Au total, 326 bateaux-promenade ont été recensés en France, dont 97 à Paris et 229 en province pour 11,2 millions de personnes accueillis à bord dont 7,3 millions dans la capitale et 3,8 millions dans des villes en région, en 2019, a indiqué Jacques Bonneau, directeur de l’institut TMO, lors du séminaire de formation IdealCo/VNF le 8 avril 2021 sur le thème « les attentes des clientèles du tourisme fluvial ».
Ce sont aussi 3,2 millions de « groupes » (3,5 personnes par croisière) qui ont emprunté des bateaux-promenade, là aussi Paris domine (2,3 millions avec 3,2 personnes) sur la province (930 000 et 4,2 personnes).
Les données sur l’activité des bateaux-promenade résultent d’une enquête réalisée de juillet à octobre 2019 auprès de clients « recrutés » sur place et auxquels a été envoyé un questionnaire par courriel avec des questions et donc des réponses relativement détaillées, a précisé ce responsable. La plupart des données sur l’activité des bateaux-promenade montrent une différence entre la capitale et les villes des régions françaises.
Elle se retrouve dans l’origine des croisiéristes avec davantage de clients français en province (65 %) alors que les bateaux-promenade parisiens accueillent davantage de touristes étrangers (60 %). La totalité de la clientèle se répartit entre 49 % de Français, 37 % d’origine UE et 14 % hors UE. Il en va de même pour la répartition par âge, plutôt équilibrée entre toutes les classes à Paris alors qu’en province, les 60 ans et plus sont majoritaires, ce qui entraîne un âge moyen des passagers très différent (36 ans à Paris pour 50 ans en province). C’est pareil pour les CSP, les retraités sont nombreux en province alors que les artisans, commerçants, chefs d’entreprise et cadres sont majoritaires à Paris.
Antériorité de la pratique
La distance entre le lieu de résidence du passager et le point d’embarquement de la croisière est de 400 km pour les bateaux-promenade à Paris et de 200 km en province. « Plus d’un tiers de la clientèle est locale en province, un quart à Paris ».
Les passagers se retrouvent à bord d’un bateau-promenade à Paris car ils les ont vu naviguer ou une personne de leur entourage, des amis l’ont fait. La publicité vient en troisième position ainsi que la recherche sur Internet.
La réservation ou l’achat du billet se fait majoritairement au guichet de la compagnie ou sur le site Internet de celle-ci aussi bien à Paris qu’en province où le téléphone est toutefois encore une solution choisie alors qu’elle est très réduite dans la capitale.
L’antériorité de la pratique d’une croisière en bateau-promenade montre une répartition à peu près similaire entre Paris et la province, un tiers sont des « primo-pratiquants », un tiers des « clients réguliers » (au moins 3 croisières antérieurs à 2019), un tiers des « occasionnels » (1 à 2 croisière avant celle de 2019).
Le poids économique national des bateaux-promenade atteint 682 millions d’euros TTC dont 28 % créés par les opérateurs et 72 % par les clients. Les 7/10è des 491 millions d’euros de retombées liées aux clients découlent de dépenses qu’ils ont réalisé en marge de la navigation elle-même, avant et/ou après la promenade en bateau. « Les bateaux-promenade font partie d’un moment touristique et ne constituent pas l’objet principal d’un séjour. Aussi, les dépenses des touristes ne leur sont pas directement imputables ».
Des tendances nouvelles
Marie-Noëlle Riffaut de la direction territoriale du bassin de la Seine de Voies navigables de France, a ensuite pris la parole pour éclairer les près de 300 participants au séminaire de formation sur les attentes spécifiques des clientèles des bateaux-promenade en s’appuyant plus particulièrement sur la situation du fleuve séquanien mais aussi de l’Oise et de la Marne.
Elle a indiqué que VNF recensait 127 bateaux-promenades à Paris (au lieu de 97 comptés par TMO « car nous comptons aussi les unités de moins de 12 passagers avec un pilote à bord »), 58 compagnies et 8 millions de passagers, ce qui fait de la capitale le premier port touristique mondial.
Les bateaux-promenade attirent aussi bien des locaux que des touristes pour une découverte du territoire, de tous les âges et de tous les profils. Ils répondent à de nombreux goûts : croisière commentée (1 h à 3 h en général, avec boucle ou non, avec guide ou non, le jour, la nuit…), avec ou sans prestations (souvent de la restauration). Il n’y a pas forcément besoin d’un long linéaire : le bief parisien concentre sur 6 km les principaux sites incontournables de la Ville Lumière. Le temps de navigation peut-être associé à une visite à terre (musées, monuments comme la Tour Eiffel) ou à un événement.
Hors centre urbain, les bateaux-promenade permettent une évasion (la condition incontournable étant une voie d’eau propre), favorisent la déconnexion, comme, par exemple, L’escapade dans l’Oise. La mixité des modes d’itinérance peut être proposé (embarquement de vélos). Le silence et le calme dépendent de la motorisation.
« La croisière commentée à bord d’un bateau-promenade, a pour objectif, au-delà de la découverte, d’immerger le visiteur dans l’histoire, l’environnement, une ambiance. Elle se renouvelle en proposant une immersion plus grande via des commentaires s’appuyant davantage sur des anecdotes, des bruits d’ambiance, des dégustations, etc. », selon la responsable. Les évolutions des bateaux eux-mêmes, par exemple, une vision jusqu’à 360° degrés, participent au renouvellement de l’activité tout comme les circuits proposant une visite à terre.
« Une tendance nouvelle à Paris est l’émergence d’un nouveau type de bateaux, plus petits, c’est-à-dire moins de 12 passagers, avec un capitaine qui pilote, pour un moment convivial plus intime, avec prestations comme un apéritif, une coupe de champagne. Il y a davantage de souplesse pour les circuits ou les boucles et sur la durée de la navigation. La privatisation est possible pour un événement à bord ».