A Strasbourg en 2022, un reflux de trafic contenu par le ferroviaire

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Pour les ports de Strasbourg, des facteurs défavorables ont entraîné un reflux du trafic fret en 2022 mais la baisse est limitée grâce à la croissance du ferroviaire. La compagnie de tourisme Batorama a accueilli des passagers en nombre et son premier bateau-promenade 100 % électrique va entrer en navigation cette année.

Un parfum de 2018 flottait sur la présentation du bilan 2022 des Ports de Strasbourg, le 24 janvier 2023 : période prolongée de basses eaux et recul du trafic, les deux phénomènes étant liés, ont caractérisé l’activité comme il y a quatre ans. Avec une différence notoire : quand en 2018, la baisse des volumes avait atteint -26 %, elle s’est limitée à -6,9 % en 2022, aboutissant à un total de 7,6 millions de tonnes.

D’une part, les difficultés de navigation sur le Rhin ont été moindres (50 jours d’étiage contre 107 et aucune interruption complète contrairement à 2018). D’autre part, de manière bien plus affirmée cette fois-ci, « le transport ferroviaire a largement pris le relais », a souligné Claire Merlin, la directrice générale des Ports de Strasbourg (PAS). Le rail a enregistré une croissance de +5,3 % (total : 1,2 million de tonnes) qui a compensé, en partie, la diminution du trafic fluvial de -8,9 % (6,4 millions de tonnes).

L’évolution des différentes catégories de trafic a été, pour une bonne part, influencée par leur capacité respective à opérer une bascule de l’eau vers le rail.

  • Les matériaux de construction, pour lesquels ce n’est pas le cas, ont affiché la plus forte contraction, de -17,5 % pour un total ramené à un peu plus de 2,5 millions de tonnes.
  • A l’inverse, les céréales ont opéré le transfert, si bien que le poste « produits alimentaires et sylvicoles » a pu terminer l’année en légère croissance de +2,1 % au cumul des deux modes, à 1,7 million de tonnes.
  • Les produits énergétiques se sont également inscrits en hausse (+6 %, à près d’1,4 million de tonnes).
  • Les autres catégories reculent : -7,3 % pour les engrais/produits chimiques, -10,4 % pour les produits métalliques, -4,2 % pour les emballages et objets manufacturés.

Des conteneurs à un niveau record

La « bascule » entre modes est encore plus marquée s’agissant des conteneurs. Leur reflux sur la voie d’eau de -5,9 % (et -10,5 % pour les boîtes chargées) a été plus que compensé par la croissance de la route (+9,6 %) et du mode ferroviaire (+12,5 %), si bien qu’au total, le trafic conteneurs a progressé de +6,8 % jusqu’à un niveau de 400 000 EVP (à quelques unités près) « qui n’avait plus été atteint depuis 2017 », précise Emilie Gravier, directrice du développement.

Le recul général du trafic, au final, trouve aussi sa cause dans d’autres facteurs que l’étiage du Rhin, selon la direction des PAS, notamment la guerre en Ukraine et ses conséquences : hausse du prix des carburants pour les bateaux, moindre disponibilité de ceux-ci mobilisés entre autres pour le transport de charbon en Allemagne, etc.

Du côté des investissements

Les PAS voient dans le scénario de 2022 une motivation supplémentaire à poursuivre leurs actions pour renforcer le profil multimodal de l’infrastructure.

« La filiale RET (Rhine Europe Terminals) a manutentionné davantage de conteneurs ferroviaires que fluviaux cette année (79 330 EVP contre 77 300, NDLR) », souligne Claire Merlin. La réponse à cette évolution, identifiée comme structurelle, prendra principalement la forme de la construction du nouveau terminal ferroviaire sud (voir article de NPI), pour laquelle une enveloppe de 45 millions d’euros d’investissements est allouée jusqu’en 2026.

Toutefois il faut agir entretemps : « Le terminal nord atteint le maximum de sa capacité, aussi, nous réaménageons d’ores et déjà le terminal sud afin de lui donner la place pour accueillir des volumes, en attendant la nouvelle infrastructure », expose Claire Merlin. Le mode ferroviaire bénéficiera de 11,6 millions d’euros d’investissements de cette année 2023 à 2025.

Au cours de cette même période, les investissements pour le fluvial seront de 9,7 millions d’euros, comprenant la rénovation du portique colis lourds à Lauterbourg et, pour le trafic de passagers, le réaménagement de la gare fluviale dont le démarrage des travaux est prévu à la fin de cette année.

En 2022, l’activité touristique a retrouvé des couleurs : 180 000 passagers rhénans, un nombre quasi équivalent au niveau de référence d’avant la pandémie et ses confinements.

Batorama a accueilli 650 000 clients, soit un rebond de +139 % mais sans renouer avec le nombre de 2019. Pour cette compagnie de tourisme fluvial, 2023 va être celle de l’arrivée de son nouveau bateau 100 % électrique, le premier de la future flotte « décarbonée » de bateaux-promenade (voir article de NPI). Il représente un investissement de 3 millions d’euros.

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