« Le projet a été lancé en 2013, la décision prise en 2015, la construction entamée en 2017 sur la plate-forme Piicto. Jupiter 1 000 est une installation de recherche avec laquelle nous expérimentons le Power to Gas qui consiste à transformer le surplus d’électricité renouvelable sous forme de gaz au pluriel, de l’hydrogène vert ou du méthane vert, pour offrir une solution de stockage. C’est de l’électricité renouvelable stockée sous forme de gaz verts qui peuvent ensuite être utilisés pour la motorisation des modes de transport fluvial et maritime, par exemple. Pour GRTgaz, ce démonstrateur, le premier de ce type en France voire en Europe, s’inscrit dans la stratégie de transition énergétique d’atteindre 100 % de gaz renouvelable d’ici 2050. Et une partie de ce gaz renouvelable sera celui produit par le Power to Gas. L’idée est de décarboner à pas cadencés car il y a l’objectif de neutralité carbone. Notre volonté est apporter notre contribution pour inventer l’énergie renouvelable de demain », explique Georges Seimandi, délégué territorial Rhône-Médtierranée de GRTgaz. Sachant que la loi prévoit des objectifs d’injection de 7 à 10 % de gaz d’origine renouvelable dans le réseau national en 2030.
Depuis février 2020, le démonstrateur de Power to Gas Jupiter 1000 est opérationnel pour la production d’hydrogène vert et son injection dans le réseau. Un gaz renouvelable remplace ainsi un gaz d’origine fossile.
« Nous ne sommes pas prêts pour le méthane vert car nous ne disposons pas encore de CO2 sur le site. La canalisation pour acheminer le CO2 est en cours de réalisation. Nous avons déjà le méthaneur. Tout devrait être opérationnel cette année 2021 », continue Georges Seimandi. Le méthane vert est obtenu à partir d’hydrogène et de CO2. L’étape de méthanation permet de relever le défi du CO2 en contribuant à son captage et à son utilisation, sans oublier que là aussi un gaz renouvelable évite un gaz fossile.
Une expérience industrielle réussie
GRTgaz coordonne le projet en partenariat avec 8 partenaires industriels français (CNR, RTE, McPhy, Leroux&Lotz, Téréga, le port de Marseille-Fos, Khimod Alcen, CEA). Le budget total du démonstrateur atteint 38,5 millions d’euros, pour un investissement de 23 millions d’euros. La part de GRTgaz est de 60,5%, celle des partenaires de 39,5%. Le projet Jupiter 1000 est co-financé par l’Union européenne via le fonds FEDER, l’Ademe par les investissements d’avenir et la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Selon Georges Seimandi : « Au-delà des aspects scientifique, technique, et économique, c’est une expérience industrielle réussie entre tous les partenaires qui seront demain les fleurons français du Power to Gas. Nous construisons les conditions favorables à l’émergence d’une filière industrielle exportatrice de technologies. Les expériences menées vont aussi servir à d’autres ». Les démonstrateurs ont vocation à éclairer les porteurs de projets industriels dans leurs choix futurs (équipements, prévisions de performance…).
Pour le responsable, la transition énergétique dans le délai imparti, « sans une énergie comme le gaz, c’est impossible ». Car tous les usages ne se prêtent pas à l’électricité. Et si c’était le cas, il faudrait énormément d’électricité (si possible décarbonée) en tenant compte aussi qu’en France, on consomme autant de gaz que d’électricité. « Le réseau de gaz existe, est disponible et s’il fournit du gaz renouvelable, c’est aussi efficace que de l’électricité décarbonée ». Une étude de l’Ademe en 2018 a montré qu’en France, il y a le potentiel pour couvrir la consommation actuelle de gaz par des gaz verts. Georges Seimandi conclut : « Il est possible de parvenir à 100 % de gaz verts en France avec le Power to Gas, avec la méthanisation des déchets, avec des technologies qui voient le jour comme la gazéification des déchets solides. Electrifier les usages et décarboner les gaz sont les deux piliers de la réussite de la transition énergétique en France ».