Brexit (contrôle biométrique des passagers et touristes de pays tiers). « C’est un chantier d’ampleur, nous menons de premiers travaux dès 2023 qui se poursuivront en 2024 », a indiqué Benoît Rochet. Pour le moment, le port investit seul car le système doit être mis en place pour permettre la poursuite des activités mais va présenter des demandes de financements, la mesure s’inscrivant dans la suite du Brexit et de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.

A Calais, le reste des investissements concerne des travaux d’entretien des infrastructures ou des réseaux. Il en va de même pour les chantiers prévus à Boulogne avec, en plus, le début de démantèlement de friches industrielles, la problématique du manque de foncier étant prégnante dans ce port.

Transition énergétique du détroit

La conférence de presse a été l’occasion pour Benoît Rochet d’insister sur l’importance des activités fret à Boulogne même si aucune suite n’a été donnée au projet de lancement d’une ligne Transmanche au départ de ce port. « Je suis convaincu de la vocation maritime des installations et des infrastructures existantes à Boulogne. Nous avons besoin d’un projet sérieux et pertinent ». Une sorte d’appel aux opérateurs.

Pour le Transmanche, l’année 2023 est celle de l’arrivée des nouveaux deux ferries de P&O entre Calais et Douvres, avec la promesse d’une réduction de la consommation de carburant de 40 % grâce à une propulsion hybride et, plus globalement, une optimisation des énergies nécessaires à bord. Le premier pourrait arriver entre le printemps et l’été, le deuxième à l’automne.

Les compagnies maritimes et la SEPD sont engagées dans une réflexion plus vaste sur la « décarbonation » des activités sur le détroit pour en faire « un corridor vert maritime ». Une première étape vers la neutralité carbone est fixée à partir de 2030, moment où la flotte pourrait être en partie « zéro carbone » grâce à un mix énergétique.

« C’est aux compagnies de déterminer quel est leur choix de carburant, méthanol, ammoniac, hydrogène… », conclut Benoît Rochet, ajoutant que la route étant courte par le détroit, l’électricité faisait partie des solutions. Sachant que sur le « nouveau » port de Calais, les structures pour des bornes électriques ont été prévues.

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