A Gron et Montereau, des colis exceptionnels pour Prysmian France

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Le groupe Prysmian emprunte davantage la voie d’eau pour transporter des colis exceptionnels (tourets de câbles) à partir de Gron et Montereau. Ce changement de logistique éclaire aussi sur les raisons pour lesquelles ce type de marchandises n’empruntent pas davantage la voie fluviale et les pistes pour y remédier. Un constat présenté lors d’une conférence de Riverdating le 30 novembre 2022 au Havre.

Le groupe Prysmian France fabrique de nombreuses sortes de câbles (électriques, optiques, à conducteurs cuivre, de données, fibre soufflée…) et divers équipements de connectivité. Il compte 10 sites industriels dont l’un à Gron et l’autre à Montereau qui sont aussi des cités dotées d’installations portuaires le long de l’Yonne. Les tourets de câbles constituent des colis exceptionnels : « Ils sont lourds et grands. Nous avons décidé d’utiliser davantage la voie d’eau pour les transporter car les convois exceptionnels par la route deviennent contraignants avec des dysfonctionnements, des aléas, des retards », précise Sylvie Robin, directrice logistique de ce groupe, intervenant lors d’une conférence de Riverdating le 30 novembre 2022 au Havre.

Cette « orientation résolue vers la voie d’eau » permet également au groupe de réduire l’empreinte carbone de ses activités et de se préparer à livrer d’importantes quantités de tourets d’ici la fin 2024 et le début 2025 suite à un nouveau contrat qui conduit à une augmentation importante de sa production dans ses deux sites de Montereau en Seine-et-Marne et Gron dans l’Yonne. « Nous avons 2000 tourets à expédier par Gron, qui de toute façon ne peuvent pas passer par la route, et 200 par Montereau », indique la directrice logistique qui souligne le « bon accueil des clients » du groupe « quand on leur parle de la solution fluviale choisie ».

Elle ajoute la nécessité d’assurer l’aménagement de l’Yonne pour une navigation toute l’année. Le commissionnaire de transport est Rhenus.

Attirer les colis exceptionnels vers la voie d’eau

L’utilisation de la voie d’eau pour les tourets de câbles de Prysmian repose sur l’utilisation des plates-formes portuaires de Montereau (où le groupe a investi) et de Gron, géré et exploité par LogiYonne, commissionnaire et opérateur de transport.

Le directeur général de LogiYonne, David Buquet, indique que Gron dispose de 240 00 m2 de surface, d’un quai de 120 mètres, pouvant accueillir des bateaux jusqu’à 650 tonnes du fait du tirant d’eau.

Il poursuit : « Au Nord de la Bourgogne, Gron est le site le plus éloigné de la façade Haropa. C’est un territoire où les activités industrielles sont très actives. La plate-forme a été créée par la CCI en 2010 pour accompagner les industries contre l’enclavement et faciliter les exportations ». La plate-forme accueille donc des colis exceptionnels à l’export : outre des tourets de câble pour Prysmian, il y a des bras de chargement de GNL pour Technip, des cuves pour Fayat, des remorques pour Airbus…

LogiYonne a créé un groupe de travail sur les colis exceptionnels et comment mieux les orienter vers la voie d’eau. « C’est d’abord une réaction égoïste, dit le directeur général, après avoir acheté une barge fluviale, Bourgogne, ex-Exelmans. Nous avons besoin de résultat suite à cet investissement, qui doit nous permettre de sécuriser l’offre de transport sur l’Yonne où nous sommes confrontés à la problématique du nouveau pont abaissé à Pont-sur-Yonne. La difficulté est aussi que nous avons des trajets qui sont chargés à l’aller jusqu’au Havre mais les retours se font à vide. Nous cherchons comment équilibrer les flux ».

Haropa est membre du groupe de travail et a recensé 24 terminaux pouvant accueillir des colis exceptionnels sur l’axe Seine qui sont présentés dans un catalogue en ligne. Pour Kris Danaradjou, directeur géneral adjoint développement de Haropa Port : « L’offre existe et notre rôle est de la faire connaître, d’être un facilitateur auprès des clients pour les éclairer sur les possibilités opérationnelles en matière de manutention, d’horaires, de services ».

VNF, également membre du groupe de travail, « avance avec Haropa sur une cartographie dynamique pour identifier les quais et fournir les informations opérationnelles sur les capacités, longueurs, poids… Nous allons superposer cette cartographie aux demandes recensées par itinéraire dans la suite d’une étude qui avait été réalisée par le Cerema en 2017. Notre objectif est de mettre l’outil à disposition pour la SITL au premier trimestre 2023 », a indiqué Eloi Flipo, responsable du développement du transport fluvial au sein de l’établissement.

Réglementation et moindre acceptabilité des poids lourds

Au-delà de ces mesures opérationnelles, pour attirer davantage de colis exceptionnels de chargeurs sur la voie d’eau, l’un des enjeux se situe également du côté de la réglementation et plus particulièrement de l’article 6 de l’arrêté du 4 mai 2006.

Amal Ghazi, de la DDT de Seine-et-Marne estime que « la réglementation de 2006 n’est pas appliquée alors qu’elle prévoit de regarder d’abord les solutions autres que la route pour les transports exceptionnels. On ne fait pas appliquer cette réglementation car en 2006, l’offre alternative n’existait pas vraiment. La situation a changé : aujourd’hui, par rapport à 2006, il y a davantage de solutions possibles par la voie d’eau. Et il y a aussi une moindre acceptation des passages de poids lourds dans les communes par les riverains et les élus et encore plus quand il s’agit de colis exceptionnels. Nous essayons à notre niveau de travailler sur la multimodalité en identifiant les ports, quais disponibles. Il faut comprendre que nous croulons littéralement sous les demandes de transports exceptionnels par la route avec des colis toujours plus volumineux et nous avons devant nous des transporteurs qui veulent passer par des itinéraires précis ».

Coralyne Droz, responsable cellule éoliennes Augizeau/groupe Transports Capelle, a relevé « la difficulté à convaincre les clients d’aller vers le fluvial compte tenu des coûts plus élevés, des ruptures de charge, de la problématique de l’accueil des composants pour les éoliennes. On essaie de proposer le transport fluvial mais en termes de coûts et de temps, la route reste plus avantageuse. Nous savons qu’il y a des endroits en France où il ne sera plus possible d’utiliser la route pour des raisons d’acceptabilité. Nous sommes conscients qu’il va falloir associer davantage la route et le fluvial pour ces colis ».

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