Les défis du transport combiné

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Le Groupement national des transports combinés (GNTC) a organisé une web conférence qui a rassemblé plus de 350 participants sur le thème « mythes et réalités du transport combiné », le 26 mai 2021. Compte-rendu.

Le Groupement national des transports combinés (GNTC) a organisé une web conférence qui a rassemblé plus de 350 participants sur le thème « mythes et réalités du transport combiné », le 26 mai 2021.

Une allocution de Jean-Baptiste Djebarri, ministre délégué aux Transports, a ouvert la conférence. Il a mis en avant l’ambition de multiplier par deux la part modale du fret ferroviaire en 2030 (soit 18 %) affirmant que « des moyens sont là pour y parvenir et rétablir la compétitivité du rail par rapport à la route ». Il est prévu 170 millions d’euros d’aides à l’exploitation dont 20 millions d’euros destinés au transport combiné. Il y a aussi 1 milliard d’euros pour la modernisation du réseau d’ici 2024 pour améliorer la circulation des trains sur certains axes, pour élargir le gabarit pour des autoroutes ferroviaires, plus particulièrement celles annoncées en juillet 2020 par le Premier ministre.

Le ministre a aussi indiqué avoir « demandé à SNCF Réseau de relancer de nouveaux accords cadre dès 2022 et de travailler à réduire les conséquences des travaux sur la circulation des trains de fret ». Il s’agit là de mesures de court terme.

Pour les moyen et long termes, « c’est le sens de la stratégie nationale pour le fret ferroviaire qui est en cours de finalisation ».

La parole aux chargeurs

Lors des échanges de la matinée, Benoît Thirion du cabinet Altermind a rappelé que le transport combiné réduit les externalités négatives du transport de marchandises avec le recours au rail sur des trajets massifs et de longue distance. Le rail diminue également les gaz à effet de serre, la congestion, les accidents, permet une moindre consommation d’énergie (4 fois moins que la route). « Multiplier par deux la part modale du fret ferroviaire d’ici 2030 représente 16 à 30 milliards d’euros d’économies d’externalités négatives ».

Selon Denis Choumert, président de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), sur la centaine d’entreprises engagées dans le programme Fret 21, la moitié ont la volonté de faire appel soit davantage au fret ferroviaire soit d’y recourir pour la première fois. Toutefois : « La performance du transport combiné n’est pas là. L’offre n’est pas là non plus. Pour les entreprises, la priorité est la réduction des émissions de CO2 et non pas la congestion ou d’autres nuisances. Pour elles, un camion décarboné peut représenter la solution alors que celle-ci représente un coût très élevé. Il faut aussi prendre en compte la pénurie de chauffeurs pour conduire les poids lourds. Il faut proposer aux chargeurs une offre de fret ferroviaire accessible et adapté, industrialisé et numérisé, avec des pré- et post-acheminements organisés. L’offre doit être adaptée à des chargeurs qui n’ont pas besoin de flux réguliers ou importants ».

Un point de vigilance de l’AUTF va être le contrat d’objectifs et de performance (COP) entre l’Etat et SNCF Réseau. « L’une des priorités va être de diminuer la dette, il faut également de la visibilité sur les investissements sur les 10 ans du contrat ».

La question des terminaux

Selon Eric Guenther, directeur commercial de Delta 3, une plate-forme performante est d’abord une infrastructure qui a besoin de connexions de qualité aux réseaux (routiers, ferroviaires, fluviaux). Elle doit pouvoir accueillir des trains complets. Il faut savoir « bien y accueillir » aussi les clients dans toute leur diversité. Par exemple, pour les chauffeurs routiers, cela passe par la lecture de plaque, des prises de rendez-vous à l’avance, etc. Elle doit proposer des services complémentaires pour la maintenance, la mise à disposition de carburants, etc. Il ne faut pas oublier les aspects manutention et leurs équipements, les activités logistiques (et le personnel) dans d’éventuels entrepôts. « C’est un écosystème où les activités de chaque acteur nourrissent celles des autres ».

Pour Christophe Régnier, directeur du terminal multimodal du port du Havre (LHTE), « le point essentiel est de faire oublier la rupture de charge, ses coûts et ses éventuels effets sur le transit time. Pour cela, il est important de gérer les flux d’information ».

Thibauld Fruitier, directeur de Novatrans et de Greenmodal, a insisté sur le besoin de davantage de flexibilité sur l’anticipation des sillons. D’autre par, pour lui, « les terminaux ont encore des capacités foncières pour accroître la volumétrie mais il y a un manque d’investissement, il faut aller vite désormais pour trouver une solution ». Il a aussi mentionné « le parc de wagons français vieillissant, là aussi, il faut investir pour le renouveler ».

L’importance de la donnée

Manuel Cordelet, directeur du développement de Lomak, a assuré : « Les terminaux de transport combiné existent, les techniques fonctionnent. Il y a des pré-requis qui permettent de passer au transport combiné sur certaines destinations. Il faut travailler avec les chargeurs sur les flux amont et aval pour qu’ils soient pendulaires. Un cadencement est organisé pour retirer les caisses mobiles. Une fluctuation des flux peut-être prévue sur l’année dans les limites de ce qui est possible pour l’opérateur ferroviaire. Il faut être compétitif et qualitatif au service des chargeurs, sans lesquels rien ne se fait ».

Pour Youness Lemrabet, pdg et fondateur d’Everysens, « le digital est un facilitateur pour accéder au transport combiné ». Il permet la mesure exacte des émissions de CO2, propose des outils efficaces et éprouvés pour la traçabilité. L’enjeu actuel est de valoriser les informations et données auprès des industriels, des chargeurs, de tous les acteurs de la chaine logistique pour que tous en tirent bénéfice.

En conclusion, Ivan Stempezinsky, président du GNTC, a indiqué : « Les entreprises sont prêtes à investir, elles n’ont pas seulement la main tendue. Elles sont innovantes, créatives. La question environnementale est transverse. Il reste à définir avec les institutionnels les priorités près d’un an après le plan présenté par la profession regroupée au sein de 4F ». L’idée est de travailler avec les pouvoirs publics à un plan d’actions qui listerait les priorités et définirait un calendrier.

L’intégralité de la web-conférence se retrouve sur le site web du GNTC.

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