A Marseille, la municipalité écologiste résolue à saborder la croisière

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A Marseille, le port, les acteurs économiques et le club de la croisière sont sur le pont. Le maire de la ville Benoît Payan ayant jeté un pavé dans la mare en lançant cet été 2022 une pétition pour dénoncer les escales des navires les plus polluants. Dans le viseur de cette campagne, les paquebots de croisière. Une opération de sabordage lancée au moment où l’activité retrouve des couleurs…
En 2020, le « Printemps marseillais » prenait ses quartiers à l’hôtel de ville en pleine crise sanitaire. Silencieuse quand les paquebots amarrés avaient interdiction de naviguer, la municipalité est désormais vent debout contre la croisière depuis la levée des restrictions de déplacement. En 2022, cette activité a repris progressivement laissant augurer 500 000 croisiéristes sur l’année, bien en deçà des 1,8 million de voyageurs de 2019. Il n’en fallait pas plus pour énerver le nouveau maire de la ville Benoît Payan qui, fin juillet 2022, lançait une pétition en ligne pour dénoncer les conséquences de cette activité sur la santé publique. Une véritable cabale engagée à travers une opération de communication et des affiches qui fleurissent dans la ville diabolisant les paquebots. Hasard du calendrier, un nouveau collectif « Stop Croisières » a vu le jour à Marseille cet été, à l’initiative d’un groupe de militants qui dénoncent bien d’autres nuisances que la pollution de l’air, et qui a retardé l’arrivée en juin du Wonder of the Seas de la compagnie Royal Caribbean.

Les contraintes de la ZFE

Avec plus de 50 000 signatures recueillis à fin août pour sa pétition, le maire se réjouit : « Ce véritable engouement traduit la forte volonté de protéger la santé des Marseillaises et Marseillais et de tous les habitants qui vivent sur le littoral méditerranéen. Les bateaux de croisière sont les premiers pollueurs de notre ville et exposent les Marseillaises et les Marseillais à des risques graves. Continuons d'alerter sur cette urgence jusqu'à ce que la Méditerranée et ses habitants soient enfin protégés ». Après s’être retiré du pool des financeurs du club de la croisière, il annonce une enveloppe de 10 millions d’euros pour connecter les navires au courant de quai lors de leur séjour en cale sèche forme 10. Avec l’entrée en vigueur le 1er septembre 2022 des premières restrictions de circulation dans le périmètre de zone à faibles émissions (ZFE, interdiction de circuler pour les véhicules Crit’Air5), Benoît Payan semble prendre les devants et anticiper les attaques des Marseillais lesquels, contraints par ces nouvelles mesures, pourraient dénoncer qu’à quelques encablures de la Canebière tout est permis sur l’eau… ou presque. En ravivant la polémique, l’élu s’est mis à dos le monde économique. « Le maire de Marseille agit de façon dogmatique car il est tiraillé par la majorité municipale », analyse Philippe Korsia, président de l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône. Il réclame « la tenue d’une table-ronde réunissant le port, la mairie, la place portuaire et les acteurs économiques ». A défaut de réunir l’ensemble de ces acteurs, c’est sous l’égide de la charte ville-port que la rencontre aura lieu le 15 septembre 2022.

A la recherche d’un compromis

« Une pétition lancée par un élu me semble compliquée. Mieux vaut se mettre autour de la table et favoriser le compromis. La dynamique du maritime est positive, Costa Croisière possède deux navires au GNL. Le déploiement de la ZFE suscite beaucoup de crispations à Marseille. La ville doit poursuivre son développement économique grâce aux activités maritimes tout en accélérant sur la « décarbonation » de ses activités. Il faut des données et une surveillance précise des émissions. Nous voudrions davantage de mesures de la qualité de l’air en temps réel », réagit la députée LREM des Bouches-du-Rhône, Claire Pitollat. La procédure de classement de la Méditerranée en zone ECA est désormais engagée et devrait se traduire par un abaissement du seuil de soufre de 0,5 % à 0,1 % en 2023. « Selon les chiffres de l’UFIP, chaque année, 2 millions de m3 de combustible routier et gazole non routier sont consommés par an sur la métropole Aix-Marseille quand l’activité maritime ferries et croisières consomme 30 000 tonnes à l’année », lance Jean-François Suhas, également président du club de la croisière Marseille Provence. A un mois de la tenue de la deuxième édition du Blue Maritime Summit qu’il organise à Marseille, un événement réunissant les acteurs de la croisière sous l’angle industrie et énergie, ce responsable annonce de nouveaux engagements pris par les armateurs. Et de préciser que les non signataires pourraient bien être priés d’aller naviguer vers d’autres eaux…

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