Pour l’AFG, la transition énergétique passe par le GNL

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La densité énergétique et les faibles émissions polluantes du GNL en font un carburant intéressant pour la transition énergétique. La convention annuelle de l’Association française du gaz (AFG) s’est aussi intéressée au bio-GNL et à la synthèse de méthane à partir d’hydrogène décarboné et de CO2 capturé, qui pourraient faire du GNL à l’avenir un carburant totalement propre. Plusieurs fois repoussée depuis un an, la convention de l’AFG s’est finalement tenue en ligne le 23 mars 2021, avec pour thématique « la contribution du GNL au climat ». En introduction du colloque, le président de l’association, Patrick Corbin, rappelle les avantages environnementaux du GNL, et souligne aussi les aspects économiques : « Le GNL est actuellement compétitif face au diesel, ce qui explique son développement très rapide. En quelques années, le GNL est passé d’un marché de niche, limité essentiellement aux navires méthaniers, à un développement de grande ampleur : 13 % de la flotte mondiale commandée en 2020 est à propulsion GNL, avec des pénétrations plus fortes encore dans certains segments clés comme les paquebots de croisière. […] Investir aujourd’hui dans un navire au GNL, qui sera encore en service en 2050, nécessite d’anticiper les obligations de réductions de CO2 qui seront toujours plus ambitieuses. Les industriels ont besoin de savoir, dès à présent, que leurs actifs pourront au cours de leur durée de vie progressivement basculer du GNL classique vers d’autres carburants alternatifs moins émetteurs, comme le bio-GNL ».

Le GNL a progressé en 2020

Hormis les énergies renouvelables, dont l’utilisation a augmenté de 6 % en 2020 par rapport à 2019 au niveau mondial, le gaz naturel liquéfié (GNL) est la seule énergie dont la demande a continué à croître en cette année de pandémie. À un rythme moindre que les années précédentes, où la croissance était de 9 à 12 % par an, mais le GNL a tout de même progressé de 2 % en 2020, alors que les autres énergies perdaient du terrain : -2 % pour les autres formes de gaz, -4 % pour le charbon et même -9 % pour le pétrole selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie. « Hier seuls les pays riches et fortement industrialisés en disposaient, mais aujourd’hui 45 pays ont des capacité d’importation de GNL, dont la Croatie, le Myanmar, le Sénégal et le Ghana pour les plus récemment équipés », rappelle Jean-Baptiste Dubreuil, analyste principal gaz naturel de l’Agence internationale de l’énergie, qui intervenait au cours de la convention annuelle de l’AFG. « Les tensions sur les prix, souligne-t-il, illustrent le rôle très important de l’Europe comme marché d’ajustement du GNL, qui absorbe le surplus lorsque les autres marchés n’en ont pas besoin. L’Asie, dont les capacités de stockage sont faibles comparativement à l’Europe, réalise cependant d’importants investissements pour les accroître. »

Les choix de CMA CGM et Total

CMA CGM fait partir des armateurs qui ont fait le choix du GNL : la compagnie réceptionne chaque mois un nouveau navire utilisant ce carburant, et fait construire neuf porte-conteneurs de 23 000 EVP, seize de 15 000 EVP et six de 1 400 EVP. « Tous seront en place en septembre 2022, rappelle Jacques Gérault, conseiller institutionnel de CMA CGM. Depuis trois ans, le GNL est notre priorité absolue. Il s’agit clairement de la meilleure solution de décarbonation : c’est une solution transitoire qui va durer des années, car on est encore loin de l’utilisation de l’hydrogène et le GNL ouvre la voie au biogaz et à d’autres carburants alternatifs ». Le représentant de l’armateur, qui se dit prêt à payer davantage pour cela, regrette cependant que le bio-GNL ne soit pas produit en quantité suffisante.

« Sur les petits ferries ou le cabotage, l’hydrogène n’a pas le moindre avenir, donc le biométhane a toute sa place », prédit Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales, qui voit aussi le méthane jouer un rôle dans la production d’hydrogène décarboné à moindre coût.

Comme CMA CGM, le pétrolier Total vise la neutralité carbone à l’horizon 2050, grâce à la production de biogaz et d’hydrogène et à la capture et au stockage de carbone.

Méthane de synthèse

Ce rôle central du méthane non fossile, qu’il soit obtenu à partir de biomasse ou synthétisé à partir d’hydrogène et de CO2 capturé, a été largement souligné au cours de la convention de l’AFG. Avec, d’un côté, les opérateurs qui, tel Elengy, qui, par la voix de sa directrice générale Sandra Roche-Vu Quang, estiment qu’il faut « sortir du mythe de la traçabilité physique de la molécule, et adopter un système de certificat de garantie d’origine qui permette la production de bio-méthane au plus près des territoires, en prenant en compte les externalités positives au niveau de l’agriculture ou de la méthanation avec du CO2 capté ».

De l’autre côté, Sophie Mourlon, directrice de l’énergie au ministère de la transition écologique, qui souligne que « la maturité atteinte par la filière de méthanisation impose une transparence sur la traçabilité de la biomasse utilisée et sur l’origine du gaz consommé ». La représentante de l’administration ajoute : « Atteindre la neutralité carbone suppose de concentrer le GNL sur les secteurs difficiles à décarboner, comme le transport de marchandises longue distance,. Le GNL est un vecteur de transition énergétique, et même une solution de long terme à condition d’aller vers une production entièrement décarbonée ».

Terminaux méthaniers et intermodalité

Sandra Roche-Vu Quang, directrice générale d’Elengy, qui possède et exploite trois des quatre terminaux français de réception des méthaniers, souligne les nouveaux services mis en place sur ces sites : transbordement, chargement de camions-citernes, chargement de « petits » méthaniers pour le soutage. « Nous avons l’ambition de faire de nos terminaux méthaniers des sites multimodaux. La semaine dernière, nous avons chargé sur train un conteneur de GNL expédié depuis notre terminal de Fos, via le terminal ferroviaire de Miramas, à destination de l’Italie. Il y a quelques mois, nous avons lancé à Montoir-de-Bretagne un procédé de mico-liquéfaction. À Marseille, nous épurons du biogaz produit à partir de déchets, pour en faire du bio-méthane. Nous participons aussi à un groupe de travail, qui comprend notamment CMA CGM, sur le GNL neutre en carbone. À plus long terme, nous nous intéressons au bio-GNL de troisième génération, fabriqué à partir d’algues, ou encore au stockage de CO2 à bord des navires ».

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