Sur le canal du Midi, les locations de bateaux sans permis n’ont pas repris au rythme d’avant la pandémie. Les touristes longs courriers frileux, la désertification des berges et les restrictions d’eau transforment l’activité sur ce canal historique. Explications avec Locaboat, Le Boat et Les Canalous.
Sous les canicules qui se multiplient, le long de berges privées d’ombre, les touristes sont revenus moins nombreux sur le canal du Midi. Traditionnellement, cette destination est prisée par les touristes étrangers mais depuis la pandémie, la clientèle évolue. Avec cette décrue, une nouvelle tendance se confirme : les Français découvrent le tourisme « fluvestre ». Leurs séjours apparaissent toutefois différents des extra-Européens, avec des budgets moindres et des séjours plus courts. La « belle époque » des locations de péniches sans permis sur le canal du Midi, semblent passée, en pause ou en transformation.
« Depuis quelques années, il y a un problème de remplissage sur le canal du Midi, explique Florence Menguy, responsable des locations des vingt-trois bases Locaboat en France dont trois sur le canal du Midi. La clientèle étrangère n’est pas toute revenue après le Covid et les Français ne les ont pas remplacés. Les Français louent davantage pour le week-end ou des mini-séjours. Aujourd’hui, nous sommes encore à -15 % par rapport aux années avant 2020 ». Une baisse amorcée avec la brutale et douloureuse transformation du canal. « La chaleur est en cause. Depuis l’abattage des platanes chancrés, le manque d’ombre s’est fait sentir. Aujourd’hui, la Bourgogne, l’Alsace sont des destinations qui marchent mieux », reprend Florence Menguy.
En Europe aussi, le tourisme « fluvestre » est devenu une destination de choix pour les nationaux. « En Hollande, en Allemagne, en Irlande, par exemple, où ce tourisme marchait moins bien, nous remplissons en nationaux. Nous arrivons à 99 % d’Allemands en Allemagne ».
La société leader Le Boat a déplacé quelques bateaux situés sur le canal du Midi vers des bases hors de France. « Entre 2020 et 2021 nous avons perdu 90 % de la clientèle long courrier et la clientèle française ne les a pas remplacés même si nous atteignons 80 % de nouveaux clients. Les Américains et les Canadiens reviennent mais les Sud-Africains et Australiens sont encore timides », détaille Emily Deighton, chargée des relations presse pour Le Boat. Le groupe a rouvert la base de Trèbes fermée au début de la pandémie.
Le directeur de la société Canalous, Alfred Carignan, confirme la tendance avec une vision plus optimiste vis-à-vis du renouvellement de clientèle : « Notre produit sort renforcé de cette crise. Avec son esprit nature, loin du tourisme de masse et le besoin de se ressourcer, nous capitalisons la nouvelle clientèle française ». Pour lui, il est encore trop tôt pour les Australiens, Nord-Américains, Sud-Africains, plus frileux de réserver un an à l’avance alors que la situation n’est pas revenue complètement à la normale. Les Européens proches sont revenus. « Les médias nous ont bien aidés mais il a fallu tout faire pour s’en sortir, notamment s’occuper de la communication ».