La transition énergétique des activités constitue un axe fort du projet stratégique du port de Sète pour la période 2021 à 2025. Elle passe d’abord par la promotion des modes de transport « bas carbone » que sont le ferroviaire et le fluvial.
Une nouvelle plate-forme ferroviaire a été livrée il y a deux ans et son exploitation confiée pour 20 ans à Viia. Elle est liée aux trafics de DFDS vers et depuis la Turquie avec 6 escales hebdomadaires et l’ambition d’atteindre 40 000 voire 60 000 remorques transportées au lieu de 15 000. La prochaine étape est la mise en place de la technologie de chargement à l’horizontale Lohr, qui permettra un gain de productivité en manutentionnant tous les types de remorques ; les travaux pourraient commencer début 2024 pour 6 mois.
Tout récemment, le port de Sète a signé un MOU avec son homologue de Calais, DFDS et Viia pour la mise en place d’une liaison entre la Turquie et la Grande-Bretagne associant ferries et autoroute ferroviaire (voir encadré).
Une bonne nouvelle pour le canal du Rhône à Sète
« Le ferroviaire est un outil de développement du trafic maritime. Avec le fluvial, ce n’est pas la même évolution : avant 2019, nous avions environ 250 escales de barges par an, actuellement, c’est environ 100. Le tirant d’eau sur le canal du Rhône à Sète freine le fluvial », dit Olivier Carmes, le directeur du port.
Il y a toutefois une bonne nouvelle : l’Etat et la région ont inscrit dans le CPIER 2023-2027 un montant significatif pour réaliser des travaux d’approfondissement du chenal de ce canal. C’est un budget de 60 millions d’euros qui est prévu dans le cadre de ce nouveau CPIER pour régénérer le canal du Rhône à Sète.
Les sédiments issus du dragage pourraient être utilisés par le port de Sète pour la réalisation d’un « casier » (Zifmar 2) et de terre-pleins destinés à devenir une base arrière (en lien avec Port la Nouvelle) pour les éoliennes offshore qu’il est prévu d’installer au large du golfe de Lion.
Electrification des quais
Le développement d’énergies renouvelables est un autre volet de la transition énergétique au port de Sète. « Nous avons misé sur le photovoltaïque », d’abord sur les toitures avec 46000 m2 livrés il y a deux ans dont l’électricité est vendue au réseau national. La deuxième étape est l’installation d’ombrière photovoltaïque sur des terre-pleins ; des travaux pour la réalisation d’une première « ferme » sur 1 ha sont prévus en 2024 (à confirmer), l’objectif étant fixé à 8ha en 2027. « On rachètera une partie de la production électrique pour notre propre consommation et celles des industriels installés sur le port ». Les panneaux photovoltaïques à Sète se déclinent aussi en version flottante en mer avec un démonstrateur de la société Solar In Blue qui veut, à terme, couvrir 5000 m2 de surface maritime.
Le mois de décembre 2023 va voir la livraison de quatre prises pour le branchement à quai des navires rouliers et ferries (DFDS, GNV, Balearia, Corsica Linea, Neptune) un investissement total de 7,5 millions d’euros qui a bénéficié d’un soutien à hauteur de 6 millions des fonds Feder. Le port de Sète a travaillé sur ce projet avec celui de Marseille. Certains des navires des compagnies installées à Sète vont devoir être adaptés avant de pouvoir se connecter à quai lors des escales.
Pour Olivier Carmes, les actions entreprises en lien avec la transition énergétique permettent de maintenir les activités, les développer, de le faire de manière acceptable, compte tenu de la proximité du ports avec la ville.
Combinaison de ferry et de train de la Turquie à la Grande-Bretagne
Le 16 novembre 2023, le port de Sète a signé un Memorandum of understanding (MOU) avec son homologue de Calais, l’opérateurs de ferries DFDS et l’opérateur ferroviaire Viia pour la mise en place d’une liaison entre la Turquie et la Grande-Bretagne.
Il s’agit de proposer aux « entreprises et transporteurs turcs exportant vers les marchés européens une solution logistique efficace et rapide en reliant simplement la Méditerranée à l'Europe du Nord par ferry et par train ».
La liaison associe pour le transport de remorques des lignes existantes :
- Par les ferries de DFDS au départ de la Turquie (depuis Yalova et Izmir) arrivant à Sète six fois par semaine,
- Par l’autoroute ferroviaire de Viia entre Sète et Calais,
- Par les ferries de DFDS au départ de Calais arrivant à Tilbury en Grande-Bretagne, six fois par semaine.
« Le timing optimisé des services roll-on/roll-off en Méditerranée, des trains en France et des départs de RoRo et de ferries sur la Manche vont assurer des performances de transport élevées de la Turquie vers le Royaume-Uni », assurent les signataires. Le délai entre le départ de Turquie et l’arrivé outre-Manche est de 7 jours. Des simplifications douanières sont un autre point positif.
Pour le port de Sète « cette solution intermodale répond aux enjeux de décarbonation des transports ». Une remorque transportée par le train représente l’économie d’1 tonne de CO2 rejetée dans l’air.