« La crise sanitaire a stoppé net la dynamique de croissance de la filière du tourisme fluvial à compter de mars 2020. L’année 2021 n’est qu’en légère amélioration par rapport à 2020 », constate Entreprises fluviales de France (E2F), en introduction d’un bilan présentant les données de 55 opérateurs pour la période du 1 mai au 31 août.
« Les entreprises interrogées assurent une bonne représentavité de l’ensemble des opérateurs, compte tenu de leur part de marché et de la taille de l’établissement : 78 % de la fréquentation globale, 85 % du chiffre d'affaires national, 80 % de TPE-PME », indique l’organisation représentative. La base de référence est celle de l’INSEE /APE « niveau groupe 503- transports fluviaux de passagers » (283 entreprises).
Les données montrent également que le tourisme fluvial demeure très loin de son niveau d’activité de 2019 (avant la crise sanitaire). Ainsi, « au plus haut de l’été 2021 (juillet-août), le chiffre d'affaires des opérateurs atteint une moyenne de 54,14 % du chiffre d’affaires de 2019. La fréquentation en juillet-août 2021 atteint 48,13 % de celle de juillet-août 2019 ».
Ces données globales dissimulent des disparités entre les différents segments du tourisme fluvial, ajoute E2F. « Si les bateaux promenades (avec ou sans restauration) ont pu ouvrir dès le 19 mai 2021, les bateaux-hôtel, eux, n'ont vu lever leur fermeture administrative (sauf rares exceptions) qu'au 30 juin. Avec une moitié de saison seulement (4 mois au lieu des 7 habituels), les opérateurs de bateaux-hôtel ont affiché un chiffre d'affaires estival équivalent à 39,3 % de leur CA de 2019 ».
Pour l’activité événementielle et privatisation, « mai a été catastrophique (5,2 % du chiffre d’affaires de l’année 2019) » puis l'été a été l'occasion d’une relance de l'activité (un CA 2021 qui a approché les 57 % du CA 2019 avec une pointe à 71,2 % sur le bief parisien au mois de juillet).
Avant la crise sanitaire, le tourisme fluvial se développait à un rythme compris entre +5 et +7 % par an. Depuis mars 2020, il a vécu un renversement de tendance sans précédent : ses différents segments d’activité mis à l’arrêt pendant une grande partie de 2020 et encore au premier semestre 2021, l’absence des touristes internationaux qui composent la majorité de sa clientèle (supérieure à 50 % et dépassant 80 % pour les péniches-hôtel).
Ce qui conduit E2F à souligner : « Les conséquences de la crise sanitaire sont encore considérables pour l’activité de la filière tourisme fluvial. De fait, les mauvais résultats cumulés de 2020 et 2021 ainsi que l’annonce de la fin du « quoi qu'il en coûte » auront un impact significatif sur la santé financière des entreprises, dont la dynamique de croissance se fonde pourtant sur des leviers structurels toujours aussi puissants. Les incertitudes résident donc dans la vitesse et la profondeur du redémarrage attendu et dans la capacité des entreprises à « tenir ».
Une arrière-saison 2021 difficile
Au global, en 2021, selon E2F, « le niveau d’activité reste très en deçà des attentes » :
• La fréquentation touristique des bateaux des opérateurs fluviaux a été très progressive avec des taux très bas en mai et juin 2021 (13,4 % en mai et 25,67 % en juin). Elle s'est accélérée en été avec une fréquentation moyenne de 44,62 % en juillet et 51,64 % au mois d'août.
• Au mois d'août 2021, sur le bief parisien, les opérateurs ont mis en activité 50,6 % de leur flotte de bateaux promenade (84 % en région), 61 % pour la privatisation et 74 % pour les bateaux-hôtel.
E2F souligne une « saison atone et écourtée pour les péniches-hôtel et les bateaux de croisière, une reprise pour la privatisation, une contre-performance pour la promenade-restauration dans les métropoles tandis que la promenade en zone rurale enregistre une tendance plus favorable ».
Il faut en effet noter que les opérateurs implantés en zone urbaine (Paris, Lyon, Strasbourg, Bordeaux...) sont plus à la peine que ceux en zone rurale.
La saison 2021 a aussi été marquée par des réservations de dernière minute, « liées aux annonces progressives concernant la situation sanitaire et une disparition quasi complète du tourisme de groupe ».
Pour la suite de l’année, les perspectives ne sont guère positives : « Les professionnels s’attendent à une fréquentation très inférieure à 2019 pour l’arrière-saison. Même si certains opérateurs indiquent une bonne tenue des privatisations pour le mois de septembre ainsi que des signes positifs pour l'automne et les fêtes de fin d'année, l’incertitude est réelle en raison d’un manque de visibilité concernant les réservations (peu de réservations au-delà d'un mois), particulièrement pour les voyages de groupe et le tourisme d’affaires. La grande majorité des opérateurs indique espérer un retour aux niveaux de 2019 pour 2023 ou 2024 ».