Le projet de navette fluviale à propulsion hybride GNV-électrique « Green Deliriver », depuis novembre 2018, associe Segula Technologies et GRDF mais aussi Haropa-Ports de Paris, Voies navigables de France, la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPS&O), Saint-Gobain distribution bâtiment France, le Syctom, l’agence métropolitaine des déchets ménagers et Total.
À l’aller, la barge et le pousseur transporteront des marchandises par le réseau fluvial de la périphérie au cœur de Paris, au retour, il s’agira de transporter des déchets vers des centres de traitement/valorisation. Ces déchets pourront aussi servir à produire du biogaz qui pourra être réinjecter dans le bateau. La navette intègre un entrepôt embarqué auquel viendront s’approvisionner des solutions de livraisons du dernier kilomètre à faible impact sur la fluidité des centres-villes et sur l’environnement, c’est-à-dire des utilitaires GNV-électriques ou des vélo-cargos.
« Nous sommes une société d’ingénierie particulièrement innovante et conduisons de nombreux projets dans les secteurs industriels et des transports que se soit dans l’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire, le naval. Cela permet une cross fertilisation qui a facilité la déclinaison de nos savoir-faire pour les adapter à une solution fluviale », explique Jean-Luc Baraffe, directeur recherche et innovation de Segula. Il rappelle que la genèse du projet Green Deliriver date de la Cop 21 à Paris en 2015 où le concept a été présenté par Segula. C’est lors de la Cop 21 que Segula a rencontré GRDF, les stands des deux groupes étant côte à côte et que des échanges ont commencé autour du projet.
« Nous sommes aujourd’hui sur une barge de 80m de long sur 11m de large et non plus sur un gabarit Freycinet, continue Jean-Luc Baraffe, les besoins de notre client ont fait évoluer le bateau. Le pousseur est hybride gaz-électrique. Il fonctionnera en tout électrique dans la ville, et sera donc silencieux et zéro émission, puis au gaz sur les trajets de plus longue distance ». L’électricité permet une architecture différente du bateau avec des pods (360° au niveau des hélices). Le gaz sera du GNV et permet d’assurer le transport d’un tonnage élevé sur une longue distance. À pleine puissance, environ 1 mégawatt seront atteints pour une petite centaine de kilowatt à vide. L’autonomie atteint presque 300km.
Technologie et architecture plutôt simples
« La technologie et l’architecture sont assez simples », souligne Jean-Luc Baraffe. Dans la salle des machines, sont prévus deux moteurs thermiques, deux convertisseurs de puissance, deux génératrices, les réservoirs pour le GNV, les batteries. « On arrive à tout intégrer, sachant que des éléments disparaissent comme les arbres de propulsion et d’autres sont ajoutés. Les batteries et les réservoirs prennent beaucoup de place ». Les moteurs électriques devraient être placés dans les nacelles de POD.
Pour l’avitaillement, il est prévu des stations GNC positionnées le long de l’axe Seine et alimentées en gaz naturel à partir du réseau exploité par GRDF, explique Michel Piazza, directeur territorial pour les départements 78, 91 et 95. Le dispositif peut être installé sur un quai, il compte un compresseur pour faire élever le gaz réseau à la bonne pression (200 bars) pour remplir les réservoirs. L’avitaillement pourra se faire lors des chargements/déchargements des marchandises.
Pour l’équipage à bord, le pilotage sera le même que celui d’un bateau à propulsion thermique ou même plus facile avec l’électricité qui favorise une maniabilité et une facilité plus grande lors des manœuvres, une stabilité lors des accélérations/décélérations. Il y a aura tous les équipements standards, pilotes automatique et électronique, etc. L’équipage sera informé sur les spécificités du gaz et de l’électricité. Une fois en service, la maintenance du pousseur hybride GNV-électrique sera moindre qu’une propulsion thermique. Il y a moins d’usure avec la solution hybride, moins de maintenance mécanique, moins d’arrêt technique.
« Nous avons déjà avec nous deux clients majeurs. Nous continuons à prospecter pour en convaincre d’autres. Les pousseurs seront mutualisés pas dédiés à chaque client. Ce sont les barges qui sont adaptées aux besoins des clients comme pour Saint Gobain ». En termes de délai, un premier ensemble pousseur+barge est programmé pour 2021.